logo

Le Pic noir, le plus grand Pic d’Europe

pic noir 01

04 avril, dans le Nord-Est Béarn – Le Pic noir mâle.

Le Pic noir (Dryocopus martius) est le plus grand Pic d’Europe. J’adore écouter ses manifestations sonores si remarquables. Quand à le voir, c’est une autre histoire : l’oiseau est farouche! Je suis allé régulièrement à sa rencontre dans les forêts de sapins du versant nord (ombrée) des Pyrénées.

Depuis le début des années 2010, j’ai commencé à l’entendre chanter dans le Nord-Est du Béarn mais ses apparitions étaient très furtives. Depuis peu, il fait maintenant partie de mon environnement immédiat!

C’est un oiseau craintif! Vouloir absolument le photographier revient parfois à vouloir absolument le déranger. Toutes mes photos sont fortuites, les oiseaux sont venus me voir.

.

I- Présentation du Pic noir

Impossible de le confondre! Avec son plumage noir et sa calotte rouge, le Pic noir est un oiseau unique.

pic noir 14

05 avril, dans le Nord-Est du Béarn – Le même mâle vient me voir.

Le mâle présente effectivement une calotte rouge vif sur la tête du bec à la nuque, tandis que la femelle n’a qu’une tache rouge située à l’arrière du crâne. Sinon, les deux sexes sont semblables.

pic noir 11

09 mai, dans le Nord-Est du Béarn – La visite de la femelle. Vestige d’une tempête, son support est laissé spécialement pour les Pics.

L’oiseau est de grande taille, 40 à 46 cm en moyenne ; son envergure est estimée entre 65 et 70 cm, pour un poids compris entre 250 et 350 grammes environ. Le plumage est parfois teinté de brun aux extrémités des ailes.

Le bec de l’adulte, robuste et tranchant, est blanc ivoire à l’extrémité noire et celui d’un juvénile est jaunâtre à extrémité blanche. L’iris est blanc-jaunâtre pour l’adulte, gris-bleuâtre pour le juvénile. Le plumage des jeunes à la sortie du nid est plus ou moins nuancé de brun.

C’est un excellent grimpeur grâce à ses pattes courtes et trapues bien adaptées (deux doigts en avant et deux en arrière), de couleur grise. Elles sont prolongées d’ongles très durs et acérés lui permettant de se cramponner à la verticale au tronc des arbres. Les plumes raides de sa queue s’appliquent sur l’écorce sans glisser en arrière et lui servent de point d’appui.

Le Pic noir, comme l’ensemble des oiseaux de sa famille, a une particularité surprenante : l’anatomie de sa tête est complexe et très bien adaptée aux chocs sur le cerveau provoqués par les frappes violentes du bec sur le tronc. Cette tête est un véritable amortisseur. Tout d’abord, il possède un os du crâne dense et épais à l’arrière de la tête et à la base, derrière le bec. Ensuite, l’oiseau est doté de muscles bien coordonnés, qui amortissent et distribuent les chocs. De plus, le muscle de la langue, qui entoure le crâne par l’arrière, joue un rôle dans l’absorption et la distribution des vibrations. Au repos, cette langue est enroulée dans une gaine qui contourne le cerveau, le protégeant ainsi des vibrations pendant qu’il tambourine!

Son bec grandit très rapidement pour compenser l’usure. Il peut pousser de 0,1 à 0,3 mm par jour.  Le bec supérieur est plus court que son bec inférieur limitant les contraintes mécaniques subies au moment du choc.

Le chant du Pic noir devant la camera from lanaturemoi on Vimeo. Pour lancer la vidéo, cliquez dessus (Vimeo est sans publicité, contrairement à YouTube).

Au repos, il émet un cri plaintif, court, très sonore et espacé, une sorte de « ouiiiik ». On voit et entend le Pic noir adulte sur la vidéo ci-dessus, pris par mon piège photographique le 21 août : une seule note, qu’il pousse quand il est posé ou perché.

Quand il prend son envol pour se déplacer sur son territoire, il émet un cri différent tout aussi caractéristique, une espèce de « kru kru kru kru ». Son vol est rectiligne, contrairement à celui des autres Pics.

pic noir 06

pic noir 07

pic noir 08

pic noir 09

pic noir 10

29 mars, dans le Nord-Est du Béarn – Le vol du Pic noir, ici le mâle.

L’oiseau est solitaire, sauf en période de reproduction. Il n’est pas très discret : on le repère très facilement à son chant et au début du printemps, à son tambourinage très sonore.

Il tambourine beaucoup, c’est comme un chant territorial. Ce dernier peut être entendu jusqu’à plusieurs kilomètres à la ronde selon la configuration et la tranquillité des lieux. L’oiseau obtient ce bruit en frappant vigoureusement au même endroit une branche morte préalablement testée pour bien résonner avec son bec. La cadence du martèlement donne une impression de roulement due au rebondissement du bec sur le bois. Le rôle de cette manifestation très sonore est de signaler la présence de l’oiseau auprès de ses congénères.

Le tambourinage ne doit pas être confondu avec le martèlement, émis lorsque le pic travaille le bois à la recherche de sa nourriture ou pour forer sa loge : ce bruit est irrégulier et beaucoup moins puissant que le tambourinage, émis au printemps. Le martèlement est émis toute l’année.

Il est très craintif et sa vue est excellente : je ne l’ai jusqu’à présent observé que fortuitement. Son espérance de vie peut aller jusqu’à quatorze ans.

.

II- L’habitat du Pic noir

hetraie pyrénées

Fin octobre – Une hêtraie en vallée d’Ossau.

Le Pic noir affectionne les grandes forêts de feuillus mixtes et de conifères, avec beaucoup de vieux arbres d’un diamètre suffisant pout y construire sa loge et du bois mort pour y trouver de quoi se nourrir. On le verra plus loin, le Pic noir utilise des cavités creusées dans les troncs d’arbres, des loges-nids et des loges-dortoirs. La protection de son habitat protège en même temps une multitude d’autres espèces.

pic noir 03

07 octobre au soleil couchant, en moyenne montagne des Pyrénées – Un Pic noir mâle au sommet d’un sapin mort laissé en l’état.

Dans les Pyrénées, on le trouve jusqu’à 1 800 m d’altitude environ, souvent dans les forêts mixtes (hêtraie-sapinière) et dans les hêtraies pures. Il cohabite avec le Pic à dos blanc (Dendrocopos leucotos), espèce montagnarde sédentaire rare en France et localisée exclusivement dans la partie occidentale de la chaîne des Pyrénées.

hetraie sapins pyrénées 04

Fin octobre – Une hêtraie-sapinière en vallée d’Ossau.

Longtemps considéré comme un oiseau de montagne, son aire de répartition s’est agrandie et on le rencontre aujourd’hui de plus en plus souvent dans les grandes forêts de haute futaie en plaine (chênes, hêtres, châtaigniers, merisiers, pins espacés).

Son domaine vital est assez étendu et peut aller jusqu’à 500 hectares (5 km2) environ, selon la plupart des sources. Son territoire, au moment de la reproduction est bien plus réduit et ne dépasse pas la cinquantaine d’hectares  (un cercle de 400 mètres de rayon).

pic noir 02

29 mars, dans le Nord-Est du Béarn – Le Pic noir mâle sur un vieux chêne.

Apparu à la fin des années 2000 environ dans le Nord-Est du Béarn (altitude moyenne 300 m), on le trouve chez nous principalement dans les forêts de chênes et de châtaigniers, avec quelques merisiers. Sa densité est très faible et il a encore beaucoup de place pour s’installer.

paysage forêt vic bilh 01

Au mois d’avril, dans le Nord-Est du Béarn – Une forêt mixte de chênes et de pins, où le Pic noir s’est récemment installé. 

.

III- Le régime alimentaire du Pic noir

Le Pic noir se nourrit d’invertébrés vivants, fourmis, coléoptères, larves, qu’il trouve dans le bois des arbres morts ou en train de dépérir. Il happe ses proies avec sa langue gluante de longueur démesurée qu’il déploie dans les crevasses ou au fond des galeries. Il aime notamment les fourmis charpentières.

pic noir 15

08 décembre, dans le Nord-Est du Béarn – La femelle visite ce que j’ai laissé d’un Pin noir (Pinus nigra), sur lesquels les sangliers venaient se frotter et qui n’a pas survécu. Je n’en ai laissé que la base, parce qu’il menaçait de tomber.

pic noir 12

19 avril – La base du tronc est pratiquement perforé de part en part par le bec de la femelle. Il va finalement tomber, après avoir été utile.

Il descend aussi au sol pour éventrer les fourmilières et fouiller dans les vieilles souches de conifères ou dans les troncs d’arbres tombés à terre pour y trouver quelques insectes xylophages. Après son passage, le sol est jonché d’éclats de bois, qui deviendront de la sciure. En déchiquetant bois et écorces, il accélère leur transformation en humus.

Occasionnellement, il peut se nourrit aussi de fruits et de baies mais je ne l’ai pas observé.

L’oiseau creuse des arbres malades attaqués par les insectes xylophages pour s’en nourrir, une activité différente de la préparation de ses cavités de nidification dans du bois sain.

.

IV- La reproduction du Pic noir

pic noir 13

03 mars, dans le Nord-Est du Béarn – La femelle Pic noir. Un mois plus tard, je photographierai le mâle au même endroit.

Chez les Pics noirs, l’union entre les 2 partenaires ne dure que pour la saison de reproduction, de l’hiver à l’été. Le couple se forme vers la fin de l’hiver. Selon la densité de la population, il peut arriver que le même couple se reforme. Le tambourinage typique dont j’ai déjà parlé est utilisé tant par le mâle que par la femelle pour attirer un partenaire.

Les préliminaires (parades nuptiales) démarrent de bonne heure selon les conditions locales, généralement courant janvier. Ils durent environ deux mois, jusqu’à l’accouplement qui aura lieu à proximité du site de nidification choisi.

.

A partir de début mars, le mâle creuse ou rénove une cavité que l’on appelle une loge dans un grand arbre vivant et robuste (sapin, pin, hêtre, …). Il y passe du temps selon la dureté du bois, jusqu’à un mois et parfois plus. La femelle peut participer aussi. Certains oiseaux occupent les mêmes loges-nids plusieurs années consécutives.

Pour une nouvelle loge, le mâle choisit indifféremment un arbre sain (le plus souvent) ou malade qui doit répondre à certains critères :

_avoir une circonférence assez large (diamètre d’au moins une quarantaine de centimètres au niveau de la loge). Certains arbres peuvent avoir plusieurs loges d’époques différentes,

_avoir l’approche en vol dégagée,

_la partie inférieure du tronc sous la loge doit est lisse, dépourvue de branches et de végétation touffue (lierre, …) jusqu’à au moins 6 mètres de hauteur. Certaines loges peuvent être installées jusqu’à une vingtaine de mètres environ.

L’entrée de la loge est caractéristique, de forme nettement ovale avec des dimensions d’environ 8 cm de largeur pour 12 à 14 cm de hauteur.

Pour une nouvelle loge, la première étape consiste à creuser une galerie horizontale dans l’arbre. L’étape suivante consiste à élargir la loge vers le bas en une cuvette spacieuse pour accueillir la future nichée. La durée de cette deuxième étape dépend de la difficulté à creuser et de l’aide apporté par la femelle ; elle peut être momentanément arrêtée et reprise l’année suivante. Certaines cavités observées dans un tronc sain ne sont en fait que des ébauches horizontales de futures loges-nids.

En résumé, le Pic noir aime creuser les troncs des  arbres. A la période de la reproduction, il a fortement tendance à revenir aux arbres qu’il a déjà travaillés. Il façonne et occupe plusieurs loges sur son territoire :

_certaines sont de simples ébauches où à des degrés divers d’avancement ; elles sont particulièrement nombreuses au voisinage des loges-nids et dans les lieux où se déroulent les parades nuptiales.

_il occupe des cavités différentes pour nicher et pour dormir,

_Madame et Monsieur font « chambre » à part,

_la loge-nid peut être nouvelle ou une ancienne rénovée (si l’intérieur n’a pas trop souffert ou si la profondeur est toujours acceptable pour élever une nichée).

Une fois terminée et aménagée de matériaux divers (copeaux, sciure de bois), la loge-nid fournira un abri contre les intempéries et les prédateurs à quatre pattes comme la Fouine (Martes foina) et la Martre des pins (Martes martes).

.

pic noir 05

pic noir 04

09 mai, dans le Nord-Est du Béarn – La visite de la femelle Pic noir. A cette date, le mâle (photographié au même endroit le 05 avril) est au nid, à couver ou réchauffer les oisillons.

La ponte a lieu de la mi-avril à la mi-mai, quatre œufs généralement, couvés 12 à 14 jours par les deux conjoints à tour de rôle ; ils se relèvent à l’extérieur du nid.

A leur naissance (au cours du mois de mai), les oisillons nus restent en compagnie de l’un des parents qui se relaient au nid pendant une quinzaine de jours. Ils sont nourris avec des aliments avalés puis directement régurgités à tour de rôle par les adultes dans leur bec, dans l’obscurité de la loge.

Après 2 semaines environ, les oisillons restent seuls au nid. Après 3 semaines, ils sont capables de grimper le long de la paroi de la loge et les adultes poursuivent la becquée en restant partiellement à l’extérieur. Les oisillons bien emplumés vont rapidement sortir la partie supérieure du corps hors de la loge pour réclamer la becquée. On peut déjà identifier leur sexe à l’étendue de la calotte.

Courant juin, au bout de +/- quatre semaines, les jeunes prennent leur envol en compagnie d’un parent et resteront encore quelque temps en sa compagnie, chaque prenant en charge de son côté une partie de la progéniture.

Ils se disperseront définitivement courant de l’été, jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres en général, voire davantage.

Il n’y a qu’une seule nichée par an ; en cas d’échec de la reproduction, une ponte de remplacement peut avoir lieu. Mâles et femelles peuvent se reproduire dès l’âge d’1 an.

.

V- Quelques mœurs du Pic noir

Le Pic noir est sédentaire. Hors période de reproduction, l’oiseau mène sa vie en solitaire. Il passe ses nuits dans une loge-dortoir, qui est le plus souvent l’une de ses anciennes loges. Il arrive approximativement à son refuge nocturne aux heures du coucher du soleil et en repart au lever. Ces heures peuvent être décalées selon les conditions de luminosité qui diminuent prématurément par mauvais temps. Son arrivée à la loge est souvent bruyante, accompagnée de ses cris caractéristiques.

Il peut séjourner de longues périodes dans sa loge-dortoir, sauf s’il y est dérangé (tentative de prédation, dérangement humain, etc.).

.

VI- Le Pic noir, une espèce clé de voûte

Il fait partie des espèces appelées clé de voûte. En écologie, ce sont les espèces dont la disparition compromettrait la structure et le fonctionnement d’un écosystème. Elles sont caractérisées par la qualité, le nombre et l’importance des liens qu’elles entretiennent avec leur habitat et les autres espèces. L’arrivée de Pic noir dans un nouvel environnement est bénéfique! Il permet à de nombreuses autres espèces de s’installer et coexister à ses côtés.

Abandonnées par l’oiseau, ces loges spacieuses que seul le Pic noir est capable de creuser ne restent pas systématiquement vides. Elles sont utilisées par nombre d’espèces comme garde-manger, pour se reposer ou se reproduire.

Dans les Pyrénées, les loges inoccupées servent par la suite d’abris en particulier à certaines chauves-souris forestières (Oreillard montagnard, Oreillard brun, …) et à la rare Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus).

Plus généralement, d’autres espèces cavernicoles sont concernées telles que le Pigeon colombin (Columba oenas, seul colombiforme à nicher presque exclusivement en cavité), la chouette hulotte (Strix aluco), le Choucas des tours (Coloeus monedula), la Sitelle torchepot (Sitta europaea, après en avoir réduit la taille de l’entrée aux dimensions de son corps), l’Etourneau sansonnet (Sturnus vulgaris), la Huppe fasciée (Upupa epops),etc.,  ainsi que des mammifères comme la Martre des pins (Martes martes), la Fouine (Martes foina), le Loir (Glis Glis), l’Ecureuil roux (Sciurus vulgaris), etc.

.

VII- Quelques informations sur la population du Pic noir

Son statut de conservation en Europe était jugé favorable en 2004 (Birdlife international) mais je n’en sais pas plus. En 2004, il nichait en France dans presque toutes les régions. D’espèce majoritaire en montagne, il est devenu aussi une espèce de plaine à partir du début des années 1950. Les causes de cette expansion récente restent inconnues. Ce n’est pas une espèce spécialement menacée et surveillée.

.

VIII- La protection du Pic noir 

Le Pic noir est protégé en France (article 1 et 5 de l’arrêté modifié du 17/04/81), inscrit à l’annexe I de la Directive Oiseaux ainsi qu’à l’annexe II de la convention de Berne.

hetraie sapins pyrénées 01

Fin octobre, en vallée d’Aspe – Il est important de laisser des arbres morts debout, comme seuls que l’on aperçoit au premier-plan.

Des mesures ont été prises également en faveur de son habitat, en particulier pour les coupes de bois de haute futée. Je me suis à plusieurs reprises posé la question du marquage de certains troncs d’arbre en montagne avec un triangle renversé. L’écriture de cet article m’a apporté la réponse que je n’avais pas vraiment cherché :  Le triangle inversé jaune ocre signifie qu’il s’agit d’un arbre réservé pour la biodiversité. Mort ou avec des cavités et fissures, il est laissé pour devenir un refuge pour d’autres espèces (insectes, champignons, oiseaux…) qui s’en servent comme habitat ou nourriture.

Une bonne initiative pour le Pic noir et toutes les espèces associées, mais il y en a d’autres tout aussi intéressantes pour sa préservation dans les forêts exploitées, comme la conservation de certains îlots de vieux bois et de bois mort. Les Pics ont aussi besoin de zones de repli telles que des réserves forestières pour couver sans être dérangés par l’exploitation mécanique.

Ces oiseaux permettent également d’identifier les arbres contaminés par les insectes. Ils peuvent alors jouer un rôle dans la régulation des populations d’insectes parasites des forêts.

.

IX- Les autres espèces de Pics

9-1 Les Pics en France

Les Pics sont des oiseaux de la famille des picidés. En France, il existe 10 espèces de Pics, toutes protégées : le Torcol fourmilier (Jynx torquilla), le Pic cendré (Picus canus), le Pic vert ou Pivert (Picus viridis), le Pic épeiche (Dendrocopos major), le Pic épeichette (Dendrocopos minor), le Pic mar (Dendrocopos medius), le Pic à dos blanc (Dendrocopos leucotos, uniquement dans les Pyrénées occidentales), le Pic tridactyle (Picoides tridactylus), le Pic de Sharpe (Picus sharpei) et, bien sûr, le Pic noir (Dryocopus martius). 

Ils sont visibles principalement en forêt, certains dans les prairies, dans les vergers mais aussi dans les parcs et les jardins. Toutes ces espèces sont sédentaires hormis le Torcol fourmilier qui migre en Afrique à partir du mois d’août. Tous les pics ne tambourinent pas ; le Pic vert et le Pic mar ne le font que rarement, ou pas du tout.

9-2 Les Pics dans les Pyrénées

hetraie sapins pyrénées 03

Mi-juin, région de Gavarnie (Hautes-Pyrénées) – Une hêtraie sapinière au premier-plan.

Huit espèces sont présentes : le Torcol fourmilier (en plaine et jusqu’à 1 400 m dans les Alpes), le Pic vert et le Pic épeiche (jusqu’à 1 800 m environ), le Pic épeichette et le Pic mar (dans les chênaies et châtaigneraies jusqu’à 800-850 m environ), le Pic à dos blanc (montagnard jusqu’à 1 800 m environ ; une monographie de Jean-Louis Grangé sur le Pic à dos blanc (Numéro spécial Alauda- 90 (1) 2022) vient de paraître en 2022, voir le site de gopa-pyrenées), le Pic de Sharpe et … le Pic noir (jusqu’à 1 800 m environ).

Deux espèces ne sont présentes que dans les Pyrénées : le Pic à dos blanc et le Pic de Sharpe.

Les espèces absentes sont : le Pic cendré, le Pic tridactyle.

Très ressemblant au Pic Vert, le Pic de Sharpe n’a été découvert dans les Pyrénées occidentales que tardivement, vers 1960-1970 (voir GOPA – Le Pic de Sharpe dans les Pyrénées occidentales, de Jean-Louis Grangé). Venant de la Péninsule ibérique, il est présent dans le sud du Languedoc-Roussillon et l’ouest des Pyrénées. Des zones de contact existent avec le Pic vert et il y a d’après certains auteurs une étroite zone d’hybridation avec des oiseaux aux plumages intermédiaires. Il semble plus inféodé aux forêts de montagne (jusqu’à 1 800 m environ) et aux fonds de vallée, où le Pic vert est présent à la faveur du bocage. On le différencie du Pic vert entre autres par l’absence de noir autour de l’œil et sur les joues ; la ligne noire autour de la moustache rouge du mâle est très fine, souvent invisible de loin.

9-3 Les Pics dans le Nord-Est du Béarn

paysage forêt vic bilh 02

Début mai, dans le Nord-Est du Béarn – Le Pic noir séjourne ici. Les arbres de haute futaie séparant les parcelles sont propices à la nidification de nombreux rapaces comme la Buse variable et le Milan noir.

Les plus communs sont le Pic vert et le Pic épeiche. Le Pic épeichette semble peu courant, ainsi que le Torcol fourmilier (je ne l’ai observé qu’une seule fois, en migration postnuptiale tardive).

Le Pic mar a été signalé présent dans le Nord-Est du Béarn sur la revue du GOPA – Le Casseur d’Os (Vol. 4, n°2 Octobre 2004), sur un site peuplé de chênes de la commune de Lespielle. L’espèce est supposée avoir été plus florissante dans cette région quelques décennies plus tôt. L’exploitation n’ayant laissé que très peu de vieux bois, l’espèce était alors en voie de disparition. Le Pic mar n’est plus signalé aujourd’hui, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y est plus.

Le Pic vert ou Pivert

 dsc7331 1

02 juillet, dans le Béarn – La femelle et un de ses deux juvéniles, sur le « perchoir » dédié aux Pics.

Il ne tambourine que rarement (voire pas du tout) et apprécie particulièrement les vergers. Il peut y trouver de vieux arbres où nicher, et assez d’espace au sol pour se nourrir. En effet et contrairement aux autres pics, le Pivert se nourrit au sol où il cherche des fourmis qu’il capture avec son long bec et sa langue collante.

pic vert femelle et juveniles

02 juillet, dans le Béarn – La femelle entourée de ses deux juvéniles.

Le mâle a une moustache rouge, noire chez la femelle. Le juvénile n’a pas de moustache ou à peine marquée ; la quasi-totalité de son plumage est marqué de stries, barres et mouchetures.

pic vert juvenile mâle

27 juin, dans le Béarn – Juvénile mâle (moustache rouge légèrement marquée). 

pic vert juvenile femelle

02 juillet, dans le Béarn – Juvénile femelle (moustache noire légèrement marquée). 

L’entrée de la loge creusée dans du bois tendre est ronde, 6 à 7 cm de diamètre. Comme le Pic noir, il émet deux chants différents, posé et en vol.

Le chant du Pic vert en vol (enregistré au téléphone portable – Monter le son si nécessaire).

.

Le Pic épeiche

pic epeiche juvenile

19 juillet, dans le Béarn – Pic épeiche juvénile, avec sa calotte au rouge plus étendu.

Sa tête porte une calotte noire avec une tâche rouge sur la nuque du mâle, absente chez la femelle. Quant au juvénile, il a une calotte rouge bordé de noir sur les côtés avec un rouge plus étendu et plus vif chez le mâle ; on peut le confondre avec le Pic mar.

Le Pic épeiche – Mâle, femelle et juvénile from lanaturemoi on Vimeo. Pour lancer la vidéo, cliquez dessus (Vimeo est sans publicité, contrairement à YouTube).

loge pic épeiche

La loge du Pic épeiche dans le tronc lisse d’un châtaignier, hauteur 3m80.

C’est le plus fréquent des pics. L’entrée de sa loge est ronde et bien plus petite que celle du Pic noir, 5 cm de diamètre environ. Il émet un seul chant, sonore et percutant sur une seule note, une espèce de « tik » que je n’ai pas encore enregistré.

29 septembre – Les tambourinages de plusieurs Pics épeiches qui se répondent, sur fond de cloches du village.

29 septembre – Variations autour du tambourinage d’un même Pic épeiche au bord d’un ruisseau, qui semble rechercher la bonne sonorité.

29 septembre – Le martèlement, bien plus discret que le tambourinage, d’un Pic épeiche à la recherche de sa nourriture (enregistrements au téléphone portable – Monter le son si nécessaire).

.

X- Bibliographie consultée

_ Guide des oiseaux – Sélection du Reader’s Digest (1971)

_ Les Oiseaux nicheurs d’Europe – Paul Géroudet et Paul Barruel (Deuxième volume – Editions Silva Zurich – 1958)

_ Revue Forestière française N°1 – L’activité du Pic noir en forêt par M. CUISIN I.N.R.A (Janvier 1967) : https://hal.science/hal-03390021/document

_ Groupe Ornithologiques des Pyrénées et de l’Adour GOPA – La Casseur d’os vol. 10 – 2010, pp. 80-96 – Caractérisation des sites de nidification du Pic noir Dryocopus martius dans les Pyrénées occidentales : http://www.xn--gopa-pyrnes-ibbb.fr/wp-content/uploads/2020/01/GOPA_vol10_picnoir.pdf

_ GOPA – Le Pic Mar dans les Pyrénées occidentales, de Jean-Louis Grangé, François Ballereau et Jean-Marc Fourcade : http://www.xn--gopa-pyrnes-ibbb.fr/wp-content/uploads/2014/09/Doc1PicMarVol4n2.pdf

_ GOPA – Le Pic de Sharpe dans les Pyrénées occidentales, de Jean-Louis Grangé : http://www.xn--gopa-pyrnes-ibbb.fr/wp-content/uploads/2020/01/Pic_Sharpe.pdf

_ Parc national des Pyrénées – Le Pic noir : https://www.pyrenees-parcnational.fr/fr/des-connaissances/le-patrimoine-naturel/faune/pic-noir

_ Cahiers d’Habitat « Oiseaux » – MEEDDAT- MNHN – Fiche projet Pic noir : https://inpn.mnhn.fr/docs/cahab/fiches/Pic-noir.pdf

_ Oiseaux.net – Le Pic noir : https://www.oiseaux.net/oiseaux/pic.noir.html

_ Les pics colorés – Les espèces communes en Belgique : https://www.oiseaux-nature.be/les%20pics.htm

_ Oiseaux-birds.com – Pic noir : https://www.oiseaux-birds.com/fiche-pic-noir.html

_ Birdlife Suisse – Oiseau de l’anneau 2011 : Pic noir : https://www.birdlife.ch/fr/content/oiseau-de-lannee-2011-pic-noir

_ Le Pic épeiche : https://cpie-mayenne.org/wp-content/uploads/2020/02/2016_02_pic_epeiche.pdf

Comments ( 0 )

    Leave A Comment

    Your email address will not be published. Required fields are marked *