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Cabris et autres au pays des bouquetins

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17 juin 2023 – Un jeune cabri, âgé d’un mois environ.

Le Bouquetin ibérique est un mammifère relativement aisé à observer en Espagne, où il avait failli disparaître. Un programme de conservation au niveau national a débuté en 1950 ; il a permis de sauver l’espèce. Je n’avais encore jamais eu l’occasion de photographier de jeune cabri. Mon meilleur souvenir restait une rencontre dans les Picos de Europa, en juin 2019, où une harde d’étagnes et de cabris avait traversé juste avant le lever du jour dans les phares de ma voiture pour grimper les uns à la suite des autres le long de la paroi quasi verticale de l’autre côté de la route. A la fin du spectacle, des pierres jonchaient la chaussée.

Je suis revenu dans la Sierra de Gredos en juin 2023 avec l’espoir de faire connaissance avec quelques-unes de ces boules de poils attendrissantes mais aussi de celle de quelques lézards ibériques, nombreux dans les éboulis.

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I- La Sierra de Gredos

J’en ai fait une présentation détaillée dans une précédente publication et je mets le lien en fin d’article. En résumé, une partie de la chaîne est déclarée Parc régional de la Sierra de Gredos depuis 1996 et son accès est réglementé. En particulier, il est interdit de s’écarter des sentiers autorisés. C’est le prix à payer pour développer et préserver la biodiversité.

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La descente dans le cirque de Gredos vers la Laguna Grande (altitude 1 950 m) – En haut et à droite, le refuge Elola.

Le principal point d’accès au cœur du parc est la Plataforma de Gredos à une altitude de 1 750 m, à la fin d’une route d’une longueur de 12 km partant du village de Hoyos del Espino. Elle mène à un grand parking dont l’accès est payant et restreint en période d’affluence, dès le mois de juin. C’est l’un des endroits les plus importants du Parc régional. Un placier optimise les possibilités de se garer et je trouve personnellement que c’est une bonne initiative.

Il n’y a pas de quoi s’en étonner : un système payant équivalent a été mis en place chez nous pour la saison 2023 en vallée d’Ossau pour les parkings de Bious-Artigues (01 juin au 30 septembre, avec barrière fermée de 19h00 à 7h00). Des placiers optimisent aussi la place, maintiennent le site plus propre et conseillent les randonneurs. On ne peut plus sortir son véhicule après 19h00. Le bivouac, les feux et les camping-cars sont interdits. Il reste encore des problèmes d’incivilités à régler, passé 19h00 (fêtes nocturnes, tas de déchets, …). Pour avoir observé l’avant / l’après, j’ai vraiment eu l’impression d’un retour un peu plus normal à la Nature, où tout le monde a sa place après avoir modéré son comportement.

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II- Le reportage en photos de ma rencontre avec les cabris … et autres

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Un Bouquetin ibérique mâle sur sa cinquième année. 

Les photos qui suivent sont, pour certaines d’entre elles, équivalentes à des portraits. Suite à mon précédent article où j’exprime mon ressenti sur les comportements pendant le brame du cerf, cela pourrait me faire prendre en défaut sur le sujet de l’approche des animaux. Mais, en fait, ce n’est pas un hasard si ces deux publications sont aussi proches.

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2-1_ L’utilisation d’un super-téléobjectif pour les cabris 

J’ai utilisé pour ces photos animalières ce que l’on appelle un super-téléobjectif, monté sur un boîtier APS-C. Dans le domaine de la photographie, on ne peut pas parler de grossissement d’un objectif comme on le fait pour une paire de jumelles ou un télescope. Le sujet est plus complexe et il fait débat.

Le champ de vision de l’œil humain est très large latéralement mais il n’est pas net partout. Si on regarde fixement et si on ne considère que ce que l’on voit nettement et sans déformation de perspective, le champ de vision est réduit à un faisceau central. On ne voit nettement tout ce qui nous entoure qu’en balayant sans arrêt la scène avec nos yeux.

Pour capter avec un appareil photo à peu près l’équivalent de la perception réelle de la scène par l’œil humain (proportions, perspectives, netteté), on utiliserait une focale de 50 mm avec un capteur plein format et 35 mm avec un capteur APS-C. Il n’y a aucune rigueur scientifique dans ces choix, ce n’est qu’une approximation!

J’ai utilisé pour les photos qui suivent une focale allant jusqu’à 600 mm ce qui correspondrait, pour donner un ordre d’idée,  à « un grossissement allant  jusqu’à 600 / 35 : 18 fois environ ».

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2-2_ La proximité avec les cabris

Même si j’ai utilisé un téléobjectif, les animaux sont quand même relativement proches. Le Bouquetin ibérique (Capra pyrenaica) est un mammifère placide, peu farouche. Il en est de même dans tous les massifs et il en est aussi de même pour notre Bouquetin des Alpes (Capra ibex). C’est d’ailleurs ce qui a failli amener les bouquetins à disparaître, quand on a inventé les armes à feu. Notre Isard (Rupicapra pyrenaica) est bien plus farouche.

Le bouquetin a sa zone de sécurité, à l’intérieur de laquelle il sera dérangé. Il va se mettre sur le qui-vive et peut s’éloigner. Il est donc très important de l’approcher en douceur, sans faire de bruit ni de geste brusque et avec des pauses pour observer son comportement. Il faut qu’il s’habitue à cette présence progressive. Il sera contre-productif de vouloir le contempler de très près.

Au moindre signe d’inquiétude de sa part, on s’arrête ; surveiller en particulier la position des oreilles qui en disent long sur le ressenti de l’animal. Il faut garder en tête que malgré son côté placide, il reste un animal sauvage qui n’a rien à voir avec les chèvres domestiques des parcs animaliers.

Il adapte son comportement à son environnement. Dans la Sierra de Gredos, le bouquetin est chassé à l’approche. On imagine alors aisément qu’il sera plus difficile à observer dans les zones non protégées.

Dans le Parc régional, il mène une vie assez paisible et la présence de l’homme en période estivale lui est plutôt familière, avec le risque de le dénaturer. Je me permets de le dire car j’ai assisté à une scène qui m’a fortement déçu!

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Sans commentaire?

Un seul, quand même : j’ai du mal à comprendre pourquoi certaines personnes en montagne, malgré toutes les recommandations que l’on peut lire et entendre un peu partout, continuent à polluer le comportement de la faune sauvage. On en a un bel exemple dans nos Pyrénées avec les Marmottes!

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2-3_ La rencontre avec les cabris … et autres

Le Bouquetin ibérique ou Cabra montés de la Sierra de Gredos est de la sous-espèce Capra pyrenaica victoriae. Cette sous-espèce a été réintroduite à partir de 1990 dans la Sierra de Guadarrama (à proximité de Madrid) à partir d’individus prélevés dans la Sierra de Gredos et dans la Réserve nationale de chasse de Batuecas (Salamanque, fondée avec des animaux de Gredos au début des années 80).

Ce sont des individus prélevés dans la Sierra de Guadarrama qui ont permis d’introduire à partir de 2014 le bouquetin dans nos Pyrénées (où la sous-espèce d’origine pyrenaica avait disparu en 1910).

La traduction en espagnol des espèces abordées est notée en vert.

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Depuis le sentier menant à la Laguna Grande – La vue en arrière vers la Sierra de Gredos, dans la direction du refuge de Reguero Llano.

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Mon premier bouc, un adulte dont les cornes commencent à se torsader en lyre ; il est, je suppose, sur sa quatrième année. Son poitrail et la face antérieure de ses pattes ont commencé à noircir.

Le mâle bouquetin a des cornes plus grandes que la femelle ; leur taille varie de 60 à 90 cm environ et torsadée en lyre pour l’un, jusqu’à une vingtaine de centimètres environ et droite pour l’autre. Il a une barbichette dont l’importance grandit avec l’âge. La couleur de son pelage passe du brun roux au gris clair sur le haut des flancs, gris sombre allant jusqu’au noir profond sur l’échine, le bas des flancs, la face antérieure des pattes, le poitrail et le front (source : bouquetin-pyrenees.fr).

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Mon premier cabri, …

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…, avec sa mère à proximité, une étagne.

L’étagne et le cabri ont un pelage uniforme roux. Il m’arrive parfois d’avoir du mal à faire la différence de loin entre une étagne et un jeune mâle ; la présence du cabri lève de suite le doute. Pour les deux sexes et comme pour d’autres mammifères dont l’isard, le chevreuil etc., le pelage prend une couleur plus sombre et il est plus épais pendant la saison hivernale.

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Il fait plutôt chaud aujourd’hui. Deux mâles, dont un éterlou (mâle sur sa 2ème année) à droite ; celui de gauche doit être sur sa 3ème année. Les boucs vivent en groupe, à part des étagnes, de leurs cabris et des éterles (femelles sur leur 2ème année). Les groupes de femelles avec leurs jeunes s’appellent des chevrées.

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Un mâle sur sa troisième année.

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Deux autres mâles sur leur troisième année.

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Le groupe s’éloigne, manifestement dérangé (je ne suis pas tout seul à randonner).

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La sieste au soleil d’un bouc déjà âgé! 

L’étendue des zones sombres du pelage, qui augmente avec l’âge jusqu’au noir profond chez les mâles très âgés, constitue un critère de détermination de l’âge.

De même, un œil exercé pour un environnement donné peut estimer l’âge approximatif d’un bouquetin en fonction des stries de croissance des cornes et de leur longueur.

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Les oiseaux sont très nombreux. Je leur ai consacré une première publication avec la Gorgebleue à miroir ou Pechiazul (Luscinia svecica), dans laquelle ne paraissaient pas les deux oiseaux migrateurs suivants, estivaux :

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Le Traquet motteux ou Collalba gris (Oenanthe oenanthe), ici un mâle.

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La femelle.

Le Traquet motteux est un migrateur qui fréquente plutôt un habitat montagnard.

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L’Aigle botté ou Águila calzada (Hieraaetus pennatus), ici la forme claire. De la taille d’une Buse variable, c’est le plus petit des aigles.

Les autres rapaces que l’on peut observer selon la période de l’année sont l’Aigle royal ou Aguila real (Aquila chrysaetos), le Circaète Jean-le-Blanc ou Aguila culebrera (Circaetus gallicus), l’Aigle impérial ou Aguila imperial ibérica (Aquila adalberti), le Vautour percnoptère ou Alimoche (Neophron percnopterus), l’Autour des palombes ou Azor común (Accipiter gentilis), le Vautour fauve ou Buitre leonado (Gyps fulvus), le Vautour moine ou Buitre negro (Aegypius monachus), le Busard cendré ou Aguilucho cenizo (Circus pygargus), l’Épervier d’Europe ou Gavilán (Accipiter nisus), le Milan noir ou Milano negro (Milvus migrans), le Milan royal ou Milano real (Milvus milvus), la Chouette hulotte ou Cárabo común (Strix aluco), …

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Un portrait rapproché de l’Accenteur mouchet ou Acentor común (Prunella modularis). 

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Lors de mon précédent passage, ils étaient là par dizaines et se soulevaient presque à chaque pas pour se reposer juste à côté. Je n’avais pas encore vécu un tel moment privilégié ailleurs et j’avançais lentement sur le sentier pour les laisser vivre leur vie. Aujourd’hui, ce mâle s’égosille encore et son chant est très mélodieux.

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Le Parc régional abrite plusieurs espèces de grenouilles :

_ la Grenouille ibérique, Grenouille à longues pattes ou Rana patilarga (Rana iberica). La couleur est très variable, étant principalement vert olive, brun rougeâtre ou grisâtre, parfois avec des marques plus foncées. Elle est endémique du Portugal et du nord-ouest et du centre de l’Espagne. C’est une espèce de montagne, observée à des altitudes allant jusqu’à 2 425 mètres. Les mâles n’ont pas de sacs vocaux externes.

_ la Grenouille de Pérez ou Rana común (Pelophylax perezi). Elle présente une coloration verte et brune très variable, avec des taches noires, avec une ligne vertébrale verte plus claire et sans la tache temporale caractéristique des grenouilles brunes. Le tympan est bien visible et les plis glandulaires dorsolatéraux sont modérément développés. Les mâles ont des sacs vocaux grisâtres. C’est une espèce strictement aquatique endémique de la péninsule ibérique et du sud de la France, présente jusqu’à près de 2 400 m d’altitude.

_ la Grenouille rousse ou Rana Bermeja (Rana temporaria). Je lui ai consacré une publication sur sa présence dans les Pyrénées, en bibliographie. Elle vit également en milieu montagnard dans les lacs et les cours d’eau et elle peut atteindre jusqu’à 3 000 m d’altitude ; elle se rencontre également fréquemment loin de l’eau. Les mâles ont un sac vocal interne qui se gonfle sous la gorge ; leur chant est de faible portée.

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Un petit ruisseau descend des hauteurs en cascades,… et alimente, dans une prairie, 2 bassins successifs où de nombreuses grenouilles sont en pleine période de reproduction. Les mâles coassent à tue-tête.

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Prado de las Pozas (altitude 1 921 m) – La Grenouille de Pérez ou Rana común (Pelophylax perezi).

Le Parc régional abrite aussi deux espèces endémiques d’amphibiens (anciennement appelés batraciens). La première est un urodèle (salamandres, tritons gardant leur queue à l’âge adulte), la Salamandre de l’Almanzor ou Salamandra del Almanzor (Salamandra salamandra almanzoris) qui présente des individus de couleur presque noire et avec très peu ou pas de taches jaunes ; les individus sont plus petits que la sous-espèce nominale et ont la queue comprimée.

L’autre est un anoure (grenouilles et crapauds, sans queue à l’âge adulte), appelé le Crapaud commun de Gredos ou Sapo de Gredos, longtemps considéré comme une sous-espèce du Crapaud commun (Bufo bufo gredosicola). Cependant, le Crapaud de Gredos est considéré depuis 2013 comme une variante de montagne du Crapaud épineux Bufo spinosus et les publications ne sont pas à jour. Le Crapaud épineux (Bufo spinosus) longtemps considéré comme une sous-espèce du Crapaud commun (Bufo bufo) est devenu en 2013 avec les progrès de la génétique une espèce à part entière. Aujourd’hui (2023), Bufo bufo n’est présent qu’au nord d’une ligne Basse-Normandie-Alpes Maritimes ; au sud de cette ligne, Péninsule ibérique comprise, on a affaire à Bufo spinosus. La dénomination Bufo spinosus gredosicola que je vois sur certaines photos n’est présente à ma connaissance dans aucune publication scientifique ; elle est discutable.

Parmi les autres anoures, on trouve le Pelobate brun ou  Sapo de espuelas pardo (Pelobates fuscus), le Crapaud ou Alyte accoucheur, Sapo partero común (Alytes obstetricans), le Discoglosse de Galgano ou Sapillo pintojo (Discoglossus galganoi) et la Rainette verte ou Rana arborícola europea (Hyla arborea).

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Les lézards sont très divers et on en compte autour d’une trentaine d’espèces dans la péninsule ibérique (pour une vingtaine en France métropolitaine). La taxonomie de ce groupe a évolué fortement ces dernières années et de nombreuses nouvelles espèces ont été décrites. D’anciennes sous-espèces sont passées en espèces.

Dans la Sierra de Gredos, les lézards sont très nombreux dans les pierriers :

_ j’espérais en particulier rencontrer la sous-espèce naine de Lézard ocellé ou Lagarto ocelado (Timon lepidus depuis 2007, anciennement Lacerta lepida), endémique de la Sierra de Gredos mais il ne s’est pas montré. Il s’agit de Timon lepidus lepidus, mesurant 1/3 de moins que la forme type. On l’appelle ocellé en raison des deux ou trois rangées d’ocelles bleus qu’il présente des deux côtés. Les deux autres sous-espèces reconnues depuis 2011 sont Timon lepidus ibericus (López-Seoane, 1884) et Timon lepidus oteroi (Castroviejo & Matéo, 1998). Cela peut encore évoluer.

_ le Lézard de Schreiber, Lézard vert ibérique ou Lagarto verdinegro (Lacerta schreiberi) ; photographié ici,

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Lézard de Schreiber, Lézard vert ibérique ou Lagarto verdinegro (Lacerta schreiberi).

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Lézard de Schreiber, Lézard vert ibérique ou Lagarto verdinegro (Lacerta schreiberi). 

Cette espèce est nommée ainsi en l’honneur d’Egid Schreiber (1836-1913), un zoologiste autrichien. Elle n’est présente que dans certains massifs montagneux d’Espagne et du Portugal. Elle peut atteindre une quarantaine de centimètres, dont les 2/3 pour la queue. La femelle a une série de taches noires sur le dos qui forment deux bandes longitudinales et d’autres taches similaires, mais un peu plus petites, sur les flancs. Le mâle a un dos vert ou jaunâtre avec de fins points noirs et un ventre complètement jaune, avec des taches noires. Durant la période des chaleurs, sa gorge acquiert une très belle teinte bleutée, qui s’étend souvent sur toute la tête. Certaines femelles peuvent ne pas avoir de taches sur le dos et avoir une coloration plus proche de celle des mâles. L’absence d’ocelles bleus sur les flancs le différencie à coup sûr du Lézard ocellé.

_ le Lézard de Cyren ou Lagartija carpetana (Iberolacerta cyreni), avec deux sous-espèces I. c. cyreni (absente de Gredos) et I.c. castilliana, photographié ici,

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Le Lézard de Cyren ou Lagartija carpetana (Iberolacerta cyreni castilliana), un mâle. On les différencie des femelles à leur couleur verte. 

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Le Lézard de Cyren ou Lagartija carpetana (Iberolacerta cyreni castilliana), un mâle. 

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Le Lézard de Cyren ou Lagartija carpetana (I. c. castilliana), un mâle.

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Le Lézard de Cyren ou Lagartija carpetana (I. c. castilliana), un mâle.

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Le Lézard de Cyren ou Lagartija carpetana (I. c. castilliana), un mâle. On peut remarquer la présence d’un alignement d’ocelles bleutées sous le ventre.

Cette espèce est endémique d’Espagne et peu farouche. La sous-espèce castilliana se rencontre dans les rochers entre 1 300 et 2 500 m d’altitude dans les Sierras de Gredos, Serrota et Villafranca. L’autre sous-espèce se rencontre dans la Sierra de Guadarrama et les mâles sont moins colorés, sans les ocelles bleues.

Dans des documents qui commencent à dater, Iberolacerta cyreni castilliana était traité comme une sous-espèce de Lacerta monticola, c’est-à-dire Lacerta monticola cyreni.

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Le Lézard de Cyren ou Lagartija carpetana (I. c. castilliana), une femelle.

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Le Lézard de Cyren ou Lagartija carpetana (I. c. castilliana), une femelle.

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Le Lézard de Cyren ou Lagartija carpetana (I. c. castilliana), une femelle.

Les femelles sont de couleur brune. Mais pour compliquer les choses, certaines femelles sont aussi vertes que les mâles. Les juvéniles ont le corps marron et la queue d’un vert bleuté très brillant.

Parmi les autres espèces de lézards, on peut également trouver le Psammodrome algire ou gran Psammodromus (Psammodromus algirus) et (anciennement) le Lézard ibérique, Lézard espagnol ou Lagartija ibérica (Podarcis hispanica). Ses sous-espèces étaient très répandues dans presque toute la péninsule ibérique et dans le sud de la France mais certaines d’entre elles ont été élevées au rang d’espèces. De l’ancienne appellation, il ne reste que Podarcis hispanicus hispanicus qui ne couvre plus que la Murcie et ses alentours.

Aujourd’hui, l’espèce toujours présente dans la Sierra de Gredos est devenue le Lézard des murailles de Guadarrama ou Lagartija lusitana (Podarcis guadarramae guadarramae). Il doit son nom d’espèce en référence à son lieu de découverte. C’est un spécialiste des substrats rocheux granitiques du centre-ouest de la péninsule ibérique. Pas de roches de granit – pas de Podarcis guadarramae ! Il en existe deux sous-espèces, la première déjà citée que l’on trouve principalement dans les chaînes de montagnes du Système Central – de la Sierra del Alto Rey (Guadalajara) à l’est jusqu’à la Sierra de Guadarrama, la Sierra de Gredos et la Peña de Francia. L’autre sous-espèce, Podarcis guadarramae lusitanicus, couvre le reste de sa répartition dont le Portugal. Sans y passer trop de temps, il est difficile de s’y retrouver car ce domaine bouge beaucoup en fonction des avancées scientifiques.

Dans le Parc régional, on peut rencontrer quelques serpents dont la Vipère de Lataste ou víbora de Lataste (Vipera latastei), la Couleuvre astreptophore ou Culebra de collar ibérica (Natrix astreptophora), la Couleuvre de Montpellier ou Culebra bastarda (Malpolon monspessulanus) et la Couleuvre à échelons ou Culebra de escalera (depuis 2017, on la trouve sous Rhinechis scalaris ou Zamenis scalaris). La Couleuvre astreptophore est l’ancienne Couleuvre à collier (Natrix natrix astreptophora), passée au rang d’espèce à part entière en 2017. On la différencie de notre Couleuvre helvétique (Natrix helvetica) avec son iris rouge.

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La Laguna Grande et son refuge Elola (altitude 1 950 m). Le déversoir du lac devient la Garganta de Gredos qui rejoint le rio Tormes à Navalperal de Tormes.

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La Garganta de Gredos entame sa descente en cascades.

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Zoom sur l’une des cascades de la précédente photo.

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Environ 1 500 m en aval de la Laguna Grande, Los Pinarejos, alimenté par la Garganta de Gredos. Au milieu de la bordure du cadre à droite, on aperçoit les vestiges d’une cabane appelé localement « El aparato de Azarola », Ruinas Molino de Los Pinarejos sur la carte topo. 

En 1916, l’ingénieur Emilio Azarola a présenté pour la Unión Eléctrica Madrileña (fondée en 1912) un projet de construction d’un barrage hydroélectrique de 35 mètres de haut dans le cirque de Gredos, à la hauteur de la Laguna Grande. Le lac d’accumulation devait contenir 8 millions de m3 d’eau. Sa conduite forcée devait être à l’époque la plus grande cascade artificielle du monde. Fin 1927, Emilio Azarola est enfin autorisé à utiliser les eaux de la Laguna Grande mais l’obtention définitive de la concession est conditionnelle. En effet, certaines dispositions devront être réalisées par les acteurs du projet dans un délai d’un an (source : Gaceta de Madrid numéro 316 de 1927). Son projet complexe d’ingénierie était localement appelé « Apareto de Azarola » et très controversé. Reconnu d’utilité publique, il sera finalement (et heureusement) abandonné car son coût était exorbitant. Il en reste dans le paysage les vestiges de la cabane qui abritait Emilio Azarola lui-même, lors de ses explorations sur place.

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Une étagne, seule? Pas sûr.

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Elle est accompagnée d’un cabri.

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Elle me semble assez âgée et en fin de mue ; elle est paisible. 

Femelles et jeunes sont généralement plus farouches que les mâles.

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Le cabri est plus farouche que sa mère et disparaît régulièrement derrière ses rochers.

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Il est bien reconnaissable à sa petite corne gauche aplatie.

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Portrait de famille.

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Un jeune bouquetin est également présent.

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Il reste quand même assez prudent. Il suffit d’attendre, calmement.

J’avoue que je ne suis pas toujours à l’aise pour différencier uniquement à partir de ce genre de cliché une éterle d’un éterlou! L’épaisseur des cornes à leur base et cette série d’anneaux me font penser à un éterlou. Cependant, les éterlous sont écartés par les étagnes à la naissance des nouveaux cabris. Ils se regroupent alors entre eux, avec parfois quelques mâles un peu plus âgés. Quant aux éterles, elles restent en contact avec la chevrée.

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L’animal se laisse lui aussi photographier, tout en ruminant.

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En fait, il s’agit bien d’un éterlou, ici en compagnie de l’étagne.  On aperçoit son appareil reproducteur, encore mieux visible sur d’autres photos.

Cet éterlou ne va pas rester bien longtemps en compagnie de sa mère.

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C’est maintenant au tour d’un vieux bouc. Les mâles se laissent plus facilement approcher, en particulier les plus âgés qui restent solitaires en dehors de la période de rut.

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Sa barbichette est bien proéminente.

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 S’il rumine, cela veut dire qu’il est tranquille. S’il arrête de ruminer, mieux vaut attendre qu’il s’habitue à notre présence, sinon s’éloigner.

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Il est bien, au soleil.

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Les vieux mâles utilisent souvent leurs cornes pour se gratter. Celui-là a une particularité, maintenant bien voyante : la corne est bien fissurée.

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Le toilettage continue.

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A l’arrière-plan et dominant la Laguna Grande, los Tres Hermanitos (2 277 m) offrent de belles ascensions.

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Sur le chemin du retour, je retrouve l’étagne et une surprise m’attend. Deux cabris l’accompagnent ; elle a eu des jumeaux!

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J’aurais pu passer à côté du second cabri sans le voir ; il va disparaître derrière sa mère.

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Très vite, un cabri est capable d’évoluer sur des parois quasi-verticales. Il défie le vide. Celui-là est plus déluré que son jumeau.

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Le premier est celui de l’aller, avec sa petite corne gauche aplatie.

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On me regarde, tout en restant prudents.

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Manifestement, l’un des deux cabris est bien plus farouche que l’autre. 

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Je comprends maintenant pourquoi je n’en ai vu qu’un seul à l’aller.

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L’espérance de vie du Bouquetin ibérique est autour d’une vingtaine d’années.

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Le Bouquetin ibérique vaut la peine de s’intéresser à un tourisme qui respecte la nature, qui sache profiter de l’environnement de la montagne sans perturber la flore et la faune qui y vivent.

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III- Webographie

Mes précédentes publications sur la sierra de Gredos :

_ Le Bouquetin ibérique dans la Sierra de Gredos : https://www.lanaturemoi.com/2019/04/19/le-bouquetin-iberique-de-la-sierra-de-gredos/

_ A la rencontre du bouquetin en Espagne – Picos de Europa, sierras de Gredos, Andujar et Castril : https://www.lanaturemoi.com/2020/03/21/bouquetin-iberique-cabra-montes-espana/

_ Ma première rencontre avec la Gorgebleue à miroir – Balade ornithologique à la Sierra de Gredos : https://www.lanaturemoi.com/2019/04/21/la-gorgebleue-a-miroir/

Autres :

_ Le projet hydro-électrique dans le cirque de Gredos – Gaceta de Madrid n° 316 de 1927. Boletín Ordinario – pages 909 à 912 : https://www.boe.es/gazeta/dias/1927/11/12/pdfs/GMD-1927-316.pdf

_ Les lagunes de la Sierra de Gredos : https://www.calameo.com/books/0066995958a107897e876

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