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Le temps du brame 2023 dans les Pyrénées – Mon ressenti

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Un joli cerf 10 cors sombre que je ne connaissais pas, avec deux belles empaumures à 3 épois et sans surandouillers. Ses biches sont dans le sous-bois.

Cela fait bientôt un mois que la période du brame est terminée. Le Cerf élaphe, le roi de la forêt, a focalisé toutes les attentions pendant quelques jours : reportages, réseaux sociaux, etc. C’est le seul mammifère à susciter autant d’engouement en métropole ; le rut du chevreuil, de l’isard, du chamois, du bouquetin, etc. passent totalement inaperçus. Pourquoi? Le cerf brame et ses raires rauques et puissants nous saisissent. C’est l’animalité à l’état pur. Mais depuis quelque temps, on ne se contente plus de l’entendre ou de l’observer à distance ; on cherche également à prendre en photo ses « amygdales ».

Initialement, je n’avais pas prévu de faire de nouvelle publication à son sujet. En effet, ce rendez-vous annuel de l’automne 2023 dans les Pyrénées a été pour moi le plus discret que j’ai pu observer jusqu’à présent. De l’avis d’observateurs dans les Vosges, donc géographiquement à l’opposé, il aura été également chez eux moins intense et sonore qu’à l’accoutumée.

En cause d’après certains intervenants, des chaleurs trop élevées. Cela peut effectivement avoir un impact. Le rut est une période physiquement très éprouvante et les animaux préfèrent éviter la chaleur.

Mais ce que j’en ai avant tout retenu, c’est une accélération de la dégradation des comportements humains envers ces animaux. Avoir « fait » le brame est devenu aussi une expression de « consommateur ».

Il y a eu bien sûr le phénomène que je pensais passager de retour à la Nature d’après Covid mais j’ai le sentiment que l’on a aujourd’hui une tendance qui s’installe un peu partout dans la durée, au détriment de la tranquillité de cette espèce emblématique. J’ai eu envie d’en laisser mon ressenti.

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I- Les conditions pour le brame 2023

D’après Météo France, après un été proche des records (4è rang des étés les plus chauds constatés depuis 1900), la Métropole a enregistré le mois de septembre le plus chaud de son histoire depuis les relevés de 1900. Après une canicule inédite du 03 au 11 septembre, on a enregistré une température moyenne de plus de 3,6 degrés au-dessus de la normale, par comparaison avec la période 1991-2020.

En octobre, cela a continué ; tous les records historiques sont tombés. La première décade a été la plus chaude enregistrée en Métropole avec une anomalie de +3,3 °C et une température moyenne de 18,5 °C ; sur les maxi, l’anomalie atteint +6.4°C. Contrairement aux dernières années, il n’y a eu aucun épisode de pluie conséquente ou de neige sur les hauteurs. Ce sont dans ces conditions-là que s’est déroulé le brame. Personnellement, bien que c’est parfois préjudiciable à la qualité des souvenirs en photos, j’aime bien observer le brame « quand il fait mauvais » : moins de perturbations et animaux plus présents en journée.

Ces conditions météo favorables ont encouragé aussi beaucoup de monde à se promener en montagne, d’autant plus que dès le 11 septembre, les cèpes ont commencé à pousser. L’information a été bien relayée par les quotidiens régionaux, ce qui ne se faisait pas encore il y a peu de temps.

Pour mon ressenti du brame 2022, j’écrivais ceci : « Il deviendra nécessaire de restreindre, d’encadrer et de contrôler l’occupation de l’espace. Les excès en tous genres entraînent des nuisances et amènent déjà des mesures. Après les inquiétudes de 2021 où la fréquentation humaine a explosé avec ses dérives, j’ai constaté personnellement un petit retour au calme en 2022 ».

Voyons ce qu’il en est pour le brame 2023.

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II- Un récit en photos de comportements humains pendant le brame

En 2022, j’avais suivi un grand cerf huit cors sur une place de brame que l’on peut facilement observer de loin, sans déranger les animaux. Il était arrivé le 24 septembre, pour assurer le spectacle du rut au moins jusqu’au 07 octobre. Lors de ma visite suivante du 12 octobre, il n’était plus là, remplacé par un autre grand cerf très belliqueux sans ses bois, ceux-ci ayant été cassés juste au-dessus des pivots en se battant. J’avais des craintes pour le huit cors dont je n’ai pas pu avoir de nouvelles par la suite et qui pouvait avoir été sérieusement ou mortellement blessé par le « décoiffé ».

Cette année, j’espérais le revoir. Etait-il toujours vivant? La réponse est « oui » mais, hélas, j’ai été désappointé par les conditions de mes observations qui ne sont plus celles qu’elles étaient auparavant.

En voici le récit en photos, toutes prises avec la même grande focale qui me permet d’observer de loin sans déranger :

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2-1_ Dimanche 17 septembre

Ce soir, je suis le seul observateur sur cette place de brame fréquentée régulièrement les années précédentes par un grand mâle (pas toujours le même) et une petite harde de biches.

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19h09 – Un six cors élancé à grandes enfourchures traverse l’estive, puis rentre à nouveau dans la forêt. Il ne s’intéresse pas à la souille au premier plan.

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19h24 – Ces deux biches accompagnées de leurs faons viennent de sortir du bois. Elles sont paisibles et vont rester un long moment, au moins jusqu’à 20h00 où je les quitterai. 

Il n’y aura aucune activité particulière ce soir-là jusqu’à la tombée de la nuit, pas même un raire. Ici, il semble encore trop tôt pour le rut.

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2-2_ Mercredi 20 septembre

Trois jours plus tôt, il n’y avait encore personne dans ce vallon à mon arrivée sinon un couple assis sur un rocher au milieu de la place de brame! L’un avait une veste rouge et on le voyait « comme le nez au milieu de la figure ». Ils scrutaient les crêtes avec leurs jumelles, dans la direction de laquelle les animaux descendent habituellement en soirée. Manifestement, ils étaient des novices de l’endroit ; quelqu’un leur avait probablement indiqué où aller et d’où arrivaient les cervidés mais pas où se placer. J’aurais pu aller à leur rencontre pour leur dire mais par expérience, cela n’est pas toujours bien perçu. Je n’ai donc pas insisté.

Pendant le temps du brame, l’activité humaine est proportionnelle à l’activité du rut. Le pic d’activité de rut est plutôt début octobre et les pics d’observateurs sont généralement le vendredi et surtout le samedi.

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17h18 – Surprise : le grand cerf huit cors de l’an dernier est là, déjà en pleine activité de rut!

Je dois plutôt dire que cette année, il est un huit cors irrégulier. L’un de ses deux bois se termine sur une simple pointe mais avec un changement d’angle dans la courbure ; il semble en fait qu’un cor ne se soit pas développé. A ce détail près, il est très ressemblant au cerf de l’an dernier et j’ai peu de doutes sur son identité.

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17h18 – Le cerf est très actif,

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Les biches le promènent d’un versant à l’autre,

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Tout à gauche, un daguet de 1ère tête né au printemps 2022. Attentif à ce qui se passe, il a encore ses velours. Les cerfs dominants les éloignent généralement de leur mère au début du rut. 

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Au premier plan, le faon galope vers sa mère, importunée par le cerf. Son pelage est encore tacheté.

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Le daguet en velours, inquiété par les courses du cerf après les biches, s’est relevé et broute maintenant un peu à l’écart.

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Le cerf se dirige vers lui,

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Il s’élance à la poursuite du daguet qui ne demande pas son reste.

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Le cerf est revenu au milieu de la harde. Il pousse quelques raires de défi. 

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Ses raires s’adressent à un jeune cerf satellite, un 10 cors irrégulier à la robe sombre qui s’est rapproché des biches. Il a une petite enfourchure sur un bois et une simple pointe sur l’autre. Le grand cerf dominant l’a repéré.

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Le jeune cerf n’insiste pas et fait demi-tour. Un autre jeune cerf satellite remonte la pente vers lui.

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Le grand cerf, lui, s’est couché et se repose au milieu de la harde. 

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17h38 – Après 20 minutes d’observation, un évènement troublant est en train de se préparer sur l’estive.

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Trois photographes se dirigent vers les animaux pour les photographier au plus près.

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C’est parti, …

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Les deux jeunes cerfs se sont rapprochés l’un de l’autre pour se jauger et broutent sans se quitter des yeux, les oreilles en alerte.

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Pendant ce temps-là, le grand cerf a repris son manège,

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La biche le fait tourner en rond sur l’estive, sous le regard des autres biches couchées. Rien de bien nouveau de ce côté-là.

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17h50 – Le spectacle a des spectateurs au premier plan.

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Les deux jeunes cerfs, après s’être jaugés, ont commencé à s’affronter,

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17h53 – Les photographes continuent à se rapprocher.

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Encore plus près. Tant que les animaux ne s’enfuient pas, ils continuent leur progression.

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17h55 – Les deux jeunes cerfs s’enfuient.

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17h56 – Toujours plus près et à découvert. Si je voyais bien l’ensemble de la scène, je ne sais pas si c’était le cas pour les photographes et je ne cherchais pas à le vérifier.

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18h00 – La harde de biches s’est levée et a déjà commencé à s’éloigner vers les hauteurs alors que j’observais, intrigué, la progression des photographes.

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18h00 – Le grand cerf charge à nouveau le daguet en velours pour l’éloigner.

Inquiètes, les biches se sont regroupées en cellules familiales. En haut, faon et biche ; puis biche et bichette, faon et biche. En bas : biche avec son daguet en velours qui a rejoint à nouveau la harde, puis biche avec son faon dont seule la tête dépasse.

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18h02 – Le grand cerf a poursuivi le daguet sur quelques dizaines de mètres. Les deux jeunes cerfs sont arrivés à la hauteur de la harde et vont contourner prudemment le maître des lieux qui surveille leurs mouvements.

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18h03 – Après avoir montré son autorité, le grand cerf est revenu vers ses biches. Elles sont attentives et inquiètes ; elles regardent dans toutes les directions. Les faons sont prêts à s’élancer derrière leurs mères si elles s’éloignent. Je compterai en tout 3 biches avec un faon (dont un est encore tacheté), 1 biche avec sa bichette et une 5ème biche dont le daguet a été chassé. 

Le daguet va faire une nouvelle tentative pour se rapprocher de sa mère et va être chassé une troisième fois. A 18h14, ces treize animaux qui m’auront montré un spectacle intéressant de comportement de rut auront disparu vers les hauteurs, dans un bosquet.

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18h14 – Seul encore visible, le jeune 10 cors irrégulier va disparaître dans la végétation.

Perturbés, ils ne reviendront (s’ils reviennent) qu’à la tombée de la nuit pour rejoindre probablement leur place de brame habituelle à la faveur de l’obscurité, qui est en fait plus proche de mon lieu d’observation.

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2-3_ Dimanche 24 septembre

Il est 17h45 et le même jeune cerf satellite à la robe sombre, le 10 cors irrégulier, est déjà au fond du vallon. Il est seul. Après avoir brouté, il se repose au soleil. En discutant avec un photographe qui vient régulièrement ici en vacances pour le brame, j’apprendrai que ce cerf était présent aussi la veille mais pas le grand cerf avec sa harde.

C’est ce que j’apprécie ici. On y fait des rencontres intéressantes et on peut échanger ses impressions tout en restant discrets. Pendant que nous discutions, nous remarquons un groupe de trois personnes qui remonte le versant de la montagne, à l’écart de la place de brame. Ils vont se positionner sur la crête pour avoir la vue sur le vallon voisin. Ce n’est pas très bon pour nos observations car les animaux descendent le soir le plus souvent sur ce versant. On verra bien.

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18h48 – Le grand cerf huit cors vient d’apparaître sur la crête et commence à descendre dans notre vallon, poussant devant lui 2 biches (peut-être la biche et sa bichette de mercredi dernier).

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18h48 -L’apparition va durer moins d’une minute. Les animaux ont fait demi-tour, les oreilles dirigées vers le groupe des trois personnes qui sont bien en vue. Ils repartent aussitôt dans le vallon voisin, bien plus tranquille.

Ce sera le seul évènement marquant de la soirée, pas très encourageant pour les jours à venir.

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2-4_ Mardi 26 septembre

Ce soir, je retrouve avec plaisir au même endroit le photographe en vacances avec qui j’ai conversé il y a deux jours. Hier, il n’est pas revenu ici et je n’aurai donc pas de nouvelles.

A 18h27, quatre biches et bichettes accompagnées d’un faon apparaissent sur les hauteurs dominant la place de brame. Elles broutent sous la surveillance d’une meneuse aux abois.

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La situation bouge peu. Manifestement, les biches ne sont pas prêtes à descendre et il n’y a aucun cerf visible dans les environs. Seuls deux chevreuils (brocard et chevrette) se manifestent sur les hauteurs.

Ces biches ont peut-être été déjà couvertes par le mâle, ce qui pourrait expliquer son absence ; je ne sais pas trop qu’en penser. Il ne va manifestement pas se passer grand chose et je retrouve un peu plus tard le grand huit cors pas très loin de là, paisible, dans le vallon voisin.

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19h36 – Le grand huit cors en train de se reposer, seul. Ici, il risque beaucoup moins d’être dérangé.

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2-5_  Lundi 02 octobre

Six jours ont passé depuis ma dernière visite à cet endroit et nous sommes maintenant en pleine période de brame. Aujourd’hui, la place est désespérément vide, à part les deux chevreuils habitués. Un monsieur arrive après moi et après un moment d’attente toujours infructueuse, je m’approche de lui pour discuter. Nous échangerons un bon moment. Il suit le brame à divers endroits dans les Pyrénées depuis 1988 : la fréquentation humaine a beaucoup augmenté ces derniers temps et il y a des endroits où il ne va plus ; il devient difficile, pour lui aussi, de voir des animaux de jour. Cela fait plusieurs années qu’il n’était pas venu ici et il va être déçu.

Pendant que nous discutions, j’ai remarqué qu’un buisson bougeait de temps en temps et j’ai fini par prendre mon téléobjectif. Le buisson bouge encore et je zoome : en fait, c’est la tête d’un gars planqué qui se redresse de temps en temps pour observer les environs. A l’emplacement où j’observais les biches mardi dernier! Bon, ce soir encore, c’est mal parti.

Peu après, on se sépare et j’irai définitivement voir ailleurs. Le grand huit cors est toujours vivant, c’est la bonne nouvelle. La suite ne m’intéresse plus dans ces conditions d’observation et certains vont finir par se faire remonter les bretelles.

Si on ne les laisse pas tranquilles, les biches se déplaceront ailleurs comme je l’ai déjà remarqué sur d’autres places et les mâles suivront. Ici, cette suite de comportements inappropriés que je n’avais encore jamais observés ne peut pas être due au hasard ; cette place a probablement eu récemment de la publicité et les débordements arrivent! Il y avait pourtant de quoi faire plaisir à tout le monde, pour peu que l’on respecte quelques règles de bon sens.

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III- Mon ressenti sur le brame 2023

Pour ce brame 2023, j’ai été plutôt désabusé par ces comportements humains qui ne m’avaient jamais autant sauté aux yeux et je me suis donc moins investi dans l’observation des animaux, alors que j’avais plus de temps à leur consacrer. J’ai passé la deuxième quinzaine du brame à essentiellement les écouter. J’ai fini par comprendre que les animaux sortiraient tard, peu avant ou après la tombée de la nuit quand la fréquentation humaine a diminué.

Dans les cellules familiales, je n’ai pas remarqué de déficit de présence de faons comme l’an dernier, mais plutôt celui de bichettes et daguets. Globalement, j’ai vu moins d’animaux. Cela reste cependant une remarque très personnelle, basée sur un nombre de places de brame moins important (certaines d’entre elles étant cette année vides d’animaux en soirée). J’ai quand même remarqué une certaine mollesse dans le comportement sonore des mâles. Simple conséquence de la chaleur ou sont-ils eux aussi désabusés?

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02 octobre à 19h20 – Mon lot de consommation de ce jour-là, un beau 12 cors régulier avec des empaumures à 4 épois.

J’ai eu le privilège d’entendre régulièrement les raires de ce beau 12 cors jusqu’au petit matin. La nuit est vite arrivée après cette photo. Ils étaient quatre à communiquer et celui-ci était le plus proche ; d’abord de loin en loin sur les hauteurs pour les trois autres puis de plus en plus près au fur et à mesure que la lumière s’échappait.

Raires des cerfs sur le versant de la montagne, dans l’obscurité de la nuit.

(enregistrés avec un dictaphone qui me sert pour prendre des notes).

Quand la fréquentation humaine diminue, la Nature reprend ses droits. Cette année, j’ai pu entendre pour la première fois des raires régulièrement toute la journée à plus de 2 000 m d’altitude, dans une forêt classée récemment en réserve naturelle et où on ne fait plus n’importe quoi (ou beaucoup moins). C’est mon meilleur souvenir. Il faisait très chaud ce jour-là, un 11 octobre et alors que le pic du brame était passé. Cette observation irait dans le sens qu’il ne s’agit pas uniquement d’un problème de chaleurs trop élevées (qui a sans doute une importance indéniable) pour réduire l’activité des cerfs de jour.

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03 octobre – Un joli 10 cors qui m’a fait trembler, en débouchant sans prévenir devant moi à proximité d’un sentier. Un cliché involontaire, où l’animal me regarde avec curiosité.

Le temps du brame, comme bien d’autres événements dans la nature, a gardé pour moi un caractère sacré. On dit et on redit que de la discrétion et le respect de la faune sauvage doivent toujours être de mise. Je n’ai pas de leçon à donner car il m’est arrivé de déranger involontairement un animal et de le faire fuir. Après la petite décharge d’adrénaline normale provoquée par la situation, j’ai été contrarié.

Pour garder l’esprit tranquille, il est important de respecter simplement quelques principes :

_ Etre discret dans sa tenue, ses paroles, ses gestes, …

_ Ne pas s’écarter des sentiers forestiers autorisés,

_ Rester à bonne distance des places de brame,

_ Ne pas traverser les places de brame à l’aller et au retour,

_ Arriver et partir discrètement des lieux d’observation,

_ Ecouter ou voir sans aller au contact de l’animal,

_ Avoir repéré au préalable un échappatoire discret si l’animal vient au contact.

_ Pour le reste, cela coule aussi du bon sens, comme … ne pas courir avec son téléphone portable après l’animal qui vient de disparaître dans le talweg comme je l’ai vu une fois (mais une seule) cette année, etc.

Tout en respectant la Nature et les animaux, il y a de la place pour tout le monde.

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L’afflux grandissant d’intéressés a obligatoirement des conséquences sur les mœurs des animaux. Des nouveaux venus attendent et recherchent dans la réalité le même spectacle que celui offert par les gros plans diffusés sur les réseaux sociaux. Ils sont là pour ressentir à leur tour le frisson que suggère ces photos et vidéos récoltant bon nombre de félicitations et commentaires élogieux, sans poser les bonnes questions.

Je pense que si on ne revient pas de nous-mêmes à des comportements plus responsables, des restrictions seront imposées pour la fréquentation des sites de brame aujourd’hui encore libres d’accès et où on a des chances non négligeables d’observer des animaux, de même que pour les bivouacs.

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Des solutions ont commencé à être mises en place pour encadrer cette pratique. Au Pays Basque, face au Massif des Escaliers, la Fédération des Chasseurs du 64 a mis en place depuis 2021 deux postes d’observation et d’écoute du brame pour prévenir ces risques de dérive et de perturbation des animaux (informations disponibles sur le net).

Dans toute remarque individuelle, certains y voient à tord (à mon avis) une restriction des libertés, comme j’en ai un témoignage à citer avec l’accrochage verbal entre un photographe qui avait manifestement dérangé un cerf et un préposé au comptage de cerfs au brame qui était présent à ce moment-là et qui le lui faisait simplement remarquer au passage.

Je rappelle qu’une biche n’est féconde que 24 heures environ, au cours de 2 ou 3 cycles toutes les trois semaines. Une perturbation assidue de la harde au mauvais moment peut être préjudiciable à la capacité de reproduction d’une ou plusieurs biches, … même si elles ont toute la nuit pour se rattraper.

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