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La Buse variable (Buteo buteo)

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14 décembre, dans le Béarn – Buses variables juvéniles (iris jaune pâle et plumage dorsal d’aspect écailleux).

La Buse variable est un gros rapace à la silhouette massive, très commun dans nos campagnes. Sa taille est légèrement supérieure à celle des Busards. Elle est un auxiliaire précieux de l’agriculteur, en l’aidant à lutter contre les rongeurs. Son aire de répartition s’étend sur presque toute l’Europe. 

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I- Présentation de la Buse variable

1-1_ Quelques informations sur la Buse variable

Comme son nom l’indique, le plumage de ce rapace est très variable selon les individus, allant d’une couleur très claire (jusqu’au blanc presque uniforme) à très sombre (brun foncé), avec tous les intermédiaires que l’on peut imaginer et qui dépendent aussi un peu de la classe d’âge de l’oiseau : juvénile (moins d’un an, plumage acquis à la sortie du nid), subadulte (un à deux ans, plumage mixte acquis lors de la première mue partielle au printemps suivant) et adulte (plus de deux ans, mue complète au deuxième printemps). La coloration finale de l’adulte n’a rien à voir avec son âge.

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Dans le Béarn – Une jeune buse au plumage brun clair.

La tête de la Buse variable présente souvent un sourcil pâle mieux visible chez les sujets sombres et une sorte de moustache brune oblique sous l’œil, bien visible chez les sujets clairs. La gorge blanche se hachure de brun et le haut de la poitrine brun tacheté de blanc forme un plastron. Le reste du ventre est plutôt brun. Le bec est noir avec une cire jaune autour des narines, du même jaune que ses pattes. Son iris est brun et peut se confondre avec la pupille.

Le dos est d’un ton généralement brunâtre tandis que le poitrail et le ventre sont plus ou moins panachés de brun et de blanc. La coloration globale du plumage n’est pas un critère important pour l’identification. Pour différencier les espèces de buses entre elles, on regarde les barres de la queue et le dessous des ailes.

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27 juin en Espagne, au pied des Picos de Europa – Buse variable adulte en vol.

Vue de dessous en vol, la queue de la Buse variable est plutôt blanchâtre, avec les plumes toujours plus ou moins barrées de brun et se terminant par une bande sombre plus large et bien nette. Sous l’aile, on aperçoit souvent une grande tache claire et une tache sombre au niveau du poignet.

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08 août dans le Béarn, sous la pluie. Lorsqu’elle est posée, la pointe des ailes fermées atteint l’extrémité de la queue. 

Sa taille varie entre 51 et 56 cm pour une envergure de 110 à 130 cm, les femelles étant un peu plus grandes et plus lourdes (700 à 1 200g) que les mâles (550 à 850g). A part cela, les deux sexes sont identiques. Elle peut vivre longtemps à l’état sauvage, de l’ordre de 20 à 25 ans.

Son cri ressemble à des miaulements plaintifs espacés, brefs et bien audibles. Leur modulation peut prendre un bon nombre de significations, comme c’est le cas en période nuptiale. Il est généralement poussé en vol.

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13 avril, dans le Béarn – L’envol d’une Buse au soleil couchant, d’un champ de maïs ramassé laissé au repos tout l’hiver. 

Sa vue est perçante. Farouche, elle est difficile à approcher. Alors qu’on la croit endormie, elle réagit à la moindre alerte et s’envole tranquillement.

La Buse variable a un caractère plutôt débonnaire. Elle n’agresse pas, sauf en période de reproduction où elle défend farouchement son nid contre toute approche, même celle d’un humain. On peut facilement trouver des témoignages récents de joggers agressés dans un bois à la période de nidification. Elle sait aussi se défendre. Houspillée par des corvidés, elle se retourne prestement sur le dos pour décocher un coup de serre et décourager les importuns!

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Dans les Pyrénées, en moyenne montagne (15 septembre – Altitude 1 550 m). Une Buse variable attaquée par deux Grands Corbeaux (Corvus corax), des passereaux plus grands et plus lourds que la Buse.

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1-2_ Comment reconnaître la Buse variable en vol

A distance, un œil non averti pourrait la confondre avec d’autres rapaces à la silhouette presque équivalente, comme le Milan noir ou la Bondrée apivore (deux migrateurs complets, absents l’hiver de nos contrées) et le Milan royal. Ce dernier est un migrateur partiel présent chez nous toute l’année, avec des effectifs grossis à l’automne par des populations venant hiverner depuis le nord de l’Europe.

1-2-1_ La Buse variable en vol

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27 juin, Espagne (Picos des Europa) – Une Buse variable adulte.

En vol, les ailes de la Buse variable sont d’une largeur uniforme, terminées par cinq rémiges primaires noires en forme de doigts bien marqués. La queue est courte, en forme d’éventail. Les couvertures sous-alaires sont brunes.

Chez le sujet adulte, les autres rémiges et les rectrices (plumes de la queue) blanchâtres sont terminées de brun, ce qui donne un bord de fuite sombre bien net aux ailes et à la queue. Ce bord de fuite est absent ou peu visible chez les juvéniles.

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14 avril, dans le Béarn – Le bord de fuite sombre sous les ailes, malgré les taches claires sur le dos, indiquent un adulte.

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23 juillet, dans le Béarn – Cet autre adulte à dominante claire a un bord de fuite bien net sous les ailes.

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08 août, dans le Béarn – Ici, le bord de fuite sur la queue de cet adulte est large et bien net.

Sa silhouette est très compacte. La tête est grosse et sans cou apparent ; elle ne dépasse que légèrement du bord d’attaque des ailes.

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1-2-2_ Le Milan noir en vol

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07 juin, dans le Béarn – Le Milan noir (Milvus migrans), un migrateur complet. Il arrive fin février/début mars et repart dès fin juillet.

Elle est le plus souvent confondue avec le Milan noir. Le critère le plus simple à utiliser pour les différencier est la forme de la queue : arrondie chez la Buse, triangulaire et droite ou très légèrement incurvée selon l’écartement des rectrices chez le Milan noir.

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1-2-3_ Le Milan royal en vol

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Milan royal, à la queue rousse et fourchue.

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Milan royal – Les rectrices bien écartées, la queue semble droite.

Quant au Milan royal (Milvus milvus), ce dernier a une queue rousse triangulaire et profondément échancrée. Il a aussi des grandes taches blanches au niveau des poignets, que ne possèdent pas le Milan noir.

Quand on ne voit qu’une silhouette sans les nuances apportées par les couleurs, la forme de la queue en vol peut parfois prêter à confusion pour différencier sur une seule photo les deux espèces de milans.

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1-2-4_ La Bondrée apivore en vol

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23 juillet, dans le Béarn – Une Bondrée apivore (Pernis apivorus), probablement au tout début de la migration postnuptiale (présente de début mai jusqu’au mois d’août).

On la confond aussi en période estivale avec la Bondrée apivore (Pernis apivorus).

En vol, la Buse variable porte son cou rentré dans le corps ce qui différencie sa silhouette de celle de la Bondrée apivore, qui a le cou plus étroit et une petite tête qui ressort nettement du bord d’attaque. En vol circulaire, la Buse plane les ailes levées (bord d’attaque incurvé), tendues bien droites et horizontales pour la bondrée.

La queue de la Buse variable présente 8 à 12 bandes sombres et étroites, 3 bandes bien distinctes pour la Bondrée (deux rapprochées à la base et une bande noire à l’extrémité).

Si les critères précédents ne sont pas utilisables, il existe un critère la plupart du temps suffisant en vol, sur des plumes d’adultes en bon état :

_ on considère une ligne virtuelle qui relie le bord de fuite des 2 ailes,

_ on considère la longueur de la queue jusqu’à cette ligne,

_ on compare cette longueur à celle de la base de l’aile,

_ si ces 2 longueurs sont équivalentes, il s’agit d’une bondrée,

_ si cette longueur est bien inférieure (environ 2/3), il s’agit d’une buse.

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1-3_ Comment reconnaître une Buse variable juvénile

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14 décembre, dans le Béarn – Une Buse variable au plumage à dominante blanc, juvénile (liseré blanc au bord des grandes plumes). 

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10 février, dans le Béarn – Une buse variable au poitrail blanchâtre, adulte (plumes de couverture brun uniforme, iris sombre).

Chez les juvéniles, le plumage est à dominante clair, moins uniforme que celui de l’adulte. Les plumes de couverture sont ourlées d’un liseré pâle, donnant un aspect écailleux. L’iris est jaune pâle et fait mieux ressortir la pupille. La cire du bec est d’un jaune moins vif.

En vol, le juvénile se caractérise par l’absence de la large bande noire (bien nette chez l’adulte) sur le bord de fuite constitué par les rémiges (sauf les doigts) et les rectrices. La barre terminale sur la queue est étroite, alors qu’elle est plus large et bien nette chez l’adulte.

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II- Le régime alimentaire et l’habitat de la Buse variable

C’est un prédateur opportuniste, généralement solitaire sauf en période de reproduction ou lorsque la nourriture est abondante en un endroit. Elle chasse de préférence des proies vivantes. Elle se nourrit principalement de micromammifères vivant au sol, le Campagnol des champs (Microtus arvalis) étant le plus apprécié mais aussi d’autres rongeurs. Elle s’intéresse également aux jeunes oiseaux (merles, grives, pigeons, petit gibier de repeuplement, … parfois des oisillons attrapés au nid), lapereaux, reptiles, grenouilles, insectes, aux vers de terre, etc.

L’abondance de nourriture peut amener à observer plusieurs Buses ensemble, comme à la période des labours.

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21 mai dans le Béarn, sur une parcelle qui vient d’être semée. Cette Buse a encore un plumage de couverture écailleux et je pense à un sujet sur sa 2ème année, qui n’est pas encore chargé de famille (pas pressé de ramener une proie au nid).

Elle ne fait pas bon ménage avec les propriétaires de poulaillers : en effet, elle s’intéresse aux poussins et poules naines. Elle peut aussi s’intéresser au chaton de la maison.

Elle fréquente les milieux ouverts pour chasser, généralement les campagnes cultivées avec quelques petits bois dispersés. Elle évite la forêt dense, préférant plutôt les lisières et clairières, les bosquets, les grandes haies arborées, etc. Elle évite aussi les régions de grande culture (Beauce, …) où les grands arbres sont absents.

Son terrain de chasse dépend de l’abondance de la nourriture, de l’ordre de quelques centaines d’hectares (quelques km2), qu’elle partage parfois avec d’autres congénères. Elle n’a de comportement territorial qu’au moment de la reproduction, autour de son nid.

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23 septembre, dans les Htes-Pyrénées –  Une juvénile surveillant une estive du piémont (altitude 800 m).

Elle chasse le plus souvent à l’affût, surveillant patiemment le sol immobile sur un poteau, un arbre, un piquet de clôture, une balle de paille ou une butte de terre. Elle se penche en avant, ouvre ses ailes et se laisser glisser sans bruit sur la proie qu’elle a repéré à quelques mètres de là, pattes tendues pour la saisir. Elle va ensuite la tuer avec ses griffes puissantes et acérées puis la dépecer avec le bec pour la dévorer sur place ou sur un reposoir.

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15 décembre, dans le Béarn – Dans un labour, avec les Pyrénées en arrière-plan.

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08 février, en vallée d’Ossau (altitude 950 m). Une Buse variable surveillant attentivement une estive où l’on devine une multitude de taupinières.

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02 juillet dans le Béarn à la lisière d’un bois d’acacias, surveillant une prairie.

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04 juillet, dans le Béarn – Un adulte à l’affût dans une prairie.

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04 octobre, dans les Hautes-Pyrénées (altitude 1 450 m). La Buse surveille une estive encore fréquentée par des vaches et des chevaux.

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Dotée d’une excellente vue, elle peut aussi chasser en vol où elle repère ses proies au sol en décrivant de larges cercles.

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25 février, dans le Béarn – Une jeune Buse variable (observez le bord de fuite sous les ailes) planant dans les cieux à la recherche d’une proie.

Son miaulement caractéristique bien audible attire alors notre attention. L’altitude de chasse varie mais celle-ci reste bien moins élevée que celle de grands rapaces, ses proies étant bien plus petites.

Contrairement à d’autres rapaces (éperviers, faucons, …), son vol est lent et elle est généralement incapable de poursuivre une proie.

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16 juin, en vallée d’Aspe (plateau de Lhers, altitude 1 000m) – Buse variable en vol stationnaire.

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Elle pratique parfois le vol stationnaire à basse altitude par séquences de courte durée, face au vent, suivies de déplacements en battant de l’aile ou en planant. Mais elle n’en fait pas une spécialité.

A défaut de proies vivantes et particulièrement durant l’hiver où sa nourriture préférée est plus rare, elle s’intéresse à diverses charognes, qu’elle trouve généralement au bord des routes.

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14 décembre, dans le Béarn – Au bord d’une petite route de campagne traversant des prairies et des cultures entourées de haies plantées de grands arbres, …

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…, ces Buses juvéniles s’intèressent à une carcasse de Blaireau européen (Meles meles). Elles sont trois, chacune attend son tour.

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Je l’ai vue aussi s’intéresser en sous-bois au bord d’un ruisseau à une proie moins courante, comme on peut le voir sur sur cette petite vidéo personnelle du 19 août prise avec mon piège photographique (cliquer dessus pour la lancer) :

Une bataille entre une Buse variable et une couleuvre verte et jaune from lanaturemoi on Vimeo.

Après avoir mordu la Buse à la patte gauche (entre 10 et 11 sec sur la vidéo, reprise au ralenti), la Couleuvre tente de s’enfuir mais la Buse n’abandonnera pas. On peut remarquer qu’elle n’utilise que ses serres pour maîtriser la Couleuvre.

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La proximité d’un couvert forestier est importante ; elle peut s’y reposer en journée et le soir venu, elle le regagne pour y passer la nuit en toute quiétude. Elle n’a pas de comportement grégaire comme on peut l’observer, par exemple, chez les Milans royaux (Milvus milvus) qui se regroupent dans des dortoirs hivernaux.

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08 mars, en vallée d’Aspe (au-dessus du refuge de l’Abérouat, altitude 1 450 m). 

Dans les Pyrénées, je l’observe jusqu’à la limite entre l’étage montagnard et l’étage subalpin, située vers 1 600 m d’altitude environ. C’est à peu près la limite des hêtres, sapins et pins sylvestres.

Selon plusieurs sources qui se répètent peut-être, elle peut nicher jusqu’à 1 600 mètres d’altitude, mais rarement au-dessus de 800 mètres.

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III- La reproduction de la Buse variable

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12 juillet, dans le Béarn – La forêt n’est jamais bien loin.

La Buse variable a besoin de cette présence d’arbres pour se reposer en toute quiétude et se reproduire. Elle construit ou recharge un nid (qui peut avoir jusqu’à un mètre de diamètre), à partir de branchages et de brindilles apportés par le couple et tapissé d’herbes sèches, de mousses et autres matériaux. Elle choisit la couronne d’un grand arbre au feuillage dense pour qu’il reste caché, placé en lisière de forêt ou dans une grande haie. Il est situé à proximité de son territoire de chasse. Ce nid est massif, ancré généralement sur une grosse branche près du tronc ou une fourche solide pour en supporter le poids.

Le couple, au bout de quelques années, a généralement plusieurs nids déjà disponibles sur son domaine vital ; il change de nid d’année en année, pour y revenir éventuellement plus tard mais pas systématiquement.

La parade nuptiale a lieu au début du printemps, fin février/début mars. Le couple est en principe uni à vie. Les partenaires font connaissance ou se retrouvent dans les airs lors d’un rituel constitué de vols planés et circulaires, de piqués acrobatiques du mâle. Puis le couple va s’occuper de son nid (l’aire).

La période de nidification s’étale généralement d’avril à juillet et l’espèce ne se reproduit qu’une fois par an.

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06 avril, dans le Béarn – Une Buse variable au nid (photo prise au téléobjectif). Quand j’ai pris ce cliché, j’ai sélectionné la queue de l’oiseau pour l’identifier. Aujourd’hui, je prendrais plutôt une vue d’ensemble du nid, à bonne distance bien sûr pour ne pas perturber.

La ponte a lieu début avril, deux à trois œufs blanchâtres tachetés de brun. La femelle les couve pendant 5 semaines environ (36 à 38 jours, selon les sources), relevée ponctuellement par le mâle qui lui assure son nourrissage au nid.

Les poussins, nés début mai, ne sont recouverts que d’un fin duvet. Les premiers jours, la mère reste avec eux au nid pour les protéger du froid. Elle leur distribue la nourriture procurée par le mâle qui nourrit toute la famille. Dès que leurs plumes sont suffisamment développées pour les réchauffer, au bout d’une semaine environ, la femelle va les laisser seuls pour participer à son tour à leur nourrissage. Ils vivent alors pratiquement aplatis au fond du nid, en sécurité, jusqu’à l’arrivée d’un des parents où ils se manifestement alors bruyamment en quémandant leur nourriture avec insistence. Ils sont déjà capables de projeter avec force leurs excréments hors de l’aire, en tournant leur croupion vers l’extérieur.

A trois semaines, ils se relèvent sur leurs pattes, agitent leurs ailes et peuvent rester en équilibre au bord du nid. Ils commencent à dépecer eux-mêmes les proies qui sont déposées par les deux parents.

Après 7 à 8 semaines environ, fin juin/début juillet, les jeunes prennent leur envol après s’être musclés à coups de grands battements d’ailes.

Ils seront encore dépendants de leurs parents pour le nourrissage pendant 2 mois supplémentaires, jusqu’à la fin du mois août. Ils quitteront alors définitivement le nid et les parents, pour mener une vie errante qui peut les amener loin de leur lieu de naissance, jusqu’à se fixer sur un nouveau territoire en fonction de la disponibilité de la ressource alimentaire et de la rencontre d’un/une partenaire.

Pendant la période de reproduction, la Buse variable défendra l’environnement de son nid avec acharnement contre toute intrusion, qu’elle soit animale ou humaine.

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IV- Quelques données sur la population de la Buse variable

En 2001, la population mondiale de la Buse variable (toutes sous-espèces confondues), dont l’estimation était en partie basée sur les comptages migratoires, serait de l’ordre de 4 millions d’individus (Source LPO).  Je n’ai pas trouvé de donnée plus récente.

En 2004, la population européenne (toutes sous-espèces confondues) est probablement près d’un million de couples nicheurs (Source BirdLife International), avec les plus grosses populations en Russie, la France arrivant en seconde position.

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La Buse variable est effectivement présente dans une grande partie de l’Europe avec plusieurs de ses sous-espèces dont trois observables sur le territoire français :

_ Buteo buteo buteo : c’est la sous-espèce nominale, la plus répandue en Europe et celle qui niche en France continentale où elle est essentiellement sédentaire ; certains hivers exceptionnellement rigoureux avec un enneigement important dans le nord-est de l’Hexagone peut déclencher une vague migratoire temporaire vers le sud.

En 2001, on compte en Europe occidentale environ 289 000 à 395 000 couples (Russie et Turquie exceptées), avec environ la moitié des effectifs répartis en Allemagne, France et Pologne (Source LPO).

En 2011, le nombre de couples nicheurs en France était estimé entre 110 000 et 155 000 (moyenne 132 000). La tendance de population pour les années 2012-2013 était stable, avec une tendance antérieure à la diminution notée depuis 2005 (Source LPO).

_ Buteo buteo arrigonii : sédentaire, elle niche en Corse (et en Sardaigne) ; je n’ai trouvé aucune donnée chiffrée. La Corse est située sur un des flux migratoires entre l’Europe et l’Afrique ; il est alors possible qu’elle accueille des Buses en cours de migration ou hivernantes mais je n’ai rien trouvé de récent à ce sujet.

_ Buteo buteo vulpinus : elle n’est observée qu’occasionnellement en France, en cours de migration.

On l’appelle la Buse des Steppes et aussi dans certaines publications la Buse de Russie, où elle est majoritairement présente. Elle est parfois considérée comme une espèce à part entière ; sa classification n’est pas tranchée en 2023.

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V- La migration de la Buse variable

La sous-espèce nominale Buteo buteo buteo présente en France métropolitaine est essentiellement sédentaire. L’hiver, certains sujets d’Europe du Nord (Scandinavie, Allemagne, Belgique, Suisse, …) viennent grossir nos effectifs jusqu’au pied des Pyrénées et autour de la Méditerranée ; ils repartiront au printemps vers le nord pour se reproduire. Leur nombre était estimé en 2022 à plus de 50 000 individus, non confirmé par une source officielle. Leur apparence est généralement plus claire et parfois presque entièrement blanche.

La sous-espèce Buteo buteo arrigonii reste sédentaire en Corse. L’île est cependant située sur un des couloirs migratoires entre l’Europe et l’Afrique et peut ponctuellement recevoir des sujets hivernants d’autres sous-espèces de Buses variables.

La Buse des Steppes ou Buse de Russie (Buteo buteo vulpinus) est une grande migratrice. Très répandue en Russie, elle passe l’hiver principalement sur le continent africain (sud-est africain, Afrique du Sud incluse) qu’elle gagne généralement par la voie orientale (Bosphore et Caucase, puis Israël), mais certains oiseaux se retrouvent en Europe de l’Ouest, observés sur des couloirs de migration traversant entre autres la France et l’Espagne.

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VI- La protection de la Buse variable

Elle fut longtemps classée nuisible et chassée, accusée entre autres de s’attaquer à la volaille dans les cours de ferme et au petit gibier de repeuplement lâché après la fermeture annuelle de la chasse.

Comme bon nombre d’oiseaux, elle est aujourd’hui une espèce protégée sur l’ensemble de l’Europe au titre de la directive du Conseil CEE n° 79/409 du 2 avril 1979, concernant la conservation des oiseaux sauvages. Elle est inscrite à l’arrêté du 17 avril 1981 modifié, fixant les listes des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire métropolitain. Sa population n’est pas menacée ; elle ne fait pas l’objet de mesures de protection fortes en raison de ses forts effectifs..

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VII- Les autres espèces de Buses

Pour information, il existe d’autres espèces de Buses, susceptibles d’être observées occasionnellement en France et qu’un observateur non averti pourrait confondre avec une Buse variable. Je vous conseille pour cela de lire l’article très bien documenté paru en décembre 2022 sur le site Ornithomedia.com et dont je mets le lien en bibliographie. Les critères d’identification y sont très bien décrits. Ces espèces sont :

_ la Buse pattue (Buteo lagopus). Elle est essentiellement présente dans les régions nordiques de l’hémisphère nord mais elle peut être encore être observée épisodiquement dans le nord et l’est de la France en hivernage. Légèrement plus grande que la Buse variable avec une envergure de 1m25 à 1m50, les variations de son plumage plutôt blanchâtre peuvent la faire confondre avec la Buse variable dans certains cas. En principe, elle est identifiable : 1) à ses pattes emplumées jusqu’aux doigts ; 2) à sa queue caractéristique blanche, non barrée, avec une bande sombre à l’extrémité ; 3) à une grosse tache noire au poignet sur la face intérieure de l’aile très claire. Elle fait facilement du vol stationnaire lors de la recherche de ses proies.

_ la Buse féroce (Buteo rufinus). Son observation en France est rare et accidentelle, sur des sujets isolés. Elle est cependant possible comme le relate un témoignage du 22 juin 2022 près du village de Thibie (Marne), faite par Alain Balthazard, sujet encore présent le 7 décembre 2022 (témoignage sur l’article d’ornithomedia.com, dans la bibliographie). D’envergure 1m35 à 1m60 environ, c’est la plus grande des espèces, avec un plumage qui varie du pâle au sombre en passant par le brun-roux. Son ventre est foncé et sa queue n’est jamais barrée chez l’adulte. Cependant, l’immature a la queue barrée et est identique à la Buse variable immature.

_ la Buse du Maghreb (Buteo buteo cirtensis), ancienne sous-espèce (Buteo rufinus cirtensus) de la Buse féroce et parfois considérée comme une espèce distincte. D’après une étude récente (source Ornithomedia.com), elle serait en fait le résultat d’une hybridation entre les Buses féroce et variable et devrait être considérée comme une sous-espèce de cette dernière (Buse variable).

_ la Buse des steppes (Buteo buteo vulpinus), appelée aussi la Buse de Russie et dont j’ai déjà parlé. Ancienne sous-espèce de la Buse féroce, elle est à ce jour (2023) parfois considérée comme une espèce à part entière, une classification contestée à cause entre autres d’une hybridation importante avec la Buse variable. Elle est migratrice au long cours.

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VIII- Un aparté sur la Buse variable

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26 janvier, dans le Béarn – Il est vrai que l’on peut lui trouver parfois un air « endormi ».

Elle est à l’origine d’une expression ancienne, peu utilisée de nos jours où on utilise beaucoup moins de language imagé. Il y a quelque temps encore, certaines personnes se voyaient qualifiées péjorativement de « triple buse », synonyme en gros de « triple idiot », etc. Familièrement, dans le Larousse Universel, une « buse » est une personnelle ignorante et stupide.

L’oiseau, du fait de son immobilité pendant de longues minutes voire des heures, figé sur son support, donnait l’impression d’être indolent, absent de tout ce qui se passe autour de lui. Les personnes manquant de vivacité d’esprit, ayant du mal à réagir aux stimulations extérieures, se voyaient affublées de ce sobriquet, le « triple » permettant d’insister lourdement!

La Buse est dotée d’une excellente ouïe et d’une excellente vue ; elle maintient, au contraire, tous ses sens en éveil.

Elle avait aussi la réputation ancienne auprès des fauconniers de ne pas pouvoir être dressée, donc de ne pas être capable d’apprendre ou de comprendre quoi que ce soit, ce qui n’est pas le cas.

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IX- Bibliographie

_ Oiseaux.net : https://www.oiseaux.net/oiseaux/buse.variable.html

_ Ornithomedia.com – Le stationnement prolongé d’une Buse féroce dans le département de la Marne (France) en 2022 : voir le lien sur internet.

_ Guide des Oiseaux – Sélection du Reader’s Digest (1ère édition – 1971)

_ Oiseaux d’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (Delachaux et Niestlé – 1992)

_ Le blog de Valéry Schollaert – Buse variable – Buteo buteo (novembre 2018) : https://valeryschollaert.wordpress.com/buse-variable-buteo-buteo/

_ Le blog de Valéry Schollaert – La longueur de la queue, en vol – L’identification des oiseaux super-facile :  https://valeryschollaert.wordpress.com/la-longueur-de-la-queue-en-vol/.

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