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Le Vautour percnoptère dans les Pyrénées

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La Marie Blanque du Béarn dans une prairie.

Après avoir présenté le Gypaète barbu et le Vautour fauve, j’aborde aujourd’hui le sujet de notre plus petit vautour européen, le Vautour percnoptère ou Percnoptère d’Egypte. Dans le Béarn, on l’appelle aussi la Marie Blanque.

Il comprend trois sous-espèces réparties dans des régions du globe différentes. Celle qui est concernée par cette publication est Neophron percnopterus perconopterus, présente en Europe du sud (Espagne, Grèce, Italie et sud de la France), Asie centrale, Moyen-Orient, Afrique (autour du Sahara, au Maghreb et dans le sud saharien) et au nord-ouest de l’Inde.

Cet oiseau était également appelé chez nous « l’oiseau de la lessive ». La raison en était que son arrivée coïncidait avec la grande lessive printanière effectuée dans les foyers.

Il était vénéré dans l’Egypte ancienne comme le « purificateur sacré », un passeport pour l’au-delà. Censé être toujours de sexe féminin, les Egyptiens le pensait fécondé par le vent. Divinité primordiale de l’Egypte ancienne qui avait crée le monde par sept paroles ou sept flèches, la déesse vautour Nekhbet, patronne de la ville de Nekheb (aujourd’hui el-Kalb) et protectrice de la Haute-Egypte tout entière, comptait le Vautour percnoptère parmi les oiseaux qui lui étaient consacrés. Représentée sous la forme d’un vautour blanc femelle étendant ses ailes protectrices, on la surnommait « La Blanche ».

Nettoyeur comme le Vautour fauve de tout ce qui se putrifie, contamine les sols et transmet des maladies, le Vautour percnoptère contribue lui aussi à purifier la nature.

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I- Ma première vraie rencontre avec un Vautour percnoptère

Elle a eu lieu en plaine dans un endroit où je ne l’attendais certainement pas : c’était sur une prairie du petit village de Gerderest, dans le nord-est du Béarn (altitude 320 m).  On était le 05 avril 2015 et j’ai fait un grand bond en arrière dans mes archives pour retrouver les photos de ce moment resté intact dans mes souvenirs.

Ce jour-là, j’utilisais pour la première fois un nouveau téléobjectif, que j’utilise toujours d’ailleurs ; je l’ai depuis bien amorti.

Je voyais depuis quelques jours un « grand » rapace blanc survoler à basse altitude des pâturages où vivent à l’année des Blondes d’Aquitaine. Dans cette région de cultures et d’élevage à faible densité de population, évoluent également bien d’autres espèces de rapaces : Milans royaux, Milans noirs (migrateurs), Buses variables, Faucons crécerelles, Elanions blancs, Eperviers d’Europe, Busards cendrés (migrateurs), etc.

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Ma toute première observation de proximité d’un Vautour percnoptère, pratiquement « à la maison »!

Cet oiseau était toujours trop loin pour l’identifier et il m’intriguait. Ce jour-là il s’était posé dans une prairie, hors de ma vue ; il s’est envolé devant moi, alors que je passais à pied à proximité sur un chemin en contrebas. Heureusement, il a tourné ensuite autour de moi avant de disparaître et j’ai pu le photographier pour l’identifier.

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Nullement inquiet, il a repris sa prospection au-dessus des pâturages vallonnés en faisant plusieurs passages devant moi. 

Quel plaisir de faire ma première vraie rencontre avec un rapace que j’avais déjà aperçu en vallée d’Aspe et qui me semblait totalement exotique, … le Vautour percnoptère.

Le mot « vautour » signifiait pour moi que cet oiseau n’était pas ici dans son environnement habituel ; j’ai d’abord pensé à un « montagnard » égaré! La suite de cette publication montrera qu’il peut avoir toute sa place ici ; il ne lui manque que des falaises à proximité pour nicher!

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Pas encore habitué à paramétrer la mise au point du téléobjectif, j’ai quand même réussi quelques photos.

Je l’ai revu à plusieurs reprises dans la région jusqu’en juin, puis plus rien de la saison ni les années suivantes. Impossible de dire s’ils étaient deux. Dans tous les cas, l’habitat immédiat ne lui permettait pas de nicher. Le nord-est du Béarn est une région de coteaux, sans falaises ; les plus proches propices à une nidification sont à environ 35-40 km minimum en vol d’oiseau (calculs avec Google Earth), ce qui me semble être à la limite de la zone de prospection habituelle de cette espèce.

Cet oiseau était probablement un adulte non reproducteur. Il m’en reste ce souvenir à raconter d’une rencontre peut-être exceptionnelle dans ma région. Depuis, j’ai pas mal appris sur cet oiseau qui me fascine avec sa face toute ridée.

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II- Quelques informations générales sur le Vautour percnoptère

C’est un petit vautour au plumage contrasté noir et blanc à l’âge adulte, teinté de roussâtre. Il n’y a aucune particularité qui permette de différencier le mâle et la femelle.

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L’oiseau majestueux, sous une belle lumière. Ses ailes sont bordées de noir. A l’avant, les plumes de couverture sont blanches teintées de roussâtre. 

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Son corps est blanc roussâtre. On peut facilement le reconnaître à la forme de sa queue.

Ses ailes sont blanches à l’extrémité noire. Sa queue blanche est cunéiforme (en forme de coin) comme celle du Gypaète barbu, mais en plus court. Son plumage mue pendant la saison estivale sous nos contrées.

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Un portrait pris au téléobjectif dans un centre de sauvegarde des rapaces, afin de mieux le connaître.

Sa tête et sa gorge sont recouvertes de peau nue, de couleur jaune assez prononcé, entourées d’une collerette hirsute érectile.

Son bec jaune à pointe noire est un peu plus long et mince que celui des autres vautours, légèrement crochu à son extrémité : il est fait pour grapiller les restes dans les endroits inaccessibles aux autres espèces.

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L’attitude typique d’un planeur, qu’il utilise pour surveiller en altitude l’activité des vautours fauves à la recherche de cadavres de grands mammifères, mais pas pour ses proches recherches. Sa vue est perçante.

Il a une envergure de 1m60 à 1m70 pour un poids de 1,6 à 2,5 kg (2 kg en moyenne). En vol, ses battements d’ailes sont rapides. Ses ailes assez courtes n’ont pas la portance nécessaire pour lui permettre de se déplacer en planant à haute altitude sur de longues distances.

En période de reproduction, il est moins sociable que les grands vautours et délimite un périmètre de sécurité de plusieurs centaines de mètres autour de son nid. Généralement silencieux, il communique dans certaines circonstances avec ses congénères par des manifestations sonores qui nous sont peu audibles.

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En Estrémadure où le Vautour percnoptère est très présent, on peut parfois l’observer en groupe lors d’une curée de Vautours fauves.

Hors période de reproduction, les oiseaux peuvent se regrouper sur des dortoirs et des reposoirs, ou sur des sites d’alimentation. C’est le cas dans le Pays Basque, où les ressources alimentaires sont abondantes.

L’immature (que je n’ai encore jamais observé) est tout d’abord entièrement brun sombre, devenant progressivement de plus en plus clair après chaque mue. Il revêt le plumage adulte à l’âge de cinq ans.

Sa longévité dans le milieu naturel ne me semble pas bien documentée mais elle semble être d’au moins une vingtaine d’années, à confirmer.

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III- Le régime alimentaire du Vautour percnoptère

Son régime alimentaire est assez éclectique. C’est un opportuniste multicartes, coprophage, détritivore et charognard.

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25 avril à 10h00, en vallée d’Aspe – Le guetteur statique surveille un pâturage (Bedous, altitude 420 m). Posé, on ne remarque plus que sa blancheur.

Il recherche sa nourriture dans les zones de pâturage fréquentées par le bétail domestique en volant méthodiquement à basse altitude au-dessus du relief, mais c’est aussi un marcheur. Il évite les zones forestières. Il se nourrit d’excréments, détritus, œufs d’oiseaux, cadavres divers de petits mammifères (lapins, hérissons, etc.).

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L’oiseau scrute attentivement le relief à la recherche de nourriture, en utilisant le vol battu qui lui demande moins d’énergie que pour les grands vautours.

Sur les cadavres de mammifères sauvages ou de bétail domestique, il passe après les Vautours fauves (Vautour moine absent des Pyrénées françaises) pour picorer les restes dans les endroits inaccessibles. Le Gypaète barbu s’occupe ensuite des os.

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Il ne vole parfois qu’à quelques mètres au-dessus du sol, comme ici au-dessus d’un éboulis.

Il se nourrit aussi de petites proies vivantes dont certaines peuvent être blessées ou malades et qu’il tue avant de les consommer, rongeurs, reptiles, batraciens, etc. Il s’intéresse également aux crustacés, mollusques, escargots, gros insectes.

Son jabot et son gésier sont très extensibles ; il peut faire bombance puis jeûner un long moment, comme le fait le Vautour fauve.

Il a la particularité de pouvoir dans certains cas utiliser un outil pour se nourrir, un caillou pour casser la coquille d’un œuf qu’il ne peut consommer. On ne verra pas ce spectacle sous nos contrées, sinon présenté par des dresseurs de rapaces dans des lieux dédiés. Il le fait dans les zones d’hivernage sur des œufs d’autruche, bien trop coriaces pour son bec qui reste fragile.

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IV- La reproduction du Vautour percnoptère

Le couple est uni jusqu’au décès de l’un des deux partenaires. Contrairement au Vautour fauve, il est territorial en période de reproduction ; les nids sont très espacés les uns des autres (minimum plusieurs centaines de mètres).

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09 mars, en vallée d’Aspe – Le début des parades nuptiales d’un couple.

Les oiseaux sont fidèles à leur site de reproduction. Dès son l’arrivée, le couple se reforme (ou se forme pour les nouveaux) et commence de suite à parader en vols acrobatiques pendant quelques jours, enchaînant des piqués et des remontées rapides. L’un des deux (le mâle?) pique parfois sur l’autre partenaire qui se retourne sur le dos en présentant ses serres.

Puis les partenaires s’accouplent à maintes reprises, jusqu’à l’approche de la ponte. Ils utilisent généralement les reposoirs pour s’accoupler. Les rares accouplements auxquels j’ai assisté ont été très rapides.

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09 mai, le long d’une falaise calcaire – L’apport de laine au nid. C’est déjà tard dans la saison ; peut-être est-ce un couple nouvellement formé?

Le nid est construit discrètement en hauteur sur une corniche ou dans une cavité de falaise calcaire inaccessible, juste avant la ponte. Celui de l’année précédente peut être repris et remis en état, ou un nouveau est construit à proximité. Il est constitué d’un amas de branchettes et garni de papier, chiffons, laine, etc.

La période des accouplements terminée, la femelle va pondre deux œufs en moyenne (1 à 3, mais 3 plus rarement) de fin mars à fin avril, espacés de 3 à 5 jours en moyenne. L’incubation, qui dure 6 semaines et commence aussitôt le premier œuf pondu, est assurée par le couple à tour de rôle. La ponte peut être retardée chez un couple nouvellement formé.

Les poussins naissent à dates décalées un mois et demi plus tard à partir de la mi-mai, à peine protégés par un duvet blanc clairsemé. Les premiers jours, la femelle reste au nid pour les protéger des aléas climatiques et des prédateurs. Ils sont nourris en dépeçant les proies par petits morceaux, d’abord par le mâle puis à tour de rôle par les deux partenaires. Comme les autres vautours, le Percnoptère ne transporte ses proies qu’avec son bec.

Le plus robuste survivra (peut-être), parfois les deux. Les échecs de la reproduction ne sont pas négligeables et peuvent varier d’une année sur l’autre (conditions climatiques, disponibilité de la nourriture, dérangements, etc.).

Deux mois et demi plus tard, à partir de début août, les jeunes prennent leur envol après avoir développé tout leur plumage. Ils sont encore nourris pendant un mois environ par les deux parents au nid ou à proximité, avant de vivre leur propre vie.

Dès que les jeunes sont autonomes, les parents entameront leur migration vers les lieux d’hivernage à partir de début septembre, suivis une quinzaine de jours plus tard par les jeunes de l’année. Fin septembre-début octobre, tout le monde est en principe reparti.

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V- L’habitat du Vautour percnoptère

L’oiseau fréquente les paysages collinéens ouverts du piémont et les paysages rocheux de la moyenne montagne ; on peut parfois le rencontrer en plaine, mais l’absence de relief inaccessible ne lui permet pas d’y nicher.

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L’oiseau absorbé ne jette aucun regard dans ma direction (région du col du Pourtalet, 1794 m d’altitude).

Dans les Pyrénées, l’altitude de son aire de nidification varie entre 400 et 1 300 m d’altitude environ. On peut l’observer plus haut en altitude, pour ses besoins alimentaires. La seule référence sérieuse de domaine vital en période de reproduction que j’ai trouvé se situe autour de 75 km2 (7500 ha, équivalent à un rayon de 5 km autour du nid).

Le domaine vital des individus non reproducteurs est plus vaste, comme j’ai pu en témoigner avec mon observation faite en 2015.

Dans son Catalogue Critique des oiseaux observés dans les départements des Landes, des Basses-Pyrénées et de la Gironde (édité en 1872), Pierre-Eudoxe Dubalen indique alors, pour ce qu’il appelle le Néophron Percnoptère (Neophron percnopterus) : « Assez commun, sédentaire et de passage sur les Pyrénées. Cet oiseau est très méfiant et difficile à capturer. Son odorat primerait sur celui des autres Vulturiens. Le Gyps fulvus et le Neophron percnopterus descendent sur les bords de l’Océan pendant tout le temps qu’ils nourrissent leurs petits. On les rencontre jusqu’à Cap breton, Mimizan. Dans ces parages en effet, ils trouvent des charognes en abondance. Dans ces derniers temps, on a capturé un Gyps fulvus à la Teste ».

Pour information, la distance « à vol d’oiseau » de la Rhune (où ils étaient nombreux) à Capbreton est de 35 km, 100 km jusqu’à Mimizan.

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VI- Données sur la population du Vautour percnoptère

Il fut longtemps persécuté en France, en raison de son appartenance à la famille des rapaces. Comme pour le Vautour fauve, les effectifs étaient au plus bas dans les années 60. Sa population et sa reproduction sont aujourd’hui officiellement suivies annuellement, depuis 1999. L’effectif de ces dernières années est faible, près de 90 couples reproducteurs.

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L’oeil perçant, rien ne lui échappe.

Le dernier bilan de sa population dans les Pyrénées françaises que j’ai consulté a été effectué en 2022. 69 couples territoriaux ont été recensés dont 61 couples reproducteurs ; 46 couples producteurs ont produit 57 jeunes à l’envol. 33 des 69 couples territoriaux recensés ont évolué en Béarn et Soule.

Pour l’autre noyau allant de l’Hérault au Sud-est des Alpes, toujours en 2022, 19 couples territoriaux sont recensés dont 18 couples reproducteurs : 12 couples ont été producteurs de 13 jeunes à l’envol.

L’oiseau fait également l’objet d’un programme de baguage et de suivi télémétrique, afin d’acquérir les données indispensables nécessaires pour mieux le connaître, le protéger, favoriser la croissance de ses effectifs et développer son aire de répartition.

En France, le nombre de couples territoriaux ces dernières années est considéré comme stable ou en légère diminution. Il régresse dans les secteurs où la densité régionale est la plus importante, comme les Pyrénées occidentales.

Le gros des effectifs européens occidentaux est présent en Espagne, avec environ 1 500 couples reproducteurs (45% de la population européenne).

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VII- La migration du Vautour percnoptère

Dans les Pyrénées, le Vautour percnoptère est migrateur. Il quitte au début de l’automne (1ère quinzaine de septembre) le continent européen en traversant le détroit de Gibraltar, en compagnie des oiseaux qui ont niché en Espagne et au Portugal. Il se rend sur ses sites d’hivernage en Afrique sub-saharienne (Sénégal, Mali, Mauritanie). En hivernage, il était parfois appelé le Vautour blanc dans les revues anciennes.

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8 mars, en vallée d’Aspe, un jour d’ouverture de la pêche à la truite. L’oiseau printanier est revenu. Ancien pêcheur repenti, l’annonce en fanfare de « l’Ouverture » dans l’actualité nationale me fait maintenant penser à l’arrivée de cet oiseau atypique, bien plus discrète!

Il revient nous voir à partir de fin février-début mars. Il parcourt ainsi 4 000 km environ en moins d’un mois. Les deux partenaires migrent séparément ; le couple se reforme à son arrivée et reste ensemble le temps de la reproduction.

Les oiseaux immatures restent sur leurs sites d’hivernage pendant plusieurs années, généralement mais pas systématiquement jusqu’à leur maturité sexuelle atteinte à l’âge de cinq ans. Ils entameront alors leur première migration prénuptiale vers nos contrées, sur le lieu de leur naissance. A leur arrivée, ils vont choisir un partenaire et se reproduire ; cela leur demandera un peu plus de temps qu’un couple déjà formé. Ils garderont ensuite leur partenaire à vie.

Un Vautour percnoptère mâle nichant en vallée d’Ossau, Humboldt, a été équipé pour la première fois d’une balise GPS le 21 avril 2018, qu’il a à ce jour perdue. Vous retrouverez toutes les informations sur cet oiseau en suivant les liens dans la bibliographie.

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VIII- Les dangers pour l’espèce

Le Vautour percnoptère est affecté par les empoisonnements de la chaîne alimentaire et par les modifications des pratiques d’élevage réduisant la disponibilité des ressources alimentaires. Il paye aussi un lourd tribut aux collisions avec les infrastructures humaines, éoliennes, câbles des remontées mécaniques, lignes à haute-tension, etc. Il est très sensible aux dérangements humains ; un couple perturbé peut abandonner le nid.

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Le nid n’est pas loin. Zone à respecter.

Dans les Pyrénées, une cartographie des zones de sensibilité majeure (ZSM) a été réalisée avec deux degrés d’importance : une zone « cœur » à +/- 600 m de rayon autour de l’aire qui porte une attention particulière à toutes les activités humaines (qui correspond aussi approximativement à la zone où le couple défend son nid) ; une « zone tampon » à +/- 1 000 m de rayon qui porte attention aux activités bruyantes (survols motorisés, travaux forestiers, etc.). Une ZSM introduit aussi la notion de limite altitudinale en cas d’impossibilité de la contourner : 1 000 m au-dessus du point le plus haut de la ZSM pour les survols motorisés et 600 m au-dessus du point le plus haut de la ZSM pour les survols non motorisés.

Le principe découle de la notion d’évitement en période de sensibilité (reproduction jusqu’à l’envol des jeunes) ; les ZSM sont actives du 1er mars au 15 septembre. Pour le Gypaète barbu et le Vautour moine (présent en Aveyron, Lozère, Hérault, Drôme, Var et Alpes de Haute-Présence), les rayons autour de l’aire sont identiques mais les dates actives sont différentes.

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Le nid est indétectable, ce qui indispensable pour la tranquillité de la reproduction.

L’espèce est considérée comme étant « en danger d’extinction » au niveau international. Elle est strictement protégé au niveau national (arrêté du 29 octobre 2009 des ministres en charge de l’écologie et de l’agriculture fixant la liste des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire et leur niveau de protection) et européen (directive 2009/147/CE du Parlement européen et du Conseil du 30 novembre 2009 concernant la conservation des oiseaux sauvages).

Le Plan National d’Actions du Vautour percnoptère 2015-2024 piloté par la DREAL Nouvelle Aquitaine détermine deux coordinations de suivi. Pour les Pyrénées, Nature en Occitanie assure ce travail. Dans le Sud-Est, elle est confiée au Conservatoire des Espaces Naturels – Provence Côte d’Azur. Il décline 8 objectifs différents, afin de permettre une meilleure connaissance de l’espèce, de la protéger, d’augmenter ses effectifs et faciliter les échanges entre les noyaux de population.

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IX- Un peu d’histoire locale, autour du mot gascon Marie Blanque

Je n’ai pas trouvé de version confirmée sur l’origine du nom gascon de Marie Blanque donné dans le Béarn au Vautour percnoptère.

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La Marie blanque de ma publication.

Ce qui  ressort des diverses recherches que j’ai effectué, c’est qu’une Marie Blanque a bien existé, une pleureuse béarnaise localement très connue et maintes fois citée. Elle s’appelait en réalité Marie Asserquet, née à Osse en Aspe en 1765 et décédée en 1849. De religion protestante, elle était célèbre pour chanter en béarnais dans les cérémonies funèbres des aurosts de sa composition. L’aurost était un mot gascon spécifique à la vallée d’Aspe ; il désignait un chant de funérailles où l’on célébrait les vertus (ou la bassesse) du défunt. Cette coutume a été par la suite interdite aux obsèques par le clergé, vers la fin du 19è siècle.

Dans la Chronique du diocèse et du pays d’Oloron (Béarn méridional et Soule), tome 1er, page 371, par M. l’abbé Menjoulet Archiprêtre d’Oloron (année 1864), celui-ci écrit :  » La vallée d’Aspe a été plus tenace en ceci ; nos contemporains y ont connu des femmes qui avaient une aptitude spéciale, une sorte de mission publique pour improviser des bouts-rimés dans les enterrements : Marie Blanque, d’Osse, est la plus célèbre de ces matrones élégiaques. On a recueilli quelques-uns de ses chants funéraires, appelés dans le langage du pays aürots ou aüroustades ; il y en a d’attendrissants ; d’autres au contraire sont de nature à exciter le rire par un cachet de fausse douleur et certains à-propos d’une finesse remarquable ».  

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Le percnoptère hirsute, avec sa collerette blanche.

Il était alors d’usage de porter en ces circonstances un voile de deuil blanc sur la tête. Ce voile blanc lui aurait-il valu son surnom? On n’en trouve pas la preuve dans les publications d’auteurs érudits. Par extension, les Aspois auraient-ils également affublé le Vautour percnoptère du même nom, par analogie avec sa collerette blanche? Rien n’est moins sûr. Cela n’aurait en effet un sens que si cette désignation du percnoptère datait de la même période, mais on ne sait pas quand elle est apparue.

D’autres versions circulent également pour le surnom de Marie Asserquet, comme celle rapportée dans le numéro 70 de la revue Pyrénées – L. Debaix (avril-juin 1967, p 113 à 127), où l’on peut lire que Marie était surnommée « Blanque » à cause de sa grande beauté, en s’appuyant sur des témoignages d’anciens.

Ce terme était déjà employé à cette époque pour un nom de lieu ; il a donc une autre signification ailleurs, plus ancienne.

En effet, le col de Marie Blanque qui fait communiquer la vallée d’Ossau et la vallée d’Aspe était déjà indiqué sous ce nom sur la carte de Cassini n° 108, levée en 1771 – 1772 et publiée vers 1779, alors que Marie Asserquet n’avait pas 10 ans. Le col ne doit donc rien à la célébrité de Marie (qui ne se déclarera que plus tard, vers 1800), contrairement à ce qu’il est indiqué dans beaucoup de publications.

Un bon nombre de publications avancent aussi que ce serait l’oiseau qui aurait donné son nom local au col, mais sans fournir de preuve. En résumé, on ne sait pas d’où vient cette appellation de Marie Blanque pour l’oiseau et pour le col, ni s’il existe effectivement un lien de quelconque nature entre les deux. Un détail a cependant pour moi une importance que j’e n’ai pas vu relevée : les Béarnais sont attachés au genre féminin de cet oiseau ; s’il avait donné son nom au col, on l’aurait appelé le col de « la » Marie Blanque, ce qui n’est pas le cas sur la carte de Cassini.

Cet oiseau m’interpelle et j’aimerais bien trouver un jour la bonne explication. « Marie » garde donc pour moi tout son mystère, même si la preuve de sa blancheur est évidente.

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X- Bibliographie

_ PNA Vautour percnoptère – Résultats des suivis 2022 (Nature en Occitanie) : https://www.natureo.org/association/actualites/pna-vautour-percnoptere-resultats-des-suivis-2022/

_ Vautour percnoptère – Bilan du suivi de la population année 2022 (Nature en Occitanie) : https://cms.natureo.org/assets/01cfce5c-5d27-4056-819d-20b330087d2f

_ Vautour percnoptère – Bilan du programme de baguage – Suivis télémétriques année 2022 (Nature en Occitanie) : https://cms.natureo.org/assets/3ef6f966-4349-49cc-97e1-6f294f54c6a8

_ Plan national d’actions en faveur du Vautour percnoptère 2015-2024 : https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/PNA_Vautour-percnoptere_2015-2024.pdf

_ Principe des zones de sensibilité majeure (ZSM) : https://www.nouvelle-aquitaine.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/principe_de_zones_de_sensibilite_majeure_zsm_.pdf

_ La traversée printanière d’Humboldt : http://www.pyrenees-parcnational.fr/fr/actualites/la-traversee-printaniere-dhumboldt ; bulletin « Empreintes » du Parc national des Pyrénées N° 42 (année 2019).

_ Chronique du diocèse et du pays d’Oloron (Béarn méridional et Soule), tome 1er, par M. l’abbé Menjoulet Archiprêtre d’Oloron (année 1864) :

https://books.google.fr/books?id=vPpAAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=aspe&f=false

_ Bibliothèque nationale de France – PYRENEES numéro 70 (avril-juin 1967) – Marie Blanque l’Auroustère (1765 – 1849) – L. Debaix, pages 113 – 127 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9629227z.r=marie%20blanque?rk=21459;2#

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