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Le temps du brame dans les Pyrénées – Cerfs à la souille (septembre 2020)

Respectueux avant tout de la tranquillité de ce magnifique animal, vous ne verrez sur mon site que des photos d’ambiance de brame, aucun portrait rapproché sauf cas exceptionnel et non provoqué.

Les prévisions météo d’il y a quelques jours se confirment. Le temps est bien à la pluie.

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Les affaires sérieuses ont commencé chez le Cerf élaphe des Pyrénées. Nous sommes le 23 septembre et les mâles sont à proximité immédiate des biches et quelques-uns se manifestent déjà bruyamment auprès de leurs adversaires.

Le cerf pyrénéen est plus petit que ses congénères de plaine et son trophée est moins impressionnant. C’est un animal sauvage, vif et très méfiant ; bref, un montagnard, pas une bête à concours! Il porte généralement 8, 10 ou 12 cors, parfois 14. Le trophée du premier cerf de cette publication est asymétrique, atypique.

19h15 – Une première biche apparaît sur l’estive, au milieu des buissons de genévriers. Elle s’arrête de temps en temps de brouter pour observer les environs.

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19h25 – « Monsieur » sort en dernier du sous-bois et arrive à la souille, en érection. Ses sens le travaille! Le cerf a un tempérament très méfiant :  il laisse toujours les femelles sortir les premières pour « prendre la température » et s’enfuit à la moindre alerte. Il est vrai que, contrairement à lui, elles vivent une bonne partie de l’année sur la place et ressentent de suite quelque chose d’inhabituel dans leur environnement.

C’est un cerf au trophée vraiment atypique. Son bois gauche, massif et bien formé, a une empaumure à trois épois (ou cors), la chevillure et l’andouiller d’œil (appelé aussi andouiller de massacre)  ; il n’a pas le 2ème andouiller appelé surandouiller ; celui-ci n’est en fait pas toujours présent, ou alors de petite taille. Quant à l’autre bois, j’ai eu du mal à le décrire et il m’a fallu zoomer sur mon écran : il a un andouiller d’œil surdimensionné (par rapport à celui de l’autre bois), un minuscule surandouiller et, partant lui aussi de la base (meule) mais complétement à part, un moignon de bois sans cor, qui semble avoir été cassé.

Il va d’abord creuser la souille avec ses sabots, … 

…, et avec ses bois. 

Une partie de son harem est à proximité, une biche, une bichette et un faon (qui tête encore sa mère).

« Monsieur » s’installe (on voit bien sur la photo son trophée atypique), …

…, et se vautre dans la boue.

Après avoir pris son bain de boue, « Monsieur » poursuit les biches sur l’estive et renifle leurs effluves, le cou horizontal et le museau tendu en avant, tout en passant la langue sur son museau. On dit qu’il « muse ». Ce n’est pas encore le bon moment! Ce soir, il restera plutôt discret, poussant à peine quelques brefs grognements, vite couverts par le bruit du ruisseau qui coule à proximité. La biche la plus âgée, celle à droite, va brièvement se rouler à son tour dans la souille et dans ce qu’il a dû y laisser.

Les biches se sont retirées à l’écart des ardeurs du mâle. « Monsieur » est maintenant seul et regarde pendant de longues minutes dans ma direction, sans bouger « d’un centimètre ». C’est une attitude que j’ai régulièrement remarquée chez les cerfs : à quoi pensent-ils à ce moment précis?

19h44 – Il fait déjà sombre. Avant de repartir dans le sous-bois, « Monsieur » se manifeste une dernière fois en labourant les buissons. Il projette en arrière à plusieurs mètres de hauteur d’énormes touffes de végétation avec son trophée, puis disparaît.

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20h02 – Le cerf a disparu dans le sous-bois. Dans l’intimité de la nuit qui tombe, les biches se rapprochent. Je ne peux plus photographier mais je profiterai encore un peu du spectacle : elles s’alimentent tranquillement. La montagne est silencieuse, à part les tintements de cloches de quelques troupeaux de vaches et de chevaux encore en estive. Les cerfs seront très discrets.

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Mais cette publication n’est pas terminée. Le lendemain-soir, je suis revenu à la souille. Même moment, même lieu mais les conditions furent différentes. Ce soir et contrairement à la veille, je fais de l’affût. En effet, la rencontre d’hier était involontaire bien que je savais qu’il y avait des cervidés dans le coin ; et surtout, je n’avais jamais remarqué cette souille. Est-ce un lieu de rendez-vous habituel ? Je devrais bientôt le savoir.

La météo s’est dégradée. Le plafond nuageux est très bas. Je m’attends à voir apparaître le cerf dans les fougères en bordure de la forêt.

18h30 – Alors que j’étais installé depuis peu, un son inhabituel attire mon attention. En montagne, les bruits portent loin parfois. En arrivant, j’avais remarqué un peu plus haut un arbre débité, probablement tronçonné dans la journée en buches de un mètre. Je vois maintenant une silhouette qui s’agite en bordure de la forêt pour empiler du bois. Je l’observe aux jumelles et c’est quelqu’un qui a probablement mon âge. Celui-là, c’est un vaillant qui doit avoir des journées bien remplies. Je regarde l’heure de temps en temps sur mon portable et je me dis qu’il va bientôt arrêter, cela m’arrangerait bien.

19h25 – Hier à cette heure-ci, j’avais déjà vu les biches et le cerf était à la souille. Là, c’est le calme plat sinon le ruisseau qui chante et les claquements du bois que l’on empile.

19h40 – Un geste familier qui me rappelle de vieux souvenirs : mon vaillant a sorti un mouchoir de sa poche et s’essuie le front ; un geste que je n’avais pas observé depuis longtemps et que j’aime bien. On est depuis passé au Kleenex, jetable … hélas un peu partout!

J’ai de l’estime pour lui : je me dis que moi, je me serais peut-être arrêté pour souffler un peu. Lui, il n’a pas chômé, avec la cadence régulière d’un métronome. Finalement, il s’éloigne après avoir jeté un dernier regard sur son travail, les mains posées sur ses hanches. Son timing était impeccable ; il avait fini d’empiler alors qu’il commence à faire bien sombre.

Hier, le cerf s’apprêtait déjà à quitter les lieux! A cette heure, je ne me fais plus trop d’illusions pour mes observations. Je prends une photo de contrôle et je me rends compte que le rendu est bruité et bien sombre. Tant pis, j’augmente la sensibilité et on verra bien. Je n’ai plus beaucoup de temps disponible, une quinzaine de minutes peut-être pour voir correctement quelque chose!

Alors, çà suit? Le moins méfiant est en tête! Habituellement, il suit sa mère.

19h46 – Une forme immobile dans l’estive, à l’opposé de l’endroit où mon voisin d’un soir empilait son bois! Je l’observe aux jumelles, c’est un faon! Ce petit monde attendait tout simplement le départ du bucheron.

Les biches arrivent à leur tour. Elles commencent à traverser prudemment l’estive et rejoignent le faon.

Elles ont manifestement traversé le ruisseau. Je fouille l’endroit aux jumelles, à la recherche du cerf qui ne devrait pas être bien loin. Il  fait déjà bien sombre.

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19h48 – Le voilà! Et, surprise : ce n’est pas le même qu’hier. C’est un jeune 10 cors au trophée bien symétrique. Il est magnifique.

Il passe d’un pas tranquille au milieu des chevaux, sans crainte.

Après les avoir dépassés, il les observe un petit moment,

Puis il continue pour traverser à son tour l’estive, en s’arrêtant  de temps en temps pour brouter. La lumière faiblit. 

Les biches ont fini de traverser l’estive ; elles ne bougeront plus de là et passeront leur temps à brouter, en relevant de temps en temps la tête pour vérifier que tout est normal. 

Le cerf les rejoint,

Il broute un moment avec elles,

Puis il repart, …

… et arrive à la souille. Il n’a pratiquement pas prêté attention aux biches. Je me dis qu’il peut ressentir que c’est une « chasse déjà gardée ». Malgré son trophée atypique, son adversaire potentiel est plus imposant et aguerri. La lumière continue à faiblir (je suis à une sensibilité de 6 400 iso).

Le bain de boue du jeune mâle. Les effluents divers et variés laissés par son prédécesseur ne semblent pas le gêner!

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20h03 – Le brouillard a envahi l’estive et je ne vois plus grand chose, même aux jumelles. L’observation est terminée et cette souille semble effectivement intéresser du monde!

En redescendant, je fais une pose après être passé sous la nappe de brouillard et j’écoute les bruits de la forêt, moins silencieuse que la veille. Je partagerai le brame d’un cerf motivé en direct sur mon téléphone portable, un moment sympa! Il est proche mais je ne l’apercevrai pas ; de gros nuages cachent la Lune, qui n’en est de toute façon qu’à son premier quartier.

Au moment où j’écris ces lignes, des flocons tombent en montagne et je laisse mes petites bêtes tranquilles.

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Je me sers de VIMEO.com comme support de mes petites vidéos de nature (lanaturemoi), afin de ne pas surcharger mon propre site (qui a un coût d’exploitation). J’y ai mis une petite vidéo HD (durée 1mn30 ; elle est vite regardée) où on peut observer le cerf en train de creuser sa souille, s’y vautrer, puis muser après les biches. Le faon tête à sa mère.

C’est ICI

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