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Le Lièvre d’Europe

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11 juin, 18h35 – Le lièvre, à la sortie du bois.

Appelé aussi le Lièvre brun, le Lièvre d’Europe (Lepus europaeus) m’a longtemps laissé indifférent ; il n’était pour moi qu’un animal stupide au comportement suicidaire devant la calandre de ma voiture. Combien en ai-je évité! Alors que l’on est enfin prêt à accélérer, le voici de nouveau sur la route! Je n’ai pas d’expliquer à donner à ce comportement singulier, sinon la façon dont il voit, dont je parlerai un peu plus loin! Je souhaite vous le faire apprécier car c’est un animal qui a plein de qualités!

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I- La présentation du Lièvre d’Europe

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21 août, 20h52 – L’excellent camouflage du jeune lièvre appelé le levraut (ou levreau).

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22 août, 18h13 – Le lièvre adulte, encore au gîte.

Le Lièvre d’Europe est un mammifère de taille moyenne, qui possède une excellente capacité de camouflage. Son pelage dorsal varie du brun foncé au brun roux, avec des terminaisons de poils noirs répartis en petites touffes ; le pelage d’hiver peut être plus gris. Les flancs sont plus roussâtres et le ventre blanc crème. Ses longues oreilles (plus longues que sa tête) sont de même couleur que son pelage dorsal, avec des extrémités noires ; elles sont rabattables pour se camoufler. Sa queue est noire dessus et blanche dessous. Il mue deux fois par an, au printemps et à l’automne.

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22 août, 18h14 – Le dessous de ses pattes est couvert d’un pelage épais pour compenser l’absence de coussinets. On voit ici que la terre béarnaise est argileuse.

Ses pattes postérieures sont très développées et il se déplace par bonds. Il peut courir à une vitesse moyenne de 60 km/h et atteindre des pointes de 70 km/h et plus en pleine course, tout en changeant fréquemment et brusquement de direction pour brouiller les pistes et échapper à son poursuivant. Il est capable de bonds jusqu’à 2 mètres à la verticale et de plus de 3 mètres en longueur.

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22 août, 18h15 – La fuite, les oreilles redressées tournées vars l’arrière. 

Son poids peut varier de 2,5 à 7 kg dans le meilleur des cas (3 à 5 kg en moyenne). La femelle peut être plus petite que le mâle mais ce n’est pas un critère déterminant ; il n’y a pas vraiment de dimorphisme sexuel marqué. La distinction des sexes ne peut se faire qu’avec l’examen des organes génitaux. Le mâle reproducteur est appelé bouquin et la femelle, hase. Quand j’emploie le mot « lièvre », les deux sexes sont confondus.

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25 juin, 19h24 – Un jeune lièvre, se tenant debout sur le qui-vive. 

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23 mai, 18h22 – Un beau lièvre adulte, à la fin d’une belle journée. Tous les soirs, je m’attendais à le retrouver au même endroit au même moment sur cette petite route de campagne, la remontant par petits bonds dans ma direction! J’ai fini par l’attendre pour tirer son portrait.

Ses grands yeux, proéminents et placés latéralement, sont ambrés. Ils lui donnent un très large champ visuel avec deux angles morts : juste devant et juste derrière lui. Son champ de vision binoculaire est réduit. Il peut arriver qu’un lièvre nous fonce droit dessus, sans nous voir. Il perçoit avant tout les mouvements car sa vue n’est pas très bonne. Si on reste sans bouger, il n’esquivera qu’au dernier moment.

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22 juin, 19h40 – Le lièvre et ses beaux yeux ambrés, au soleil couchant.

Pour compenser cette vision médiocre, son ouïe et son odorat sont très développés. Ses longues oreilles articulées sont orientables à 360°, avec une forme caractéristique permettant d’amplifier les sons. Très vascularisées, elles jouent aussi un rôle de thermostat en régulant sa température corporelle.

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22 juin, 19h40 – Le même lièvre et ses « antennes orientables ».

La communication olfactive est également très importante pour lui ; il fait usage de ses glandes à odeur, spécifique à chaque individu. Ces glandes odoriférantes sont de plusieurs sortes, anales, inguinales (région de l’aine), sous-mandibulaires ou sous-maxillaires (en arrière de la lèvre inférieure) ; elles produisent des sécrétions semi-visqueuses qui contiennent des phéromones et d’autres composés sémiochimiques apportant des informations concernant son humeur, son statut, le comportement sexuel et le marquage territorial. « Sémiochimique » qualifie une substance chimique émise par un organisme dans l’environnement et qui a valeur de signal entre les êtres vivants.

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22 mai, 18h44 – Le levraut, pensif dans un semis de colza! Les lièvres s’assoient sur leur queue dépliée.  

Pendant son toilettage, la sécrétion fournie par les glandes se trouvant à la commissure de ses lèvres est récupérée avec ses pattes antérieures et appliquée sur son pelage. Lorsqu’il se déplace, son odeur se déposera ensuite sur la végétation et il marque ainsi son territoire. Lorsqu’il s’assied, ses glandes anales marquent le sol.

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29 avril, 19h37 – La toilette du lièvre.

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Sur cette photo, je me suis rendu compte qu’il a « pris du plomb … dans les oreilles ». Elles sont percées de petits trous idéalement ronds.

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Séance d’étirement. Une oreille est aussi trouée sur les bords.

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Le regard tourné vers le couchant, pensif et détendu. 

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29 avril, 19h43 – C’est parti pour la nuit. Le « rescapé » est en principe tranquille jusqu’à la prochaine ouverture de la chasse!

L’urine et les excréments jouent également un rôle important. Le lièvre, comme le Lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus), ne dispose pas de glandes sudoripares ; bref, il ne transpire pas.

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Son profil n’est pas des plus élégants.

On peut régulièrement lire ou entendre que le lièvre a la faculté de retenir son odeur pour égarer les chiens lorsqu’il est poursuivi. Je n’ai pas d’explication à donner à ce phénomène mais plutôt une anecdote personnelle à raconter sur ce sujet :

« alors que je me promenais sur une piste qui traversait une grande parcelle récemment reboisée, j’ai entendu une meute de chiens courants qui se rapprochait. Un lièvre a déboulé sur la piste, a commencé à la remonter dans la direction opposée à la mienne puis s’est brusquement enfoncé dans les herbes hautes qui la bordaient. Comme il ne réapparaissait pas, je me suis lentement rapproché, les chiens étant encore loin. Rien ne se passe ; il ne détale pas et je n’arrive pas à le localiser. Et puis brusquement, je m’aperçois qu’il est là, tapi à mes pieds! Je reste un instant à l’observer ; il est figé! Je m’éloigne alors à reculons et j’attends. Les chiens se rapprochent et arrivent eux aussi sur la piste, d’abord intrigués par ma présence puis nez à terre pour retrouver la trace du poursuivi. Ils aboient, reniflent, tournent en rond et passent à plusieurs reprises à côté de lui, sans prospecter dans les hautes herbes. un cor de chasseur retentit à plusieurs reprises et les chiens finissent par reprendre leur quête en la remontant dans l’autre sens, vers leurs maîtres. Le calme revient alors assez rapidement. Je suis toujours là, à attendre : c’est alors que le lièvre repart en bondissant sur la piste et je finis par le perdre de vue ».

Retenait-il réellement son odeur? Je ne puis l’affirmer. Si celle-ci, qui est je crois légère, ne se transmet que par contact avec la végétation, un saut de côté sur la piste sableuse lui aura peut-être permis de faire perdre sa trace.

Le lièvre est généralement silencieux mais il est capable de s’exprimer : on dit qu’il vagit (vagissement) ou couine (couinement). Ce bruit perçant ressemble fortement à un cri de détresse ou de douleur ; il peut être poussé quand il est blessé ou apeuré. En cas de conflit avec un congénère, il menace en grinçant des dents en signe d’alerte. Le bouquin grogne quand il parade et se bat pendant le rut ; la hase sans doute aussi.

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Le Lapin de garenne.

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15 avril, 17h20 – Le levraut (ou levreau).

Un jeune lièvre (levraut) peut se confondre avec un Lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus). Cependant, les oreilles de ce dernier sont plus courtes que sa tête et n’ont pas d’extrémités noires.

Avec leurs grandes dents, lièvres et lapins ont longtemps été classés dans l’ordre des Rongeurs, dont fait partie entre autres notre Marmotte des Alpes (Marmota marmota, réintroduite dans les Pyrénées). Depuis le début des années 1900 (1910 semble-t-il), ils appartiennent à l’ordre des Lagomorphes. La nuance est discrète : ils ont deux paires d’incisives sur la mâchoire supérieure, tandis que les rongeurs n’en ont qu’une.

Sa longévité dans la Nature peut aller jusqu’à une douzaine d’années.

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II- Le mode de vie du Lièvre d’Europe

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25 juin, 19h23 – Avec ses grandes pattes antérieures, il ne peut se déplacer que par petits bonds.

Le lièvre, contrairement au Lapin de garenne, ne creuse pas de terrier ; il possède plusieurs gîtes et change régulièrement d’emplacement ; un gîte peut être utilisé plusieurs fois de suite, sauf s’il est dérangé. Ce lieu d’abri et de repos est sommaire, la plupart du temps une simple dépression à même le sol à peine aménagée.  L’arrière-train est dans le gîte et seuls le dos et la tête sont visibles.

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11 juin à 08h02, dans ma pelouse – Ce n’est pas un animal particulièrement craintif. 

Crépusculaire et nocturne, on le rencontre plus facilement l’été en train de se nourrir, le soir ou tôt le matin ; à cette période-là, on peut même le rencontrer en plein jour.

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29 avril, 19h46 – Le lièvre au soleil couchant vers son destin, au début de sa longue nuit.

Il est sociable à tendance plutôt grégaire ; on le rencontre au gagnage en petits groupes plus ou moins lâches, sur le même domaine vital. Une hiérarchie est respectée entre les sujets des deux sexes. Pendant le jour, il quitte le groupe pour se reposer en solitaire.

Sédentaire, il ne défend pas de territoire mais il y reste attaché si celui-ci lui est favorable.

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20 mai, 21h19 – A l’écoute, sur un champ de blé récemment moissonné.

Dans le Béarn, je le rencontre le plus souvent seul, comme on peut s’en rendre compte sur mes photos. Sans lâchers réguliers à l’initiative des sociétés de chasse, il aurait peut-être disparu. En fait, sa densité dépend du biotope qu’il fréquente : elle est bien plus importante dans les grandes zones céréalières qu’en montagne.

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25 juin, 19h27 – Dérangé sans être poursuivi, il prend de la distance puis se dresse sur ses pattes postérieures et regarde tout autour de lui en agitant ses oreilles, humant l’air.

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22 juin, 19h40 – Il est peu visible quand il mange, car il tient souvent les oreilles repliées sur le dos.

Sa vitesse, son mimétisme et ses ruses lui permettent la plupart du temps d’échapper à ses ennemis sauf à l’homme qui le connaît bien ; la Nature a été très généreuse pour lui. La plupart du temps, sa seule chance de salut est la fuite mais son comportement est différent selon qu’il est poursuivi à découvert ou dans un bois.

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20 juillet, 18h27.

En plaine, il file droit devant lui pour prendre le large et essayer de gagner le plus rapidement possible un couvert (bois, cultures, vignes, haies, etc.).

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22 août, 18h16 – Un lièvre « qui ne demande pas son reste ».

A couvert, il cherche à désorienter ses poursuivants. Il peut se tapir dans la végétation basse « en retenant son odeur », laisser passer le danger puis rebrousser chemin sur le même trajet qu’il a emprunté pour mélanger les odeurs. S’il en a le temps, il peut brouiller ses traces en faisant des crochets, sauter de côté, revenir un peu sur ses pas. Si le danger est trop près, il augmente l’écart en filant tout droit. Infatigable, il multiplie les feintes et peut même revenir vers ses poursuivants et se tapir.

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III- Le régime alimentaire du Lièvre d’Europe

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11 juin, 18h41 – Un lièvre à la sortie d’un petit bois où il a passé la journée, probablement en bordure. 

Le lièvre est un animal exclusivement herbivore. Il sort en début de soirée pour se nourrir en pleine campagne, jusqu’au matin où il revient au gîte pour se tapir. Selon la disposition de la nourriture, il peut être amené à parcourir de grandes distances durant la nuit, en particulier s’il a été dérangé. Cela peut être aussi une ruse, pour éviter d’attirer l’attention des prédateurs potentiels sur l’emplacement de son gîte.

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11 juin, 18h50 – Toujours le même lièvre sur ma pelouse en jachère, occupé avec les tiges de pissenlits.

Son régime dépend de l’endroit et de la période de l’année. Il se nourrit principalement de graminées (pissenlits, …) et autres plantes herbacées sauvages (trèfle, …), pousses et feuilles tendres, boutons floraux, baies, etc. Il s’intéresse aussi à diverses céréales et légumes.

Il produit deux sortes de crottes et a la particularité, tout comme entre autres le Lapin de garenne et notre Marmotte des Alpes, de réingérer certaines d’entre elles pour les digérer une seconde fois, afin d’assimiler les nutriments qui ne l’ont pas été lors de la première ingestion. C’est tout-à-fait normal : ce phénomène s’appelle la cæcotrophie.

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15 juillet, 17h10 – En train de manger les pousses vertes, sur un champ de blé ramassé à proximité d’un champ de maïs.

Les crottes dures et sèches qui trahissent souvent sa présence correspondent aux déchets non digérables. Il va réingérer les cæcotrophes, nom masculin ou féminin donné aux autres crottes qui sont molles, humides et luisantes et qu’il évacue après une longue période de repos. Enrichies en éléments nutritifs, elles sont produites par les bactéries présentes dans le cæcum (une partie du gros intestin). Il les reprend directement à l’anus, collées en grappes et recouvertes d’un mucus. Celui-ci les protège de l’acidité de l’estomac pour les faire parvenir intact(e)s au niveau de l’intestin grêle, où les nutriments pourront être absorbés.

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13 mai, 17h44 – Tout ce qui est vert peut l’intéresser.

Sa nourriture normale ayant une teneur en eau suffisant à ses besoins, le lièvre boit habituellement très peu. Au cours de périodes où les aliments à sa disposition seront très secs, il sera amené à compenser un manque d’hydratation.

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IV- L’habitat du Lièvre d’Europe

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23 septembre, 17h44 – Un lièvre dans les Pyrénées, observé pendant le brame du cerf (altitude 1 450 m).

Le lièvre fréquente tous les milieux, champs, cultures, plaines, forêts. On peut le rencontrer en montagne jusqu’à 2 000 mètres d’altitude environ (étage subalpin) mais il préfère les zones ouvertes à dominante céréalière. Selon la période de l’année, il préfèrera certains types de milieux : en plaine en été et vers les bois lorsque la mauvaise saison arrive.

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04 juillet, 20h41 – Sur une prairie, en bordure d’une haie vive.

L’emplacement de ses gîtes varient selon la météo et la saison, de préférence à l’abri du vent. Il peut être dans une culture (colza, soja, maïs, tournesol, trèfle, luzerne, etc), une vigne, haie vive, roncier, bois, dans les mottes de terre d’un labour. Il est organisé durant la nuit ; si le milieu est très dense, il sera placé à la périphérie afin de lui permettre de prendre rapidement la fuite à découvert en cas de danger.

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29 avril, 19h46 – Le lièvre en bordure d’un champ de colza.

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V- La reproduction du Lièvre d’Europe

On a écrit beaucoup sur ce sujet et les versions sont parfois différentes, parfois même contradictoires. Je retiens ici ce qui m’a semblé le plus cohérent en fonction des sources sérieuses consultées et de ce que j’ai pu moi-même observer.

5-1 La superfétation chez la hase

La hase est fertile une bonne partie de l’année, de fin décembre jusqu’à fin septembre environ. Tant qu’il n’y a pas gestation, elle revient en chaleurs (œstrus), tous les sept jours environ. Pendant cette période, elle adopte une série de comportements pour attirer les mâles et accepter ensuite l’accouplement. Cet accouplement est indispensable pour déclencher l’ovulation (libération de gamètes femelles ou ovocytes par l’ovaire) qui a lieu 12 à 15 heures après ; on parle dans ce cas-là d’ovulation provoquée ou induite. Au contraire, une ovulation spontanée est déclenchée au cours de la période d’œstrus, que la femelle soit en présence de mâles ou non ; c’est le cas de beaucoup de mammifères.

Elle peut avoir jusqu’à quatre portées par an (parfois une cinquième dans des conditions favorables), de deux à quatre petits par portée ; le nombre varie selon les femelles, leur âge et la période de l’année. On peut parfois trouver dans la littérature des données plus optimistes.

Elle a la particularité de pouvoir s’accoupler à nouveau 3 à 4 jours avant la mise bas ; cet accouplement provoque à nouveau une ovulation. Les spermatozoïdes (gamètes mâles) qui vont féconder les ovocytes peuvent provenir de l’accouplement précédent, conservés vivants dans les glandes utérines de la hase.

Cette faculté de concevoir avant la mise bas est appelée la « superfétation ». La remontée des spermatozoïdes à travers l’utérus s’explique par le fait que la hase possède deux cornes utérines séparées : si l’une est pleine de fœtus, l’autre est libre pour laisser passer les spermatozoïdes qui féconderont à nouveau des ovocytes.

Cette situation de double grossesse avec des fœtus prêts à naître et des embryons au début de leur développement augmente sensiblement le nombre de naissances dans l’année.

5-2 Le rut du lièvre d’Europe

Le mâle (reproducteur ou non), le bouquin, est polygame. La période du rut appelée bouquinage (définition du Larousse pour le lièvre et le lapin) peut commencer dès la fin décembre, selon les régions. Les parades nuptiales (elles aussi usuellement appelées bouquinages, peut-être improprement?) sont collectives et essentiellement nocturnes. On peut également assister à ce spectacle tôt ou tard dans la journée.

L’activité est plus intense de mars à juin environ, avec un pic en avril-mai. Les individus des deux sexes s’affrontent au cours de poursuites effrénées ponctuées de sauts impressionnants. Pendant cette période, ils peuvent se laisser surprendre par l’arrivée du jour, loin de leur gîte. Ils se tapissent alors et passent la journée là où ils se trouvent.

Quand une hiérarchie s’est instaurée entre les divers protagonistes, les choses se précisent. La scène se déroule lors d’un « combat » (appelé aussi usuellement bouquinage par les naturalistes) entre le bouquin qui a été le plus endurant et la hase.

Dressés sur leurs pattes postérieures, les deux protagonistes se boxent avec les antérieures tout en s’arrachant quelques touffes de poils. Le mâle en rut cherche à s’accoupler et la femelle, si elle n’est pas prête, le repousse en lui donnant de puissants coups de pattes sur le crâne! Ce combat ne dure que quelques instants puis les deux individus s’éloignent, après accouplement si elle a entretemps changé d’avis, ou non.

Les courses-poursuites reprennent et ce rituel de combat entrecoupés de poursuites est répété aussi souvent que la hase le décidera (parfois successivement avec différents mâles tenaces), jusqu’à ce qu’elle soit enfin prête à accepter l’accouplement ou … que le bouquin abandonne. Celui qui a résisté à son rythme soutenu va la couvrir, la bouquiner d’après le Larousse. Les accouplements ne durent que quelques secondes, nombreux et répétés.

Le bouquin, après avoir fait ses affaires, se désintéressera de la hase qui reste seule pour la suite des évènements. Ces combats pendant le rut sont assimilés à tord à des combats entre mâles.

5-3 Le développement du levraut

La gestation dure de 40 à 42 jours, puis la hase met bas à même le sol sur son gîte caché dans les hautes herbes, sans aménagement particulier. En présence de superfétation, l’intervalle entre deux portées successives est ramené à 37-38 jours.

Très précoces, les petits naissent les yeux ouverts, avec une fourrure complète. Ils pèsent en moyenne entre 90 et 130 grammes. Ils assurent immédiatement leur propre thermorégulation et leur propre camouflage. Après que la mère ait fait leur toilette, ils sont capables de se déplacer et se dispersent à quelques mètres autour du gîte de mise bas. Ils vont occuper indépendamment leur propre gîte où ils se terrent sans bouger, à proximité de leur mère.  Elle n’y viendra que pour les allaiter, afin de ne pas compromettre leur protection. Ils sont capables de courir au bout de quelques heures.

La hase a trois paires de mamelles. Les levrauts ne sont allaités qu’une seule fois par jour, en général une heure après le coucher du soleil et pendant une durée très brève, inférieure à cinq minutes. La hase leur rend visite à tour de rôle. Cette unique tétée est suffisante à leur bonne croissance, grâce à la composition très riche du lait en graisses, lactose et protéines.

Elle les laisse alors seuls et parcourt la campagne pour se nourrir, alternant avec des moments de toilettage et de repos.

Au début de leur vie, le premier réflexe des levrauts est de rester tapis au sol. Ils ne dégagent pas d’odeur ou bien très légère. Bien cachés, la couleur de leur pelage leur assure un bon complément de camouflage. Ils restent quand même exposés à la prédation mais la hase est capable de se battre si elle les sent menacés.

Leur croissance est très rapide et la durée de l’allaitement très courte ; les levrauts commencent à consommer de l’herbe dès l’âge de 4 à 7 jours. Cette consommation augmente ensuite très rapidement après la deuxième quinzaine, pour devenir quasi exclusive après le sevrage ; c’est la hase qui met fin à l’allaitement, en arrêtant de venir allaiter ses petits qui approchent déjà le poids d’1 kg.

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21 août, 20h52 – Encore au gîte. Je ne l’ai vu que par hasard! C’est un levraut.

Ils sont pleinement autonomes au bout de quatre à cinq semaines. Vers deux mois ils vont se disperser avant d’avoir atteint leur maturité sexuelle, certains à plusieurs kilomètres de leur lieu de naissance ; ils ont bien grossi et dépassent déjà les 2 kg. Leur poids d’adulte est atteint vers le cinquième mois. Cependant, ni le poids, ni la taille ne peuvent être de bons critères pour déterminer leur âge.

Leur maturité sexuelle peut être acquise dès l’âge de 3-4 mois. Les jeunes femelles nées en début d’année peuvent se reproduire avant l’automne qui suit immédiatement leur naissance ; dans ce cas, la taille et le nombre de portées resteront limités.

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22 mai, 18h45 – Un levraut émancipé.

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VI- Répartition et statut du Lièvre d’Europe

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A ma vue, il s’est figé!

6-1 Répartition

Il est présent sur l’ensemble de la France continentale. Il a été introduit sur certaines îles, comme la Corse entre 1977 et 1990 à partir d’individus originaires de Tchécoslovaquie et de Pologne.

Son aire de répartition s’étend de l’Europe de l’Ouest à la partie ouest de la Sibérie. Au sud, elle atteint le golfe Persique.

En Europe, il est absent de la plus grande partie des péninsules Ibérique et Italique, où il est remplacé par d’autres espèces de lièvres. Il a été introduit en Irlande, en Amérique du nord, en Australie, en Nouvelle-Zélande (1851), dans le cône sud-américain (Argentine, Brésil, Chili, Paraguay et Uruguay) et dans de nombreuses îles y compris de zones tropicales.

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Lapin de garenne, Nouvelle-Zélande du Sud (introduit).

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Levraut de Lièvre d’Europe, Nouvelle-Zélande du Sud (introduit).

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Levraut de Lièvre d’Europe, Nouvelle-Zélande du Sud.

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Lièvre d’Europe adulte, Nouvelle-Zélande du Sud.

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Lièvre d’Europe adulte, Nouvelle-Zélande du Sud.

Au lever du jour, j’ai vu bien plus de lièvres en bordure de cette rivière du Canterbury, que je n’en ai vu dans le Béarn depuis que j’y habite!

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6-2 Statut juridique

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10 janvier, 18h17 – Malgré la neige et le froid, il faut bien se nourrir!

Le Lièvre d’Europe fait partie de la liste des espèces de gibier que l’on peut chasser sur le territoire européen de la France et dans sa zone maritime : Article 1 – Arrêté du 26 juin 1987 fixant la liste des espèces de gibier dont la chasse est autorisée.

Je n’ai pas trouvé d’enquête nationale récente sur les prélèvements de lièvres par la chasse. L’estimation nationale réalisée au cours de la saison 1998-1999 s’élevait à 918 000 +/- 17 000 lièvres, soit une baisse de plus de 41 % par rapport à l’estimation effectuée en 1983 et de près de 71 % par rapport à celle de 1974 (Source : ONCFS – Le Lièvre d’Europe – Septembre 2003).

Pour la saison 2013-2014, les prélèvements en France ont été estimés à 627 000 lièvres (Source : ONCFS – Synthèse études et travaux Lièvre d’Europe du réseau cynégétique Novembre 2019). Aujourd’hui, les données sont essentiellement départementales ou régionales. A toutes ces données, il faudrait ajouter la mortalité ultérieure due à certaines blessures, que l’on ne connaît pas ; elles ne sont pas à négliger car cet animal, blessé, est encore très résistant.

Différentes mesures réglementaires sont çà et là appliquées à la limitation ou à la régulation des prélèvements cynégétiques opérés sur le lièvre, certaines à titre plus ou moins expérimental : ouvertures retardées et fermetures anticipées, nombre de jours de chasse, interdictions temporaires, prélèvements limités, déclaration obligatoire des prélèvements, etc.

Voici quelques séquences vidéos issues de pièges photographiques posés pendant la période de fermeture de la chasse, montrant la vie routinière du Lièvre d’Europe du soir au matin, dans un sous-bois dans le Béarn. Les animaux explorent à petits bonds, se nourrissent, sentent, écoutent au milieu de la faune des lieux. 

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VII- Prédateurs et mortalité du Lièvre d’Europe

7-1 Prédateurs du Lièvre d’Europe

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20 juillet, 20h25 – En pleine course, arriver à les immortaliser n’est pas toujours facile.

Les lièvres doivent souvent leur salut à une fuite très rapide ; les prédateurs s’attaquent surtout aux levrauts.

Ses prédateurs naturels sont le Renard roux, les mustélidés (Fouine, Martre, Hermine, Belette, putois, furet), le Loup, le Lynx boréal, le Chat sauvage ou Chat forestier, certains grands rapaces (Aigle royal, Hibou grand-duc,…).

Ses prédateurs bien moins naturels sont l’homme (chasse), les chats et les chiens.

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06 mai, 18h45 – La fuite exposée du levraut.

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22 mai, 19h59 – Même les adultes ont un comportement parfois risqué.

Les autres causes de mortalité sont le trafic routier, le machinisme agricole pour les levrauts avec les labours, la fauche des prairies et les diverses récoltes, les pesticides et certaines maladies.

7-2 Les maladies du Lièvre d’Europe

Le Lièvre d’Europe est sujet à plusieurs maladies bactériennes, virales et parasitaires dont les plus représentées sont l’EBHS, la Pseudotuberculose ou Yersiniose, la Coccidiose, la Pasteurellose et la Tularémie ; elles sont les principales causes de diminution de sa population.

La Pseudotuberculose ou Yersiniose est une maladie bactérienne qui touche diverses espèces animales (lagomorphes, certains rongeurs, certains ongulés ou carnivores, quelques oiseaux comme le Pigeon ramier), mais en priorité le lièvre. C’est la pathologie la plus fréquente et la plus meurtrière chez cette espèce. Elle peut représenter de 20 à 50% des cas de mortalité du lièvre par maladie. La contamination, directe, se fait par voie orale avec absorption de nourriture souillée ou contact avec un milieu contaminé. Les symptômes sont discrets, prostration, anorexie, diarrhée profuse, signes nerveux ou paralytiques. La transmission de lièvre à lièvre est peu fréquente. La transmission de la maladie à l’homme est possible mais reste rare, resultant le plus souvent d’un manque d’hygiène lors de la manipulation d’un animal contaminé.

L’EBHS (European brown hare syndrome ou Syndrome du Lièvre Brun Européen) est une maladie hémorragique virale spécifique au lièvre. Décrite pour la première fois en Suède en 1980, elle apparaît en France en 1985. Elle atteint essentiellement le Lièvre d’Europe et le Lièvre variable (Lepus timidus), sur des individus de plus de deux mois. Elle est très fréquente dans la plupart des populations de lièvres, sans que ceux-ci n’en meurent systématiquement. La contamination, très facile, peut cependant engendrer des mortalités importantes. Le virus est très résistant dans le milieu naturel (3-4 mois) et se transmet par contact direct (voie oro-nasale) ou indirect (excréments, ingestion d’aliments contaminés) avec un animal ou un cadavre contaminé. Les symptômes observés dépendent du degré de contamination, la mort pouvant survenir rapidement. L’animal est souvent découvert avec une goutte de sang au bout du nez. Elle ne se transmet pas à l’homme.

Le RHDV2 (Rabbit Hemorrhagic Disease Virus type 2) est une souche virale du RHDV (Virus de la maladie hémorragique du lapin) qui affecte les lapins domestiques et sauvages. Le virus, apparu en France en 2010, est transmissible entre le lapin et le lièvre. Il conduit aux mêmes symptômes que l’EBHS. Il serait responsable d’une part importante des épidémies de type EBHS détectées chez le lièvre. Rien n’indique que le passage du RHDV2 au lièvre s’accompagne d’un accroissement de l’impact de la maladie hémorragique.

Fréquente chez le lièvre, la Coccidiose est leur maladie parasitaire la plus importante ; c’est une affection grave qui touche surtout les jeunes dans les semaines suivant leur sevrage. Elle se manifeste en automne et entraîne la mort dans 70% des cas. C’est une espèce de parasite qui se loge dans certains organes tels que les intestins, le foie et les reins. Cette maladie ne présente aucun danger pour l’homme.

La Pasteurellose est une maladie bactérienne qui se développe suite à un stress particulier ou à une baisse des défenses immunitaires, jusqu’à provoquer la mort. Elle se traduit surtout par des troubles respiratoires et ne représente pas de danger particulier pour l’homme.

La Tularémie, appelée aussi fièvre du Lapin, est provoquée par une bactérie commune aux rongeurs, aux lagomorphes et à l’homme. Principalement saisonnière, elle affecte généralement de petites zones avec une forte densité. La transmission au lièvre est essentiellement indirecte via des tiques principalement, parfois des taons et des moustiques, et s’effectue le plus souvent à partir d’une forte population de campagnols. Cette maladie leur est rapidement fatale mais la mortalité reste limitée. Les symptômes sont de la fièvre, frissons, douleurs articulaires et musculaires, … ; elle est rare pour l’instant mais la fréquence augmente. L’être humain se contamine par contact direct de la peau, pénétration conjonctivale (éclaboussures, frottements avec une main souillée), pénétration orale (eau contaminée, viande d’animaux infectés et insuffisamment cuite).

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Il est également sujet à d’autres maladies, qui ont un impact sur le taux de reproduction :

La Strongylose pulmonaire : c’est une maladie parasitaire qui affecte certaine populations de lièvres notamment dans le sud-est de la France. Les habitats viticoles sont plus infestés que ceux herbagers. Les femelles touchées ont une fécondité plus faible.

La Brucellose : c’est une maladie bactérienne qui provoque des lésions de l’utérus et des testicules et a donc une incidence sur le succès de la reproduction. Son impact en France est peu connu.

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Suite à des mortalités anormales de lièvres en 2023 dans les Hauts de France compatibles avec une maladie hémorragique, les investigations ont permis d’identifier un nouveau variant « G1.3V » de virus de l’EBHS (Lettre n°193 de Mai 2024 du réseau SAGIR). Le réseau Sagir est un dispositif national de surveillance épidémiologique dédié à la faune sauvage (oiseaux, mammifères terrestres, amphibiens et reptiles). Administré par l’Office français de la biodiversité (OFB), le réseau Sagir repose sur un partenariat avec les fédérations de chasseurs et les laboratoires vétérinaires départementaux (LVD).

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VIII- Les autres espèces de lièvres en France

Il existe trois autres espèces de lièvres en France métropolitaine, une autochtone et deux introduites :

_ le Lièvre variable (Lepus timidus) : espèce autochtone, il est présent en haute montagne dans les Alpes uniquement (à partir de 1 850 m environ, où il côtoie le lièvre d’Europe jusqu’à 2 100 m, altitude limite de ce dernier). Au printemps, lorsque la neige fond, il change de couleur de pelage : sa fourrure passe du blanc au brun. Pendant la phase de transition, il est possible d’apercevoir des lièvres avec un pelage à deux couleurs.

Le Lièvre variable était abondant pendant tout le Tardiglaciaire dans de nombreuses régions en France (18 000 à 11 700 Avant le Présent ou AP). Lorsque la glace s’est retirée et qu’il a fait plus chaud dans les régions plus basses (trop chaud pour les lièvres variables), ils sont restés dans les Alpes et ne peuvent maintenant plus rejoindre les autres populations du nord. Une telle population séparée est appelée une « population relique » de la période glaciaire. En hiver, il garde la couleur noire au bout de ses oreilles.

_ le Lièvre ibérique (Lepus granatensis) : on trouve quelques noyaux de populations dans le sud de la France (Pyrénées-Orientales), suite à des lâchers à des fins cynégétiques, entre 1975 et 2012 au moins. Considéré comme une sous-espèce du Lièvre d’Europe jusqu’à la fin du 20è siècle, le séquençage de l’ADN ont depuis confirmé son statut d’espèce distincte.

_ le Lièvre corse (Lepus corsicanus), appelé aussi le Lièvre italique : anciennement endémique d’Italie, il a été introduit en Corse vers la fin du Moyen-Age, alors qu’aucune espèce de lièvre n’y était présente. La plus ancienne attestation archéologique de sa présence date du 14è siècle. Initialement considéré comme une sous-espèce du Lièvre d’Europe, il est officiellement reconnu comme espèce distincte en 1996.

Le Lièvre d’Europe et le Lièvre ibérique y aillant été à leur tour récemment introduits, sa détermination est devenue délicate ; des données plus précises ont été acquises sur ses caractéristiques génétiques, sur sa répartition, son habitat et son régime alimentaire ; elles ont pu faire l’objet d’une publication scientifique récente (Christian Pietri – Range and status of the Italian hare Lepus corsicanus in Corsica -30-12-2015). Il subsiste essentiellement en Haute-Corse (97% de la population). Il existe deux autres petits noyaux dont la situation est plus précaire (Cap Corse et Sagone), avec des risques majeurs d’hybridation avec les deux espèces récemment introduites. Le Schéma Départemental Cynégétique en cours y interdit l’introduction, la détention ou le transport d’autres espèces de lièvre que celle-ci.

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animation du lièvre

La fuite à découvert du lièvre à la sortie de son gîte (animation gif)!

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XI- Bibliographie et webographie

_ Le Lièvre d’Europe. In : Ruys T. (coord.) 2012. Atlas des Mammifères sauvages d’Aquitaine – Tome 2 – Les Artiodactyles et les Lagomorphes. Cistude Nature & LPO Aquitaine. Edition C. Nature, 129 pp.

_ Inventaire National du Patrimoine Naturel (2018). Bibliographie de la faune, la flore et la fonge de France métropolitaine et outre-mer – Occurrences de Lièvre italique (Lepus corsicanus) issues de la bibliographie (Pietri 2015). UMS PatriNat (OFB-CNRS-MNHN), Paris. Occurrence dataset : https://doi.org/10.15468/knfdgd accessed via GBIF.org on 2025-05-05

_ Muséum National Histoire Naturelle – pourquoi le lapin mange-t-il ses crottes? : https://www.mnhn.fr/fr/pourquoi-le-lapin-mange-t-il-ses-crottes

_ Vanessa Besson. Épidémiosurveillance du Lièvre européen dans la région Midi-Pyrénées de 2001 à 2003. Médecine vétérinaire et santé animale. 2005. dumas-04571089 :  https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-04571089v1/file/debouch_1469.pdf

_ Le magazine Pour la Science – Les superfemelles du lièvre – Jean-Jacques Perrier – 29 septembre 2010 : https://www.pourlascience.fr/sd/zoologie/les-superfemelles-du-lievre-10700.php

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