29 septembre 2021 – Le cerf Quatorze cors, sujet de cette publication.
Cette publication est la dernière d’une série alimentée avec mes photos du brame 2021. Elle concerne un beau Quatorze cors irrégulier d’âge mûr. Il y a parfois des rencontres imprévues avec des animaux qui me marquent.
Aujourd’hui, le cadre est celui d’une prairie délaissée du piémont pyrénéen. Une météo capricieuse ralentit l’activité humaine et les conditions deviennent propices à l’observation en plein jour d’animaux aux mœurs plutôt nocturnes.
La démarche de ce cerf, tout autant et sinon plus que sa corpulence et sa ramure, m’a impressionné. Je n’avais encore jamais observé un tel comportement.
Il était seul dans la prairie. Les biches, qui vivent toute l’année à proximité des places de brame et qui connaissent bien les lieux, sortent du couvert végétal les premières. Ce jour-là, elles étaient en retard par rapport au mâle.
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I- Mon observation en photos
Les photos qui suivent sont prises avec un téléobjectif en étant à l’abri du regard de l’animal et à une bonne distance, légèrement recadrées.
Comme je ne m’attendais pas particulièrement à voir un cerf si tôt, je pense qu’il m’a aperçu en premier.
Il n’y avait que lui et moi! Il a commencé à se déplacer et cette démarche m’a de suite interpelé. Il semblait marcher au ralenti, d’une façon un peu mécanique et comme si chaque mouvement était calculé à l’avance.
Il est resté ainsi une fraction de seconde, la patte repliée, avant de reposer son sabot à terre pour continuer d’avancer.
Il s’est rapidement immobilisé, pour se mettre à l’écoute.
Puis, il est reparti d’un même pas lent et mesuré, les sens à l’écoute, la tête bien relevée.
Quelque chose que je ne vois, ni n’entend, l’a intrigué. Après avoir tourné brièvement la tête en arrière, il pousse un raire d’intimidation, avant de continuer (photo recadrée du format paysage au format portrait).
A l’arrêt, pourquoi lève-t-il sa patte avant si haut?
Cet animal est manifestement sur ses gardes!
Ses sens sont en alerte permanente, surtout l’ouïe et l’odorat.
Il reprend sa marche, …,
…, hésite à labourer l’herbe, …
…, et lance une insulte dans ma direction.
Puis, la « parade » continue, les pattes avant l’une après l’autre bien relevées.
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II- L’explication de cette démarche
Pendant toute la durée de mon observation, le cerf ne m’a montré que son profil, mettant bien en évidence toute son énorme masse corporelle. A aucun moment, il ne s’est positionné de face ou de dos comme cela arrive habituellement. Il m’a fait une démonstration de force et de fierté. Ce cerf était sûr de lui, il m’a impressionné! La position de ses oreilles, couchées en arrière, est celle que l’animal adopte quand il est en colère ou irrité.
Il s’est passé quelque chose ce jour-là. Au moment du brame, un cerf qui n’a pas peur de l’homme peut devenir dangereux. Le cerf est un animal qui n’est pas territorial ; il ne défend pas sa place de brame, il défend l’accès à ses biches contre tout ce qui lui semble être un concurrent potentiel. Et à ce moment-là, il n’y avait que lui et moi!
Il faut éviter à tout prix de le surprendre dans son environnement immédiat. Certains peuvent charger, une situation rare mais toujours possible. Quand il est surexcité, il ne faut pas lui demander de réfléchir ; nous, on ne fait pas mieux. Le reste de l’année, il est beaucoup plus prudent et s’enfuit à la moindre alerte.
Mes recherches sur le Net ne m’avaient apporté aucune réponse. Cette démarche cadencée ne semblait pas avoir été observée ; pas de commentaire ni de photos.
Alors que j’étais resté sur mes interrogations, j’ai été agréablement surpris de trouver récemment l’explication dans un ouvrage sur le Cerf élaphe. Mon regard s’est d’abord arrêté sur une photo ; elle illustrait la même situation et le texte était explicite!
L’auteur de l’ouvrage avait fait la même constatation à plusieurs reprises, constatation qui l’avait lui aussi interpelé et qui avait trouvé sa réponse dans les faits ultérieurs qu’il avait observés.
C’est un des signes d’intimation d’un cerf irritable dont le comportement envers un adversaire, homme ou animal, est exacerbé au moment du brame. Le dernier des signes d’intimidation est le révulsement des yeux, qui n’annonce plus rien de bon!
L’irritabilité de certains individus d’une espèce réputée placide est en effet un facteur qu’il faut garder en tête. Pour s’en convaincre, il suffit de penser à un autre ruminant de nos estives pyrénéennes et vedette estivale très prisée pour accompagner les selfies, la vache ; personnellement, je les contourne toujours en ne les perdant pas de vue! D’autres, moins méfiants, en gardent parfois un mauvais souvenir.
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III- Une anecdote avec une morale de l’histoire
07 octobre 2021 – Ce jour-là, je me suis dit : « il ne va pas le faire »! Et bien si, il l’a fait! Je parle du geste de ce mouton, derrière le cerf de la photo.
On dit : « Tout doux comme un mouton »! Oui, mais il ne faut pas les contrarier. Ce cerf broutait tranquillement dans une estive, sur le passage emprunté régulièrement par une dizaine de moutons. Ces derniers ne voulaient pas passer ailleurs et le cerf était indifférent à la gêne qu’il leur causait. Ils attendaient qu’il se bouge, en continuant à brouter. L’un d’entre eux, intrépide et moins patient, s’est alors avancé vers lui. Toujours pas de réaction! Il lui a carrément donné un coup de tête dans les pattes arrière pour dégager le passage. On voit le cerf est en train de déguerpir sans demander son reste!
La morale de cette dernière anecdote : une bête, même parmi les espèces les plus paisibles, peut avoir parfois une réaction imprévisible! Il faut en tenir compte.
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