La République des Pyrénées (26 octobre 1996) – Chantier de restauration des pelouses à orchidées, avec les élèves des écoles primaires de Simacourbe et de Lalongue.
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Le Vic-Bilh est une région de vignobles du Madiran et du Pacherenc situé dans le Nord-Est du Béarn. Son économie est essentiellement agricole et la viticulture est bien présente. J’ai découvert l’intérêt patrimonial des orchidées sauvages du Vic-Bilh au début des années 2010. Pour moi, l’orchidée était jusqu’alors une fleur « exotique » et je n’imaginais pas qu’il puisse en pousser dans la région.
Sur les coteaux de Cadillon – Une parcelle de vigne à gauche et une pelouse sèche en face.
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I- Les pelouses sèches à orchidées
L’intérêt régional pour ce patrimoine floral est assez récent et date de 1994 où des scientifiques naturalistes ont répertorié l’ensemble des pelouses sèches du Vic-Bilh. Les travaux de restauration et de gestion des différents sites ont ensuite commencé en 1997, afin d’empêcher la disparition des orchidées et autres plantes et faune associées.
Une pelouse fleurie d’Orchis Pyramidal (Anacamptis pyramidalis).
Ces coteaux calcaires sont colonisés par des pelouses sèches et des landes à genévriers sur les versants exposés ouest / sud-ouest, entre 130 et 250 mètres d’altitude environ. Jusqu’à l’apparition du Phylloxera au 19è siècle, ils étaient occupés par des vignes qui furent alors arrachées. Les parcelles furent ensuite réutilisées pour le bétail. Avec la régression de ces activités pastorales dans les années 1950, ces espaces ont été livrés à eux-mêmes et ont une tendance à se refermer.
Une pelouse fleurie d’Orchis pourpre (Orchis purpurea). En 2021, cette parcelle (qui était exceptionnelle en nombre d’Orchis pourpre) est en train de devenir un roncier, après être restée plusieurs années sans fauchage.
Ces espaces ont été en partie classés en site Natura 2000 sur une superficie d’environ 250 hectares et 17 communes, afin de pouvoir bénéficier d’une restauration et de l’entretien de ces habitats. Cela concerne les coteaux de Castetpugon, de Burosse-Mendousse (représentant une grande partie de ce que l’on appelle les pelouses sèches de Garlin), de Conchez-de-Béarn, de Cadillon, de Castillon, d’Arricau-Bordes, de Lespielle et de Lembeye (représentant une grande partie des pelouses sèches de Lembeye).
Le nombre d’espèces d’orchidées présentes diverge selon les sources : 30 sur le panneau du Conservatoire des Espaces Naturels (CEN) d’Aquitaine (CEN) présent sur le site de Lespielle et 29 dans la littérature sur le Web. Je n’ai pas trouvé d’inventaire détaillé récent des espèces présentes. C’est le but que je me suis fixé avec cette publication.
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II- Ma liste personnelle des orchidées du Vic-Bilh
Certaines espèces d’orchidées s’hybrident facilement entre elles et l’identification est parfois compliquée ; il ne faut pas hésiter à consulter un(e) botaniste expérimenté(e).
Un coteau typique à orchidées, exposé ouest – A l’horizon, la chaîne des Pyrénées dans les nuages.
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2-1 _ Nombre d’espèces d’orchidées du Vic-Bilh répertoriées
Depuis 2013, j’ai personnellement répertorié 27 espèces :
_ 25 observées directement (dont une avec un seul pied connu qui a disparu depuis ma dernière observation en 2015 et une autre que je ne retrouve plus),
_ 1 accidentellement disparue en 2015 avant que je ne l’observe (Ophrys lutea)
_ 1 qu’il me reste à découvrir (Cephalanthera longifolia). L’existence de cette dernière orchidée dans la région est confirmée sur les publications sérieuses disponibles, mais elle est très rare ; sa présence avérée commence à dater et, qui sait, elle a peut-être elle aussi disparu.
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2-2 _ Répertoire détaillé des orchidées du Vic-Bilh
Les orchidées suivantes sont présentes dans tout le Vic-Bilh, sauf mention particulière entre parenthèses. Ma notion de rareté n’est valable que localement :
1_Orchis bouffon (Anacamptis morio), floraison en avril (pelouses de Garlin),
2_Orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis), mai à mi-juin,
3_Orchis parfumé ou Orchis à odeur de vanille (Anacamptis coriophora fragrans), mai (pelouses de Garlin),
4_Orchis tacheté ou Orchis maculé (Dactylorhiza maculata), mai à mi-juin,
5_Orchis de Fuchs ou Orchis tacheté des bois (Dactylorhiza fuchsii), mai,
6_Orchis bouc (Himantoglossum hircinum), mi-mai à juin.
7_Orchis mâle (Orchis mascula), début avril (rare ; pelouses de Lembeye),
8_Orchis pourpre (Orchis purpurea), d’avril à mi-mai maxi,
9_Orchis brûlé (Neotinea ustulata), mai, très rare, disparue après 2015,
10_Orchis moucheron (Gymnadenia conopsea). Fleurit à partir de fin mai,
11_Orchis à fleurs lâches (Anacamptis laxiflora). Fin avril-début mai (très rare ; pelouses de Lembeye),
12_Orchis grenouille, orchis vert, Satyrion vert (Coeloglossum viride). Fin avril-début mai (rare),
13_Orchis homme pendu (Orchis anthropophora). Fin avril-début mai (rare ; pelouses de Lembeye).
14_Ophrys de mars (Ophrys occidentalis ; synonyme : Ophrys exaltata subsp. Marzuela), de mi-février à mi-mars environ,
15_Ophrys abeille (Ophrys apifera), mai à mi-juin,
16_Ophrys bécasse (Ophrys scolopax), mai à mi-juin,
17_Ophrys mouche (Ophrys insectifera), d’avril à mi-mai.
18_Ophrys araignée (Ophrys sphegodes ; synonyme : Ophrys aranifera), mars,
19_Ophrys sillonné (Ophrys sulcata), en avril,
20_Ophrys jaune (Ophrys lutea), jamais rencontrée et disparue en 2015 du seul site connu de Cadillon (voir paragraphe III).
21_Sérapias langue ou Sérapias à languette (Serapias lingua), début avril à fin mai,
22_Sérapias en soc ou Sérapias à labelle long (Serapias vomeracea), mai,
23_Platanthère à fleurs verdâtres ou Orchis verdâtre (Platanthera chloranta), mai,
24_Platanthère à 2 feuilles ou Orchis à deux feuilles (Plantanthera bifolia), mai (plus précoce que la précédente),
25_Listère à feuilles ovales (Neottia ovata), mai à mi-juin (très rare),
26_Spiranthe d’automne (Spiranthes spiralis), vue il y a plusieurs années mais non photographiée (car je ne savais pas alors qu’il s’agissait d’une orchidée – Pelouses de Garlin). Rare dans le Vic-Bilh ; je ne la retrouve plus mais rien n’indique qu’elle ait disparu. Fleurit en septembre, à retrouver,
27_Céphalanthère à feuilles étroites, Céphalanthère à longues feuilles ou Céphalanthère à feuilles en épée (Cephalanthera longifolia), mai – A trouver (très rare ; présence à vérifier sur les pelouses de Lembeye et en principe absente sur les pelouses de Garlin).
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Par secteur, nous avons aujourd’hui 21 espèces d’orchidées sur les pelouses de Garlin (sans l’Orchis homme pendu et la Céphalanthère à feuilles étroites ; leur absence n’est pas confirmée selon les sources disponibles) ; 22 espèces sur les pelouses de Lembeye (avec la Céphalanthère à feuilles étroites, dont je dois encore vérifier la présence).
Cet écosystème est très fragile pour toutes les espèces peu représentées localement, car elles ne bénéficient pas de protection rapprochée!
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III- Remarque sur l’Ophrys jaune
L’Ophrys jaune (Ophrys lutea) a disparu du Vic-Bilh. Le seul site où elle était présente sur une petite parcelle d’1 hectare environ (d’une exceptionnelle richesse avec 15 autres espèces d’orchidées), classé Natura 2000, a été chamboulé en septembre 2015 pour y planter de la vigne. Quand les amoureux de la Nature ont remarqué le travail des bulldozers sur ce coteau, il était trop tard hélas. Le CEN, qui avait signé une convention de gestion pour cette parcelle, est intervenu mais là aussi, il était trop tard (bulletin l’Echo des Sites d’Aquitaine n°63 de janvier 2016).
Un panneau de présentation du Conservatoire des Espaces Naturels (CEN) d’Aquitaine était installé sur le site concerné. Pour illustrer « Une flore riche et variée », il mentionnait entre autres la présence de l’Ophrys jaune (Ophrys lutea). Plus d’Ophrys jaune, plus de parcelle à orchidées protégées et … plus de panneau!
Régulièrement occupé à sa période de floraison, je remettais ma visite du site pour l’observer à plus tard. Hélas!
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IV- Inventaires consultés pour ma publication
Je me suis essentiellement appuyé sur deux inventaires.
Les coteaux du Vic-Bilh, constitués de plissements perpendiculaires à la chaîne des Pyrénées – A l’arrière-plan au centre, on devine la silhouette familière de l’Ossau.
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4-1 _ Inventaire « Zones Naturelles D’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique » (ZNIEFF) – Pelouses à orchidées de Burosse-Mendousse, Castetpugon, Cadillon et Castillon
La Fiche de cet inventaire (Identifiant national 720030038 – version actualisée du 19 avril 2016) fait référence à 25 espèces d’orchidées observées dans le Vic-Bilh entre 2004 et 2006, dont les 23 espèces : 1, 2, 4, 5, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24 et 26.
Cet inventaire de 2004 – 2006 signale, en plus de ces 23 espèces connues, deux autres orchidées : l’Ophrys funerea et l’Ophrys exaltata subsp. splendida (appelée aujourd’hui l’Ophrys arachnitiformis). La première est observée en 2004 (source Franck Jouandoudet) et la seconde en 2005 (Source CREN Aquitaine).
L’Ophrys funèbre (Ophrys funerea) fait doublon, en fait, avec l’Ophrys sillonné (Ophrys sulcata) ; c’est le (19) dans mon inventaire. Il s’agit de la même espèce : la désignation « Ophrys funèbre » est aujourd’hui uniquement réservée à l’espèce corse.
L’Ophrys en forme d’araignée, appelée aussi Ophrys arachnitiforme et Ophrys brillant (Ophrys exaltata subsp. splendida), n’est plus signalée dans les Pyrénées-Atlantiques, à part une apparition ponctuelle en 2018 à Anglet sur le site de la Société Française d’Orchidophilie.
Cet inventaire ne mentionne pas les quatre orchidées suivantes : l’Orchis parfumé 3 (une seule station, bien représentée), l’Orchis brûlé 9 (1 seul pied), la Listère à feuilles ovales 25 (je ne connais qu’une station avec 3 pieds) et la Céphalanthère à feuilles étroites 27 (présence avérée mais que je n’ai pas encore trouvée).
L’inventaire ZNIEFF est un inventaire scientifique national d’éléments rares ou menacés. Il a été lancé à l’initiative du Ministère chargé de l’Environnement en 1982, avec l’appui du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris (MNHN). Il a pour objectif de recenser, localiser et décrire les zones importantes présentant un intérêt écologique, faunistique et floristique particulier pour le patrimoine naturel national, régional ou local. Il a permis de donner une première image synthétique des zones naturelles en France.
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4-2 _ L’ouvrage « A la découverte des Orchidées d’Aquitaine » (Coordonné par Franck Jouandoudet – 2ème Edition – Juillet 2015)
Cet ouvrage signale 23 espèces pour les coteaux de Lembeye : 1, 2, 4, 5, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24 et 26 ; 24 espèces pour les coteaux de Garlin : 1, 2, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 21, 22, 23, 24, 25, 26 et 27. Si on compile les deux coteaux, on inventorie en tout 26 espèces. Il manquerait dans cet ouvrage de référence, par rapport à mon inventaire, que l’Orchis parfumé (Anacamptis coriophora fragrans), le (3).
Le même ouvrage signale aussi L’Orchis singe (Orchis simia), vue en 1994 mais pas depuis!
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V- Mes observations en photos
Mes orchidées observées sont présentées en photo sous leur nom scientifique en suivant l’ordre de mon inventaire ; 24 orchidées montrées sur les 25 que j’ai observées. Dans ce domaine, il est important de partir à la chasse photographique avec un ouvrage spécifique sur ces belles fleurs. La meilleure identification se fait de visu. La première quinzaine de mai est la période où on a le plus grand nombre d’espèces d’orchidées qui fleurissent en même temps.
Certaines espèces développent une variante hypochrome, à ne pas prendre pour une espèce à part entière. L’hypochromie est une anomalie de couleur qui se manifeste par un défaut de pigmentation de la fleur qui paraît alors plus pâle, voire blanche. Elle s’explique par un déficit anormal de pigments rouges et bleus. Je l’ai observé sur l’Anacamptis pyramidal, la Dactylorhiza fuchsii, l’Orchis mascula, l’Orchis purpurea, la Serapias vomerecea. Elle existe aussi chez l’Anacamptis morio, l’Anacamptis laxiflora, la Gymnadenia conopsea (variantes que je n’ai pas encore observées) et peut-être sur d’autres espèces. Sur les spécimens que je suis régulièrement, ce phénomène est reconduit d’une année sur l’autre.
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(1) Anacamptis morio :
L’Orchis bouffon est bien représentée au moins sur deux sites (pelouses de Garlin). Sa floraison est à surveiller très tôt, à partir de la deuxième quinzaine de mars.
Anacamptis morio, Floraison début avril.
Anacamptis morio – Les nuances de couleurs peuvent être variées.
Anacamptis morio – Détail d’une fleur.
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(2) Anacamptis pyramidalis :
L’Orchis pyramidal est très commune partout dans le Vic-Bilh. En mai, elle est en pleine floraison un peu partout.
Anacamptis pyramidal – Très courante. Floraison en mai et début juin.
Anacamptis pyramidal – La hampe peut être très fournie en fleurs.
Anacamptis pyramidal courante avec un pied hypochrome, rare.
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(3) Anacamptis coriophora fragrans :
L’Orchis parfumé ou Orchis à odeur de vanille est bien représentée mais sur un seul site. C’est mon orchidée préférée. Elle est en pleine floraison la deuxième quinzaine de mai.
Anacamptis coriophora fragrans, prête à fleurir (mi-mai).
Anacamptis coriophora fragrans, début de la floraison.
Anacamptis coriophora fragrans en compagnie d’un Damier de la Succise (Euphydryas aurinia), un papillon inféodé aux pelouses sèches.
Anacamptis coriophora fragrans, en pleine floraison.
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(4) Dactylorhiza maculata :
Le labelle de l’Orchis maculé est faiblement trilobé. Le lobe médian est très peu échancré et bien plus étroit que les lobes latéraux. La première feuille à la base du pied a un sommet pointu.
Une pelouse de Dactylorhizas, mais quelle espèce ? La maculata et la fuchsii peuvent se confondre.
Dactylorhiza maculata (?). Le lobe médian est un peu découpé ; il peut s’agir de la « Fuchsii ».
Dactylorhiza maculata (?), détail d’une fleur. Le lobe médian est un peu découpé ; il peut s’agir de la « Fuchsii ».
Dactylorhiza maculata, détail de la fleur. D’après la forme du lobe médian peu marqué, je n’ai plus de doute pour l’identification.
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(5) Dactylorhiza fuchsii :
L’Orchis de Fuchs est plus courante chez nous que l’Orchis maculé. Son labelle par rapport à celui de l’Orchis maculé est nettement découpé, trilobé, avec un lobe médian bien marqué.
Si on a toujours un doute, la première feuille à la base du pied de l’Orchis de Fuchs est ronde (extrémité non pointue) ; mais cette feuille est souvent mangée par les limaces.
Dactylorhiza fuchsii – Un groupe en fin de floraison ; les couleurs s’estompent.
Dactylorhiza fuchsii – Labelle profondément découpé.
Dactylorhiza fuchsii – Lobe médian bien marqué.
Dactylorhiza fuchsii – Détail d’une fleur. Labelle profondément découpé.
Dactylorhiza fuchsii, hypochrome.
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(6) Himantoglossum hircinum :
Présente sur plusieurs stations, l’Orchis bouc est facile à observer de part sa grande taille. En bouton à la mi-mai, elle est en pleine floraison début juin et elle est en principe la dernière à faner.
Himantoglossum hircinum, en pleine floraison.
Himantoglossum hircinum, avec la partie supérieure de la hampe broutée par le bétail.
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(7) Orchis mascula :
Il n’y avait en 2014, à ma connaissance, qu’une seule station d’Orchis mâle accessible dans le Vic-Bilh. Elle était initialement composée de cinq pieds que j’avais signalés. En 2021, la station s’est bien agrandie avec un premier groupe de 22 pieds, un deuxième de 10 pieds et un dernier avec 1 seul pied, le tout sur une dizaine de m2. En 2022, deux pieds hypochrome ont fleuri et une autre petite station de cinq pieds dispersés est apparue sur un autre site, sur les coteaux de Lembeye. Elle est en pleine floraison fin mars.
Orchis mascula – Vue d’ensemble avec les feuilles.
Orchis mascula – Une vue plus rapprochée des fleurs.
Orchis mascula – Détail de la fleur.
Orchis mascula hypochrome – Elle commence à faner au 03 avril.
Détail d’une fleur d’Orchis mascula hypochrome.
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(8) Orchis purpurea :
L’Orchis pourpre est très commune dans le Vic-Bilh. Elle est en bouton fin mars et commence à fleurir début avril.
Orchis purpurea, à l’ombre d’un genévrier.
Détail de la fleur.
Orchis purpurea au début de sa floraison, début avril.
Orchis purpurea – Une variante de couleurs (un seul pied trouvé).
Orchis purpurea – Une autre variante de couleurs (un seul pied trouvé).
Orchis purpurea hypochrome, rare – A l’arrière-plan, l’espèce courante.
Orchis purpurea hypochrome, au soleil couchant. Il s’agit de mon troisième pied, que je retrouve chaque année.
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(9) Neotinea ustulata :
L’Orchis brûlé est très rare dans le Vic-Bilh. Elle n’a été présente à ma connaissance que sur un seul site avec 1 seul pied, observé en mai 2014. L’endroit a été par la suite envahi par les ronces. En 2020, il a été nettoyé. Cette belle orchidée est-elle toujours là? Réponse en fin d’article.
Neotinea ustulata. Mon seul pied connu, photographié mi-mai 2014.
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(10) Gymnadenia conopsea :
L’Orchis moucheron est très bien représentée sur deux stations, avec une cinquantaine de pieds environ sur plusieurs centaines de m2. Elle est présente partout ailleurs sur de nombreuses stations, avec quelques pieds. Elle fleurit à partir de la mi-mai, en pleine floraison début juin.
Gymnadenia conopsea, début juin.
Gymnadenia conopsea, hébergeant une Thomise variable femelle (Misumena vatia).
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(11) Anacamptis laxiflora :
A ce jour, je n’ai trouvé l’Orchis à fleurs lâches que sur un seul site et elle est en pleine floraison au début du mois de mai (à surveiller à partir du 20 avril) ; c’est un ensemble de 3 pieds.
L’Orchis à fleurs lâches – Un seul ensemble de 3 pieds trouvé jusqu’à présent, mais elle se voit de loin.
L’Orchis à fleurs lâches – Une vue plus rapprochée.
Une vue de profil de la fleur.
… et un gros plan sur le petit bonhomme!
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(12) Coeloglossum viride :
L’Orchis grenouille est très rare dans tout le Vic-Bilh. Je ne pouvais initialement vous montrer qu’un pied fané, photographié un 8 juin et isolé. Je suis revenu l’année suivante le 21 mai, 18 jours plus tôt. Déception, la floraison était passée mais j’ai compté huit pieds.
En 2023, j’ai visité le site le 26 avril : il n’y avait à nouveau qu’un seul pied, en cours de floraison! Une semaine plus tard, le 3 mai, la dernière fleur du pied, en haut de la hampe, était en pleine floraison.
26 avril – L’Orchis grenouille en cours de floraison.
26 avril – Quelques fleurs du bas épanouies.
26 avril – Une vue rapprochée d’une fleur épanouie.
La même fleur, au format paysage.
Au 03 mai, tout le pied est fleuri. Sur l’une des fleurs, une Thomise variable (un mâle) ou Araignée-crabe.
03 mai – Une vue zoomée de la dernière fleur.
Une discussion entre fourmis.
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(13) Orchis anthropophora :
L’Orchis homme pendu est la dernière espèce que j’ai trouvé, en 2022. C’est un ensemble de cinq pieds assez proches les uns des autres, en bordure d’un chemin dans un sous-bois. Elle est rare dans le Vic-Bilh. Observée le 20 mai, elle était en fin de floraison.
J’y suis revenu en 2023, le 19 avril où elle commence à fleurir, puis le 03 mai pour la photographier. J’ai compté huit pieds.
Une vue d’ensemble de la plante, ici un grand pied de 45 cm.
Une vue d’ensemble d’un autre pied, plus court et entièrement fleuri.
La plante peut avoir une hauteur assez importante, jusqu’à une quarantaine de centimètres et même plus. Elle peut avoir du mal à se maintenir droite.
Une vue rapprochée des fleurs du pied précédent.
Détails des fleurs d’Orchis anthropophora. Le pied était colonisé par une petite araignée qui avait tissé sa toile.
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(14) Ophrys occidentalis :
On peut trouver l’Ophrys de mars sur plusieurs stations. J’en connais au moins trois et il y en a certainement d’autres. Vous trouverez une publication complète à son sujet sur ce blog. C’est la première à fleurir, à surveiller à partir du 15 février.
Ophrys occidentalis, début de la floraison.
Ophrys occidentalis, en fin de floraison.
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(15) Ophrys apifera :
L’appendice du labelle de l’Ophrys abeille est tourné vers l’arrière ; on ne le voit pas lorsqu’on regarde la fleur de face. On la trouve assez facilement sur plusieurs stations.
Ophrys apifera.
Ophrys apifera et ses deux pollinies, devant les « yeux » .
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(16) Ophrys scolopax :
L’appendice du labelle de l’Ophrys bécasse est tourné vers l’avant. Ses pétales sont colorées comme ses sépales. On la trouve assez facilement sur plusieurs stations.
Ophrys scolopax, le pied.
Ophrys scolopax, la fleur « bébé ».
Ophrys scolopax, la fleur épanouie.
Ophrys scolopax, vue de face.
Ophrys scolopax, la même fleur photographiée de profil avec son éperon en avant.
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(17) Ophrys insectifera :
L’Ophrys mouche est assez courante. Elle commence à fleurir début avril.
Ophrys insectifera, une orchidée très facile à identifier.
Ophrys insectifera et son insecte pollinisateur.
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(18) Ophrys sphegodes = Ophrys aranifera :
L’identification de cette orchidée a été compliquée pour moi, cela dépassait mes compétences. Elle a été prise en photo un 09 avril :
_ Une première possibilité est l’Ophrys arachnitiformis ; elle est aussi appelée, entre autres, l’Ophrys exaltata subsp. arachnitiformis, l’Ophrys exaltata subsp. splendida, l’Ophrys sphegodes subsp. arachnitiformis, etc. Pas moins de 14 synonymes, il y a de quoi s’y perdre! Et en français, c’est l’Ophrys Araignée, l’Ophrys en forme d’araignée, l’Ophrys arachnitiforme ou l’Ophrys brillant. Sa présence n’est pas signalée dans le 64, dans mon dernier ouvrage de référence de 2015. Je l’ai donc écartée.
_ Une deuxième possibilité est l’Ophrys araignée (Ophrys sphegodes, appelée aussi l’Ophrys aranifera). Après avoir croisé toutes les données disponibles, j’ai retenu cette option. Je n’ai trouvé à ce jour qu’une station avec deux pieds.
Ophrys sphegodes, en fin de floraison début avril.
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(19) Ophrys sulcata :
Pour information, l’Ophrys sulcata a aussi été appelée l’Ophrys funerea ; cette désignation, aujourd’hui, est réservée uniquement à l’espèce de Corse. A ce jour, je n’ai observé que peu de pieds de l’Ophrys sillonné, sur deux stations. Vous trouverez une publication complète à son sujet sur ce blog. Elle fleurit tôt chez nous, à surveiller à partir du 01 mars.
Ophrys sulcata, en pleine floraison.
Ophrys sulcata, en fin de floraison.
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(20) Ophrys lutea :
Disparue accidentellement, alors que je renvoyais toujours à plus tard pour la photographier!
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(21) Serapias lengua :
La Sérapias langue est très commune et facile à observer à partir de la deuxième quinzaine d’avril. En pleine floraison début mai.
Serapias lengua – Elles pousse fréquemment en groupes serrés.
Un parterre de Serapias lengua.
Serapias lengua – Vue rapprochée.
Serapias lengua – Une nuance un peu différente.
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(22) Serapias vomeracea :
La Sérapias à long labelle (ou en soc) est elle aussi très commune. Elle est en pleine floraison début mai.
Serapias vomeracea . Floraison en avril-mai.
Serapias vomeracea, pollinisée par une abeille.
Serapias vomeracea hypochrome, très rare.
Même pied, vue différente.
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(23) Platanthera chloranta :
La Platanthère à fleurs verdâtres est facile à repérer, avec sa grande fleur. On l’observe un peu partout, début juin. Ses deux anthères en forme de crocs forment un V renversé : ce détail permet de la différencier de l’autre espèce de Platanthère présente chez nous et qui fleurit plus précocement.
Platanthera chloranta, dans un sous-bois récemment nettoyé.
Platanthera chloranta – Les anthères, formant un V renversé.
Platanthera chloranta – Vue rapprochée.
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(24) Platanthera bifolia :
La Platanthère à deux feuilles est elle aussi facile à localiser. Elle est peut-être moins courante que la précédente et elle fleurit plus tôt. Ses anthères sont parallèles.
Platanthera bifolia, début mai. Elle fleurit un peu plus tardivement que la chloranta. Les anthères sont parallèles.
Platanthera bifolia- Certains pieds sont bien fournis.
Platanthera bifolia – Vue rapprochée.
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(25) Neottia ovata :
La Listère à feuilles étroites est assez rare ; j’ai trouvé une station de 3 pieds, que j’ai signalée. Aujourd’hui, l’accès n’est plus possible ; le site est clôturé avec des panneaux interdisant l’accès (problèmes avec des ramasseurs de champignons indélicats). Elle est aussi signalée en quantité très limitée sur au moins un autre site. Elle est en pleine floraison la deuxième quinzaine de mai.
Neottia ovata. Elle est très difficile à localiser dans son environnement. Une « aiguille dans une botte de foin »!
Neottia ovata. Le même pied, en mode portrait.
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(26) Spiranthes spiralis :
J’avais observée la Spiranthe d’automne il y a plusieurs années, sans savoir que c’était une orchidée. En 2021, j’ai essayé de la retrouver, sans succès. Rare, aurait-elle disparue?
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(27) Cephalantera longifolia :
La Céphalanthère à feuilles étroites ou à longues feuilles est très rare dans le Vic-Bilh ; je ne l’ai pas encore observée.
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VI- Bilan et commentaires
Depuis 1994, date à laquelle l’intérêt régional pour ce patrimoine floral est apparu, mon propre bilan m’incite à tirer les conclusions suivantes :
_ en 2021, nous avons dans le Vic-Bilh au moins 25 espèces d’orchidées en principe encore présentes, que j’ai listées : 24 que j’ai déjà rencontrées (dont la Spiranthe d’automne que je n’arrive plus à retrouver) et 1 qu’il me reste encore à découvrir. La présence de cette dernière, la Céphalanthère à feuilles étroites, est confirmée par des témoignages qui commencent à dater.
_ une 26è espèce notée sur ma liste, l’Orchis brûlé (Neotinea ustulanta) est-elle réapparue en 2021, après le nettoyage de son site qui était envahi par les ronces depuis 2015? Et bien, non! L’endroit où elle poussait a manifestement reçu du désherbant et elle a définitivement disparu,
_ une 27è espèce de ma liste, l’Ophrys jaune (Ophrys lutea), a accidentellement disparue en 2015 du seul site où sa présence était connue,
_ une 28è espèce, que je n’ai pas listée, n’a pas été revue depuis 1994 d’après l’ouvrage « A la découverte des Orchidées d’Aquitaine (ed. 2015) : il s’agit de l’Orchis singe (Orchis simia). Sur le site de l’observatoire de la biodiversité végétale de Nouvelle-Aquitaine, elle a été observée à Castetpugon sur la période d’observation 04/04/1996 – 18/05/2013. Pas d’autre mention depuis lors,
_ une 29è espèce, que je n’ai pas listée, a été observée par le CREN Aquitaine en 2005 ; elle fait partie de leur inventaire 2004 – 2006 dont j’ai parlé dans le chapitre IV. Il s’agit de l’Ophrys en forme d’araignée (Ophrys exaltata subsp. splendida, appelée aujourd’hui l’Ophrys arachnitiformis). Elle n’est plus signalée dans le Vic-Bilh depuis cet inventaire ainsi que dans les Pyrénées Atlantiques. Son seul signalement depuis de 2012 est à Anglet en 2018 (source : orchisauvage.fr – Société Française d’Orchidophilie).
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Nous voilà ainsi arrivés à 29 espèces d’orchidées mais quatre ont disparu ; parmi les 25 qui restent, certaines peuvent elles aussi disparaître :
_ L’Orchis bouffon est regroupée sur deux sites occupant une petite surface en bordure de route, sans protection particulière.
_ L’Orchis parfumé est présente sur un seul site privé et peut disparaître par simple changement d’utilisation de la parcelle qui est actuellement en prairie.
_ L’Orchis mâle est présente en bordure de chemin public et elle exposée à la cueillette (déjà constaté).
_ L’Orchis à fleurs lâches, 3 pieds regroupés, est exposée au piétinement par le bétail.
_ L’Orchis grenouille est présente sur 2 sites en quantité très limitée (<10).
_ La Listère à feuilles étroites est en quantité très limitée (< 5), sur deux sites dont un est maintenant d’accès interdit. Y est-elle toujours présente?
_ La Spiranthe d’automne est devenue pour moi introuvable. Existe-t-elle encore?
_ La Céphalanthère à feuilles étroites n’est plus signalée depuis quelque temps. Il en resterait un pied « quelque part ».
Les autres espèces d’orchidées sont courantes, en quantité conséquente sur des sites assez nombreux. Leur aire de répartition augmente dans le Vic-Bilh. J’en ai un exemple avec une espèce assez commune : depuis 3 ans, 1, puis 2 pieds, puis 5 pieds (2021) de Sérapias en soc ou Sérapias à labelle long (Serapias vomeracea) sont apparu à 200 m de ma maison, en bordure d’un chemin entretenu que je pratique régulièrement depuis longtemps.
Si vous avez des informations complémentaires sur la présence d’autres espèces d’orchidées sur les pelouses sèches du Vic-Bilh, cela me ferait très plaisir d’en prendre connaissance au travers d’un commentaire que vous pouvez me laisser sur cet article ou de la messagerie du site.
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VII- Bibliographie – Mes ouvrages de référence
_ A la découverte des Orchidées d’Aquitaine (collection Parthénope) – Première Edition (2004). Frank Jouandoudet.
_ A la découverte des Orchidées d’Aquitaine (collection Parthénope) – Deuxième Edition revue et augmentée (juillet 2015). Ouvrage coordonné par Frank Jouandoudet.
_ Les Orchidées de France, Belgique et Luxembourg (Parthénope Collection) – Novembre 2005
_ Site de la Société Française d’Orchidophilie : www.orchisauvage.fr/index.php
_ Site de l’observatoire de la biodiversité végétale de Nouvelle-Aquitaine : www.obv-na.fr/
Un vrai plaisir
Monsieur,
Votre site est remarquable. Je me permets cependant une petite remarque au sujet de l’orchidée disparue à Cadillon « dans l’indifférence générale ». Pour protester contre le massacre de ce coteau, il aurait fallu être au courant des projets très personnels de l’ancienne municipalité. Quand les amoureux de la nature ont remarqué le travail des bulldozers sur ce coteau, il était trop tard hélas.
Peut-être qu’un jour les orchidées referont surface, puisqu’il semble qu’aucune vigne n’y ait été plantée.
Bonjour, je vous remercie de m’avoir fait part de cette remarque. J’en tiens compte et j’ai modifié ma publication en conséquence. La Nature a des ressources, tout n’est pas définitivement perdu. Bien cordialement,