Tarente de Maurétanie – Maquis delta de l’Ebre (01 mars 2020 à 14h00-Altitude 110 m).
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I- Quelques informations générales sur la Tarente de Maurétanie
Les Geckos sont des reptiles plutôt sympathiques dont l’évocation rappelle des vacances au soleil dans le Sud ou autres destinations exotiques.
La Tarente de Maurétanie (Tarentola mauritanica) fait partie de cette famille et son observation est assez courante. C’est un animal trapu, vif et très craintif. On l’appelle aussi Gecko des murs ou Drago. Origine du Nord de l’Afrique, son nom vient du fait que cette espèce a été découverte pour la première fois en Maurétanie, l’ancien territoire des Maures dans l’Antiquité. Ce territoire s’étendait sur le Nord-ouest et le centre de l’actuelle Algérie et une partie du nord Marocain (aucun lien avec l’actuelle Mauritanie).
Ce gecko fait partie des 3 espèces que l’on peut trouver en France (sur le côte méditerranéenne), avec le l’Hémidactyle verruqueux ou gecko turc (Hemidactylus turcicus) qui se cantonne en bordure du littoral et s’expose rarement au soleil, plus petit et de couleur beige à rosâtre et enfin le Phyllodactyle d’Europe (Euleptes europaea), qui ne vit en France que sur ces quelques îles : îles du Golfe de Marseille, de la Ciotat à Bandol (Bouches-du-Rhône et Var), les îles d’Hyères (Port-Cros et îlots, Le Levant, Porquerolles) et la Corse. Récemment, plus d’une dizaine de stations, continentales et insulaires (îles de Lerins), ont été découvertes dans les Alpes-Maritimes. Cette dernière espèce, qui peut être grégaire, est la plus petite, la plus restreinte et la plus difficile à observer.
D’après l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN) de Déc. 2019, l’aire de répartition de la Tarente en France, en plus de tous les départements du littoral méditerranéen, continue à s’étendre loin à l’intérieur des terres vers la région Rhône-Alpes et aussi en remontant la Garonne jusqu’à son embouchure (le lien est en fin de l’article). Son acclimatation nécessite un environnement avec des températures moyennes relativement élevées et elle peut hiberner si nécessaire.
On la trouve aussi dans de nombreux autres pays et îles : Espagne, Portugal, Espagne, Italie, Madère, Yougoslavie, Grèce, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte, Uruguay, États-Unis (où elle a été introduite).
Elle affectionne les zones pierreuses et les broussailles clairsemées. Elle s’est également très bien adaptée à l’îlot de chaleur crée par certaines grandes agglomérations. On peut la rencontrer dans les habitations, où elle n’hésite pas à rentrer. Elle y trouve l’ambiance tempérée qui lui convient et une foule de caches discrètes pour se développer.
La Tarente mesure jusqu’à une quinzaine de cm de longueur dont la moitié environ pour la queue. Elle peut s’en débarrasser pour détourner l’attention des prédateurs et augmenter ses chances de survie en s’échappant plus vite ; une fois coupée, sa queue effectue des mouvements particulièrement complexes pendant de longues minutes. Elle ne repoussera pas totalement à l’identique.
Elle possède une peau parsemée de petites protubérances de forme conique en rangées parallèles et régulières, qui lui confèrent l’apparence d’un animal préhistorique. Grâce à ses pattes pourvues de doigts adhésifs, elle peut se déplacer aisément dans toutes les positions sur les zones pierreuses qu’elle affectionne particulièrement (murs, falaises, rochers) et même sur les vitres. Sa couleur est brune à grise, irrégulière ; elle peut varier en fonction de son stress, de la lumière et de la température extérieure (plus ou moins sombre pour réguler la température interne).
Elle mène une vie principalement nocturne mais celle-ci peut être diurne en saison froide. Elle ne sort que pour son insolation en restant discrète, principalement au printemps ou à l’automne, sa teinte s’assombrissant pour maximiser l’accumulation thermique. Elle peut alors devenir quasiment noire, alors qu’elle est très pâle de nuit.
Elle se nourrit d’insectes volants et rampants comme les papillons, les araignées, mille-pattes… . On la trouve le plus facilement à la tombée de la nuit, les soirs d’été, à proximité des sources lumineuses où elle attend patiemment qu’une proie passe à portée.
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II- Mon observation de la Tarente de Maurétanie
La sortie timide de ma première Tarente hors d’une fissure dans la roche.
J’ai observé les deux Tarentes de Maurétanie de cette publication lors d’une sortie dans un maquis du delta de l’Ebre fin février 2020. Elle étaient en plein soleil, sur les pierres d’un captage de source en ruine, au milieu de nulle part. Un mouvement fuyant au travers de la végétation a attiré mon attention. J’ai attendu patiemment avec mon téléobjectif, prêt à déclencher. Après quelques minutes d’attente, j’ai vu enfin quelque chose bouger imperceptiblement ; puis une tête bizarre est sortie d’une fissure dans la roche, en hésitant. Cette « bête » étrange a fini par se dévoiler presque entièrement. Cela ressemblait à un gecko, mais je n’avais pas encore eu l’occasion d’en voir de cette couleur, aussi gros, en pleine journée et dans la nature!
Par petites étapes prudentes, elle sort de son refuge.
Quelques minutes plus tard, un autre spécimen s’est approché par étapes sous la végétation. Il m’a semblé de taille exceptionnelle, d’après ce que j’ai pu lire plus tard sur cette espèce. Vive comme l’éclair, cette Tarente (je n’aurai la confirmation de son identité qu’en vérifiant sur internet, aucunement habitué à en voir en pleine journée) a chassé la première lors d’une échauffourée trop rapide pour l’immortaliser, sans lui laisser aucune chance de faire face. Je ne la reverrai pas. J’apprendrai plus tard que les mâles sont très territoriaux. Ils ne se tolèrent pas, et peuvent se battre en cas d’intrusion sur leur territoire ou pour une femelle.
J’ai pu observer à loisir le nouveau venu, superbe dans sa robe tachetée de blanc. Une observation attentive laisse deviner que sa queue a été coupée par le passé : elle est plus courte que celle du premier spécimen et elle n’est plus annelée sur la partie terminale.
La deuxième Tarente de Maurétanie, venue s’installer à la place de la première après l’avoir chassée. Le petit point rouge sur la patte avant droite est courant ; c’est un parasite, un acarien, qui se loge la plupart du temps entre les doigts.
En France, l’espèce est protégée sur tout le territoire national. En particulier, sa capture, son transport et sa détention sont strictement interdits.
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Principales sources bibliographiques consultées :
_ Distribution de la Tarente en France : https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/77570
_ http://www.naturemp.org/Tarente-de-Mauretanie.html
_ https://www.batraciens-reptiles.com/geckos.htm
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