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Le Renard roux (Vulpes vulpes)

Renard roux

Un jeune renard dans la rosée, à la fin du mois d’août. 

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Le Renard roux (Vulpes vulpes) est un bel animal ; la littérature l’a rendu très populaire auprès des enfants. Et puis, les enfants grandissent : il peut rester un animal fascinant et utile pour certains, devenir un simple nuisible pour d’autres. On l’a longtemps chassé pour sa fourrure à la période hivernale. Une étiquette lui colle encore à la peau, celle d’un voleur de poules porteur de la rage! Mais s’il n’avait que des poules à se mettre sous la dent, il ne survivrait pas longtemps, encore moins longtemps s’il ne comptait que sur les coqs qui dérangent et qui disparaissent de nos campagnes! On lui concède quand même une qualité : être rusé comme … un renard!

Renard roux

Un beau matin de la mi-juillet, dans un champ de luzerne récemment fauchée.

Je le rencontre de temps en temps et c’est un réel plaisir! L’observer fait prendre conscience de son quotidien et on s’y attache. Je l’ai d’ailleurs choisi comme avatar pour mon site internet. L’été dernier, j’ai eu une expérience intéressante :

« Peu avant le coucher du soleil, je me suis posté à couvert en bordure d’un champ de blé et d’un bois. Après un peu d’attente, un renard adulte a pointé son museau. Il s’est approché de moi par petites étapes, puis il m’a dépassé tout en regardant dans ma direction et a continué sa route. Quelques minutes plus tard, c’était au tour d’un renardeau de se montrer. Il est resté à une distance bien respectable, a hésité un petit moment avec des allers/venues à distance tout en humant l’air puis il a fait demi-tour. Que s’est-il donc passé pour que le plus expérimenté soit aussi le moins prudent? Je pense que le plus vieux, qui connaissait bien mon odeur, ne l’identifiait plus comme un danger potentiel ».

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I- Présentation du Renard roux

« Renard » est un terme générique qui regroupe en fait plusieurs espèces. Je ne les connais pas toutes. Cet article fait référence à celui qui vit dans mon environnement, Vulpes vulpes, mais j’ai aussi un faible pour celui que j’ai côtoyé pendant mes très longues nuits d’hiver au-delà du Cercle Polaire, le Renard arctique (Vulpes lagopus), blanc comme la neige à cette période-là. Il était pour moi un sujet de distraction et j’aimais aller à sa rencontre nocturne, alors que des yeux très lumineux trahissaient sa présence dans la lueur blafarde de ma lampe torche.

En France, il existe trois sous-espèces de Renard roux :  Vulpes vulpes ichnusae (en Corse), Vulpes vulpes silacea (sous-espèce ibérique ne dépassant pas la région du Roussillon sur le territoire français) et Vulpes vulpes crucigera (excepté en Corse et sur le littoral des Pyrénées Orientales).

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1- 1 La sous-espèce de Renard roux Vulpes vulpes silacea

Très peu représentée en France métropolitaine, le risque de confusion ne concerne que les régions voisines du Roussillon. Cette sous-espèce est illustrée par les cinq photos ci-dessous :

Renard roux

Rusé comme un renard!

renard roux vulpus vulpus

A l’écoute, …

Renard roux

…, il passe devant moi sans me voir, …

Renard roux

…, et continue son chemin, absorbé par sa quête de repas. Observez l’arrière-train!

Renard en montagne

Autre Vulpes vulpes silacea sur une reposée, les sens toujours en éveil et la queue repliée sur le bout du museau. 

La sous-espèce Vulpes vulpes silacea a l’arrière-train marqué de blanc de part et d’autre de la base de la queue, qui est gris clair. Les autres signes distinctifs sont pour moi plus difficiles à interpréter.

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1-2 La sous-espèce de Renard roux Vulpes vulpes crucigera

Présente partout en France (excepté en Corse et sur le littoral des Pyrénées Orientales), elle fait l’objet de cet article et de ses photos d’illustration, prises dans le Béarn. A l’inverse de la sous-espèce précédente, elle n’a pas de marques blanchâtres sur l’arrière du dos. La queue n’est pas grise.

renard roux vulpus vulpus 42

Neige de février, au petit matin. Le renard de la maison n’est pas encore couché. 

C’est un mammifère de taille moyenne au pelage roux marqué de blanc sous le ventre et la gorge, au museau fin et allongé et à la queue longue et touffue. Ce pelage est nuancé de différents tons du jaune clair au marron foncé selon les individus, les endroits et la saison. Le mâle est un peu plus gros que la femelle. Il reste quand même difficile de les distinguer, en dehors de l’observation de l’appareil digital du mâle ou des mamelles de la femelle en période d’allaitement.

La mue du poil a lieu tout au long de l’année. Le pelage du renard est composé de deux couches : le poil de bourre fin, court et très dense constituant la couche inférieure puis le poil de jarre, plus long (jusqu’à 10 cm), plus grossier et nettement moins épais que la couche précédente. Les poils de bourre muent en premier au mois d’avril, puis ce sont les poils de jarre. Le pelage du renard peut parfois prendre un aspect étrange pas vraiment esthétique, avec des poils de longueurs différentes. Les poils repoussent tout d’abord en bas des pattes, puis les parties supérieures du corps muent progressivement durant l’été, en commençant par les flancs, puis le dos et la queue. En automne, le renard commence à retrouver progressivement sa belle toison hivernale, plus dense et plus épaisse que son pelage d’été et qui lui permettra d’affronter la mauvaise saison.

Renard et Lune

Un face à face à la tombée de la nuit que je n’oublierai pas.

Son odorat et son ouïe sont très développés. Il a aussi une très bonne vue. Je l’observe avec des pièges photographiques à Leds noires sensées ne dégager aucune luminosité et c’est le seul animal, la nuit, à rebrousser brusquement chemin devant la camera et à une distance respectable. Cependant, il a du mal à distinguer à une certaine distance des sujets parfaitement immobiles.

Il ne vit pas très vieux dans son milieu naturel, entre deux et cinq ans en moyenne ; il peut y avoir quelques divergences selon les sources consultées. La chasse, le trafic routier et la maladie lui portent un grand préjudice. En captivité, il peut vivre jusqu’à 14 ans.

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II- Répartition et habitat du Renard roux

On le trouve un peu partout, en Europe (sauf tout au nord où il est remplacé par le Renard polaire), en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, en Asie, en Amérique du Nord et en Australie (où il a été introduit). En résumé, il est très bien représenté, absent seulement des régions très chaudes ou très froides.

Jeune renard

Un jeune renard dans la rosée, mi-juillet.

Il fréquente tous les biotopes de la plaine à la montagne (jusqu’à 2 000 – 2 500 m d’altitude environ) et il ne craint pas la proximité de l’homme. Il marque une préférence pour les régions de bocage, les lisières, les taillis, les haies, les petits bois enclavés dans les terrains agricoles.

Renard en montagne

Début octobre en moyenne montagne, en rentrant de l’observation du brame du cerf. Il a du mal à m’identifier et fera quelques pas dans ma direction pour se faire une idée. Il s’est paré de sa fourrure hivernale plus tôt qu’en plaine.

Le Renard roux a une grande faculté d’adaptation. Avec notre urbanisation galopante, son espace vital se restreint et il a appris à prospérer au dépend de l’homme, en colonisant progressivement nos villes où il trouve sa nourriture parmi nos déchets. Je le rencontre plus facilement dans la journée en moyenne montagne, peut-être parce qu’il y est moins chassé ou perturbé?

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III- Le comportement du Renard roux

Le Renard roux peut vivre en couple (uni qu’au moment de la reproduction) ou en petits groupes familiaux sur un territoire dont la superficie peut être assez importante (jusqu’à 400 hectares environ). Le comportement dépend de la richesse trophique du milieu et de la pression cynégétique. Il n’est pas figé dans un mode de vie et il s’adapte très facilement. En groupe, ce dernier se compose d’un mâle, d’une femelle dominante reproductrice et de plusieurs femelles non reproductrices. Si la nourriture est insuffisante, il reste en solitaire jusqu’à la « saison des amours ».

Il chasse la plupart du temps seul, sauf parfois en période de reproduction. Il parcourt inlassablement la campagne au trot ponctué d’arrêts et de retour en arrière, les sens toujours aux aguets. Il a des itinéraires répétitifs et d’autres occasionnels. Pour capturer ses proies, il pratique entre autres le mulotage dans les zones herbeuses ou lors des fenaisons.

Renard dans les chaumes

Renard dans les chaumes

Fin juin en pleine chaleur – Un mâle en train de muloter sur une prairie récemment fauchée.

Il existe des estimations de son prélèvement annuel de rongeurs mais dans les faits, celles-ci varient obligatoirement selon les régions et les conditions climatiques. C’est de l’ordre de plusieurs milliers par an. Je souligne seulement que l’ONCFS reconnait que : « Il faut noter qu’il (le renard) a un impact positif sur la régulation des populations de rongeurs ». Le renard arrive à repérer ses proies même sous une bonne couche de neige, en utilisant son ouïe fine.

Renard du soir

Jeune renard en été au crépuscule, en train de chasser dans un champ de luzerne fauchée.

renard du soir

Renard adulte en chasse à la nuit tombée dans un champ de maïs ramassé. 

Renard du matin

Début mai en pleine journée, dans un grand roncier. Encore un mâle. Les proies sont là mais difficiles à attraper ; je l’ai observé un bon moment.

Il est actif du crépuscule aux premières lueurs de l’aube, sauf en période de nourrissage des petits où il sort même en pleine journée et parfois pendant la saison du rut. Il reste quand même plus facile à observer à l’aube.

Renard roux femelle

Renard roux adulte, un mâle, fin août.

Mâle ou femelle urinent très fréquemment et en très petite quantité pour marquer leur territoire. La communication par les odeurs est très utilisée. Ils disposent aussi de diverses glandes pour le marquage et/ou communiquer entre eux. Le renard n’est pas vraiment agressif envers ses congénères pour défendre son espace de vie, au contraire des brocards (chevreuil mâle).

Un glapissement du renard au verger de la maison, un 23 septembre (hors période de rut) – Enregistrement personnel.

Il dispose d’un langage vocal très élaboré, le plus connu étant le glapissement émis essentiellement à la période du rut. Chaque individu possède une voix unique qui permet de le distinguer des autres. Les cris et aboiements aigus sont surtout émis par les femelles et en période de rut.

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IV- Le régime alimentaire du Renard roux

Son régime alimentaire est très diversifié et contribue à sa capacité d’adaptation. Il est omnivore à prédominance carnivore. Il se nourrit de rongeurs, de lapins, d’amphibiens, d’oiseaux, d’œufs, de fruits (pommes, pêches, cerises, prunes, raisins …), de champignons, de gros vers de terre, de charognes diverses, etc.

Renard à l'écoute

A l’écoute d’un rongeur!

Le régime dépend de la période de l’année. Il est fortement déconseillé de cueillir des fruits ou des baies à la portée du renard à cause du risque de contamination par certaines maladies.

Les lois de la Nature sont impitoyables ; il arrive que le Renard roux soit un prédateur de faons de chevreuil, comme le suggère cette vidéo. Au début de la vidéo, on voit la chevrette de la maison chasser un renard de son territoire ; cette séquence du 04 janvier montre qu’elle peut être agressive, même quand ses faons sont déjà bien grands (7 mois environ). Sur la séquence suivante du 08 juin, le couple de renards chasse ensemble et prédate un faon de quelques jours (né à la mi-mai) pour nourrir leur progéniture restée au terrier ; la même chevrette arrive trop tard.

Un faon de quelques jours est très fragile, malgré sa livrée qui lui permet de se camoufler et son absence d’odeur corporelle. Le faon que l’on entend crier de douleur a dû essayer de s’enfuir et a constitué une proie idéale pour ces deux renards qui ont des renardeaux à nourrir.

Le Renard roux reste opportuniste et s’intéresse aussi au contenu des poubelles, à la campagne comme en ville.

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V- La reproduction du Renard roux

Le renard est monogame. La saison des amours a lieu de décembre à la mi-février avec quelques variantes locales selon les conditions climatiques. Le pic se situe courant janvier. Les mâles célibataires effectuent parfois de grands déplacements à la recherche de femelles qu’ils localisent à leurs manifestations sonores bruyantes, très particulières. Ils signalisent leur présence en marquant leur territoire : ils émettent une odeur musquée forte et caractéristique due à des substances volatiles sécrétées par des glandes anales situées près de la base de la queue.

Les femelles attirent les mâles en émettant ces cris stridents et en laissant également des empreintes olfactives derrière elles. Les combats entre mâles sont fréquents (uniquement en période de rut) et peuvent être violents. On observe également de nombreux affrontements entre les femelles et les mâles, lors de jeux prénuptiaux simulant des combats fictifs.

Le mâle, ayant séduit une nouvelle partenaire s’il n’en avait pas déjà une, ne la quitte plus et la suit partout.

Les chaleurs ou œstrus, période du cycle sexuel durant laquelle la femelle est fécondable, n’ont lieu qu’une fois par an. La phase initiale dure quatre jours, pendant laquelle la renarde attire le mâle mais n’accepte pas encore la saillie. La phase d’ovulation elle-même dure deux à trois jours, pendant laquelle elle accepte enfin l’accouplement. Quand ce moment propice approche, le mâle renifle la femelle et se fait très pressant auprès d’elle. La position de sa queue, bien haute, trahit sa tension sexuelle. L’accouplement a lieu en position de levrette et les deux partenaires restent ensuite collés ensemble pendant une 1/2 heure à 3/4 d’heure, comme cela se produit pour les chiens. Leurs organes sexuels enflés ne leur permettent en effet pas de se séparer. Ils s’accouplent généralement à plusieurs reprises.

Comme on peut le constater chez nos animaux domestiques chiens et chats, il arrive que la renarde s’accouple avec plusieurs mâles pendant une même période d’œstrus. Les renardeaux d’une même portée peuvent donc provenir de plusieurs mâles différents. Cette particularité du système d’accouplement favorise la diversité génétique et permet d’augmenter les chances de fécondation en cas d’infertilité du mâle. La femelle va alors choisir le mâle qui se chargera d’assurer le nourrissage des jeunes et chassera tout autre qui s’immisce.

Après deux mois de gestation (49 à 55 jours, 52 jours en moyenne) la femelle, qui s’est retirée depuis quelques jours, mettra bas ses petits aux beaux jours dans la niche douillette d’un terrier, tapissée de ses poils. Les naissances ont lieu généralement à compter de la mi-mars, début avril ou un peu plus tard. Les renards ont plusieurs terriers à la fois qu’ils utilisent tout au long de l’année, avec plusieurs sorties. La tanière est un terme souvent utilisé pour désigner l’endroit où la femelle met bas et élève ses petits. Cependant, la tanière ne désigne en fait qu’un abri souterrain, naturel ou quelque peu aménagé, mais non entièrement creusé, par opposition au terrier. De part ce que j’observe dans mon environnement, je vais par habitude parler de terrier. Si elle n’a pas été dérangée, la renarde utilise d’une année sur l’autre le même endroit pour mettre bas.

Renard de janvier

Mi-janvier en fin de journée, au moment du rut où on peut l’observer plus facilement de jour. Ce renard m’a fixé un bon moment.

Le terrier est occupé la plus grande partie de l’année par les femelles. C’est parfois celui abandonné par une famille de blaireaux qu’elle modifie. Les deux espèces peuvent même cohabiter sur une même zone de terriers, les blaireaux occupant les niches les plus profondes.

Le choix de l’emplacement du terrier n’est pas dû au hasard, qu’il soit à creuser ou de préférence déjà prêt. Il est généralement situé dans un endroit où les rayons de soleil peuvent l’atteindre, sur un sol en pente en terrain sec et meuble à proximité d’un cours d’eau.

Vieux renard

Vieux renard pendant sa sieste au soleil sur une « reposée », dans une prairie abandonnée (mi-septembre). Il m’a surpris et a vite décampé dès qu’il m’a repéré.

Le mâle ne fréquente le terrier qu’après la mise bas de la femelle. Il vit au grand air le reste de l’année et se repose dans la journée sur une reposée. Dans bien des cas, se réfugier au terrier demeure la parade favorite du renard pour échapper au danger. Il connaît parfaitement l’emplacement des terriers implantés sur son territoire, ce qui lui permet de s’y mettre à l’abri quelles que soient les circonstances, comme les grands froids, les grosses précipitations ou poursuivi en période de chasse.

Les portées sont de deux à six petits en moyenne, selon l’état de santé de la mère, son âge et la disponibilité de nourriture. Les petits naissent aveugles et commencent à voir au bout d’une quinzaine de jours. La femelle reste à leur côté pour les allaiter et faire leur toilette pendant que le mâle chasse pour la nourrir. L’alimentation est exclusivement à base de lait maternel pendant les trois premières semaines.

Vers un mois, ils commencent à sortir du terrier. Leurs yeux virent progressivement d’un joli bleu vers leur couleur ambrée définitive. Ils délaissent progressivement le lait maternel au profit d’une nourriture carnée ramenée et régurgitée par les deux parents. Leur pelage laineux roussit en commençant par la face.

C’est le moment où ils s’enhardissent et se mettent à explorer leur environnement immédiat. Ils alternent jeux, bagarres et poursuites autour du terrier, en attente du retour des parents. Ces bagarres leur permettent d’établir une hiérarchie entre eux.

Vers l’âge de six à huit semaines, ils sont sevrés et commencent à ressembler à de petits adultes. La femelle leur rapporte régulièrement des petites proies pour qu’ils jouent avec et apprennent à les ingérer.

Instants de vie nocturne d’une famille de renardeaux.

Les jeux des mêmes boules de poils, au chant du Loriot d’Europe.

Je ne fais pas de photos de renardeaux au terrier, je les laisse tranquilles. La femelle peut déplacer la portée en cas de dérangement et qui sait, dans un endroit où ils peuvent être plus vulnérables sans le savoir! Si la portée est nombreuse, la mère peut être également amenée à déménager par manque de place lorsque la famille grandit.

Jeux de jeunes renards

Un peu plus tard, adolescents,

Jeux de jeunes renards

Jeux de jeunes renards

Début juillet, les jeux et poursuites de ces deux jeunes renards sur une parcelle fraîchement labourée.

A partir de trois mois, ils peuvent se nourrir seuls sans apprentissage préalable des parents et ils partent à l’aventure. Ils vont abandonner la sécurité du terrier fréquenté par leur mère pour passer plus de temps dans la journée avec le mâle, qui partage leurs jeux.

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La famille des renards à la tombée de la nuit.

J’aime bien les observer les soirs d’été à l’arrivée de la nuit, en train de se courser à découvert sur une prairie ou un champ ramassé.

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10 juillet – Un renardeau, seul,  à la tombée de la nuit.

Jeune renard dans la rosée

Renardeau très tôt, à la mi-juillet.

Ils se disperseront à l’automne à partir de l’âge de 5-6 mois alors qu’ils sont devenus autonomes, les mâles en premier. Ces derniers s’éloignent généralement plus que les femelles de leur lieu de naissance. Certaines jeunes femelles peuvent rester avec leur mère et deviendront des femelles subordonnées, non reproductrices pendant un certain temps.

renard roux du soir

Autre renardeau dans un labour début août, au soleil couchant.

Les jeunes renards atteignent leur maturité sexuelle vers 10 mois et peuvent se reproduire dès l’année suivante sur un nouveau territoire. Un territoire vacant pour une raison quelconque (décès naturel ou accidentel) est rapidement récupéré.

Jeune renard

Un renardeau, fin août. Il était encore accompagné d’un adulte, son père?

On considère que 80% des renardeaux périssent avant d’arriver à l’âge d’un an.

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VI- La population de Renards roux

On n’a pas d’information précise sur la population et son taux de renouvellement. En l’absence de directives nationales prévoyant la restitution des données de destruction à tir et par déterrage, les prélèvements de certaines espèces comme le renard restent également mal estimés.

Vieux renard

A la tombée de la nuit, un renard déjà âgé.

Il y aurait environ 500 à 600 000 renards (estimation de 2014) prélevés chaque année par la chasse, le piégeage, le déterrage et le tir de nuit par des agents habilités. Il n’y a pas de quota de prélèvement comme il en existe pour l’isard, le cerf ou le chevreuil, par exemple. Les effectifs seraient assez stables et l’ONCFS estime la densité moyenne des populations à un renard par km2 (100 hectares) en zone rurale (plus élevée en ville). Sa capacité de reproduction augmente pour compenser un déficit sur un territoire donné, pour une même quantité de nourriture disponible.

Accident de renard

Mi-janvier – Dans un fossé, au bord de la route, en période de rut où il est moins vigilant.

Le Renard roux paye aussi un lourd tribut à la circulation routière, en particulier les jeunes!

Année du renard

Année du renard

La Renarde traverse prudemment le sentier montant directement au sommet du Poey (652 m). Son renardeau la suit, insouciant et batifolant au milieu des fougères (cliché de juillet 2019).

Les œuvres éphémères de Thierry Fresneau véhiculent depuis une douzaine d’années un message philosophique et humaniste, un dessin par an. Elles sont immanquables à l’entrée de la vallée d’Aspe, sur la colline du Poey au-dessus du village d’Accous. 2019/2020 est l’ « année du Renard ».

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VII- Les maladies du Renard roux

Le renard fut vecteur de la rage vulpine ; des abattages massifs et des gazages ont eu lieu pour essayer d’enrailler la contagion. Heureusement, un vaccin par ingestion orale a été mis au point et la maladie a officiellement disparue sur le territoire français en 2001.

Il reste vecteur de maladies mortelles pour l’homme, comme l’échinococcose alvéolaire, une maladie du foie causée par un parasite, l’échinocoque. C’est un petit tænia hermaphrodite; ses œufs expulsés avec les fèces du renard contaminent à leur tour les petits mammifères qui seront à nouveau ingérés par les renards. Ces maladies sont transmises par contact buccal avec les excréments des animaux infectés mais aussi, bien plus sournoisement, par la récolte de fruits sauvages (mûres, …) ou de champignons souillés. Attention à la consommation sur place! Un petit bolet cru, c’est bon mais c’est risqué! La maladie affecterait une dizaine à une quinzaine de personnes par an.

Vieux renard

L’état général de ce mâle m’avait d’abord intrigué. Sa queue normalement touffue a perdu de l’ampleur. Simple mue.

Il peut aussi contracter la gale sarcoptique, une maladie parasitaire et contagieuse provoquée par un acarien et qui va le faire mourir après d’atroces démangeaisons. Elle est facilement identifiable à l’observation d’importantes pertes de poils, commençant au départ de la queue et derrière les pattes, puis la croupe et le reste du corps. La contamination de toute la famille s’effectue par simple contact. Cette maladie n’a aucune incidence sur la santé humaine et elle est une cause naturelle de régulation de leur population.

Très courte vidéo non choquante d’un renard contaminé par la gale, la queue a déjà perdu tous ses poils (piège photographique, à la mi-mars).

Gale du renard

Un renard adulte atteint de la gale.

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VIII- Le statut du Renard roux

Il est classé dans la liste des espèces « susceptibles d’occasionner des dégâts », ex catégorie « nuisibles » et il peut être chassé toute l’année par différents moyens.

Renard prairie fleurie

Fin avril – Rencontre avec un mâle dans une prairie fleurie de boutons d’or.

La tradition populaire a très longtemps renvoyé de lui l’image d’un mangeur de poules. De nos jours, on multiplie les grands élevages où elles sont confinées, pour finir tuées, plumées et vidées prêtes à cuire. Voir partir dans la gueule d’un renard une poule que l’on avait eu du mal à élever, c’était une grande perte à une période où les conditions de vie étaient plus précaires et difficiles. Est-ce vraiment le cas maintenant? Une enquête objective sur ce prélèvement de volaille par le renard (et autres) serait intéressante à analyser pour le quantifier, en connaître les responsables et voir les précautions prises pour l’empêcher.

renard du soir

« Entre chien et loup ».

On l’accuse aussi de chaparder le gibier de tir lâché par les sociétés de chasse à la veille ou en période d’ouverture, dont les faisans et perdreaux. Ces animaux d’élevage manifestent leur présence pathétique en déambulant autour des maisons, sur les routes et les chemins; ils n’ont que très peu ou aucune chance de survivre. Ils sont une proie facile pour le renard (mais pas que pour lui) : on ne reproche pas à l’animal de contribuer à la perte de la biodiversité (l’homme est là pour çà), mais seulement de se servir avant « les chasseurs de lâchers ».

L’homme a longtemps chassé pour se nourrir et diversifier son régime alimentaire à partir d’une faune naturelle (le reprocher est un tout autre débat qui ne concerne pas le renard). C’est devenu maintenant et avant tout un loisir. Il faudra bien se rendre compte qu’il y a quelque chose d’artificiel et de vain (sinon pour les trésoreries des associations) à maintenir ces pratiques de lâchers d’élevage en les assimilant à la « pratique de la chasse ». D’ailleurs et à ma connaissance, de plus en plus de chasseurs ne sortent plus le jour de l’Ouverture et certainement pas parce que le renard est passé avant eux; par simple prise de conscience!

Renard du soir

A l’écoute d’un rongeur.

Que dire pour défendre le renard? Il rend de bons services à l’agriculture en détruisant un grand nombre de rongeurs. Il permet aussi de réduire la propagation de la maladie de Lyme, maladie qui peut être mortelle pour l’homme. Elle est issue des tiques infectées par la bactérie Borrelia et portées par ces rongeurs. Selon les chiffres de Santé publique France et du réseau de surveillance Sentinelles, l’évolution de cette maladie transmise par les tiques était stable, autour de 26 000 nouveaux cas par an entre 2009 et 2014, avant d’augmenter à 33 200 en 2015 et 54 600 en 2016, puis de retomber à 44 700 cas diagnostiqués en 2017 et 67 000 en 2018. Les associations de patients jugent ces chiffres sous-estimés car de nombreux cas ne sont selon elles pas diagnostiqués. Les prévisions futures du réchauffement climatique auront une incidence à la hausse des nouveaux cas. Les chasseurs avec les forestiers sont les premiers exposés et il n’existe pas de vaccin contre cette maladie.

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IX- Enquête publique de juin 2019 sur le renard roux

Le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire a lancé une enquête publique du 06 au 27 juin 2019 sur un projet d’arrêté pris pour « fixer la liste, les périodes et les modalités de destruction des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » (dont le renard) pour la période du 1er juillet 2019 au 30 juin 2022. Le grand public a massivement répondu (53 853 contributions) en émettant un avis très partagé sur ce projet d’arrêté, avec un avantage aux contributeurs défavorables à celui-ci (65%). Le contenu des commentaires des contributeurs et l’analyse qui en a été faite par le Ministère sont pour moi intéressants à consulter (les liens sont à la fin de mon article). Certains sont très éclairés (dans les deux camps) et d’autres ne sont pas prêts encore pour faire évoluer les mentalités et les pratiques (dans les deux camps également).

Renard du matin

Sous un soleil matinal de l’été.

Le seul point évolutif est la modification de l’arrêté du 1er avril 2019 relatif à l’exercice de la vénerie et qui encadrait mieux cette pratique. Cet arrêté interdisait la capture directe de l’animal par des chiens et limitait les souffrances des animaux capturés. Suite à cette consultation du public, cette mesure sera étendue à la destruction du renard (dans le projet initial, il pouvait être toute l’année déterré avec ou sans chien).

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X- Apprivoise-moi

Le renard peut s’apprivoiser. Ce mot « apprivoiser » ramène immanquablement à la conversation entre le Renard et le Petit Prince de Saint-Exupery (paru en 1943). Cette conversation sert régulièrement pour tirer à boulets rouges sur les chasseurs mais je pense qu’il y a des moyens plus objectifs et efficaces pour défendre le renard. Il y a entre autres des consultations publiques où on peut exprimer son avis en faisant avancer le débat.

Jeune renard

« On ne connaît que les choses que l’on apprivoise, dit le renard ». Sa méfiance vis à vis de l’homme n’existe pas à l’origine. Le renardeau l’apprend au contact de ses parents et par son expérience individuelle.

J’ai personnellement gardé en tête l’histoire très médiatisée il y a une dizaine d’années d’un certain « Zouzou », renardeau orphelin (mère écrasée sur la route) élevé par une famille; celle-ci avait due se mettre en conformité avec la législation. En effet, la possession d’un renard par un particulier ou tout autre animal (apprivoisé ou non) comme le sanglier, chevreuil, écureuil, etc., nécessite une autorisation préalable et de prendre certaines précautions en accord avec la législation actuelle. On ne se sert plus dans la Nature comme avant.

Il est en principe interdit de détenir un animal sauvage. Mais avec la magie du droit, lorsque certaines conditions sont réunies, l’animal sauvage se transforme juridiquement en animal non domestique et cette détention devient alors possible. Dans le langage courant, les animaux non domestiques sont des animaux sauvages qui ne sont pas mentionnés par l’arrêté interministériel des ministres de l’Agriculture et de la pêche ainsi que celui de l’Ecologie et du Développement durable du 11 août 2006. Ils font partie des animaux apprivoisés ou tenus en captivité, considérés comme des êtres vivants doués de sensibilité. Ils se voient appliquer les règles protectrices du droit pénal, ce qui n’est pas le cas des animaux sauvages.

La seule détention d’un animal non domestique par un particulier constitue un élevage d’agrément (élevage amateur, à but non lucratif). Il lui faut au préalable faire la demande d’un certificat de capacité qui est délivré par l’Administration. Les conditions requises pour obtenir ce certificat visent d’une part à préserver la biodiversité en limitant le nombre des captures, d’autre part de s’assurer des bonnes conditions de vie des animaux vivant en captivité et de garantir la sécurité et la santé des personnes qui s’en occupent. L’animal doit être muni d’un marquage individuel et permanent.

Il est très important de garder en tête qu’apprivoiser un animal ne lui rend pas obligatoirement service, sauf s’il ne peut survivre seul dans son milieu naturel! Et on en devient responsable pour le restant de ces jours.

Jeune renard

Fin août.

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XI- Webographie

Article rédigé à partir de mes photos personnelles, de mes observations sur le terrain et d’informations recueillies sur divers sites et qui se recoupent :

Principales sources bibliographiques consultées :

_ Lorrainature – Le renard (Vulpes vulpes) :  https://lorrainature.wordpress.com/2016/06/07/le-renard-vulpes-vulpes/

_ Physiologie de la reproduction du Renard roux Vulpes vulpes  – THÈSE pour obtenir le grade de DOCTEUR VÉTÉRINAIRE, présentée et soutenue publiquement devant LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE CRÉTEIL le 24 octobre 2019 par Késya, Josette KANCEL : https://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=3849

_Arrêté du 11 août 2006 fixant la liste des espèces, races ou variétés d’animaux domestiques : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000789087&categorieLien=id

_Arrêté du 8 octobre 2018 fixant les règles générales de détention d’animaux d’espèces non domestiques : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000037491137&categorieLien=id

_ Projet d’arrêté soumis à la consultation publique du 6 au 27 juin 2019 : https://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2019-06-06_arrete_especes_susceptibles_occasionner_degats_2019.pdf

_ Projet d’arrêté ministériel soumis à consultation publique du 6 au 27 juin 2019 – Commentaires des contributeurs : https://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/projet-d-arrete-ministeriel-pris-pour-l-a1986.html

_ Participation du public à la consultation publique de juin 2019 – Motif de la décision : https://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/motifs_de_la_decision_arrete_esod_2019.pdf

_ Synthèse de la consultation publique de juin 2019 : https://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2019-07-02_synthese-consultation_2019-italiques.pdf

Renard de l'été

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