Le retour à la liberté de Biès, femelle Gypaète barbu (28 août 2019).
Biès retrouve son élément (28 août 2019)!
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I- L’histoire de Biès, femelle Gypaète barbu
Biès est une femelle Gypaète barbu âgée de 7 ans, marquée en Espagne pour le suivi de quelques oiseaux de son espèce. Au mois de mars 2018, elle est découverte mal-en-point par un habitant du village de Bedous en vallée d’Aspe, qui prévient le Parc National. Les gardes du Parc viennent la récupérer et la confient au Centre de Sauvegarde de la Faune Sauvage des Pyrénées-Atlantiques, l’association Hegalaldia basée à Ustaritz (64). Elle est en hypothermie avec une grosse luxation de l’épaule droite ; la quasi-totalité des rémiges primaires (grandes plumes) de la main droite sont sectionnées net, la rendant incapable de voler.
Exemple de marquages alaires sur un gypaète barbu photographié en Aragon le 23 juillet 2019. Il s’agit de Bolisla, un mâle reproducteur âgé de plus de sept ans, avec des bandes alaires rouge et jaune 2F et équipé d’une balise Gps.
Prise en charge au centre de soins, l’état général de l’oiseau n’est pas fameux. Les soigneurs lui retirent ses marquages alaires pour voir plus en profondeur ses plaies. Ils constatent qu’elle souffre aussi d’une infection généralisée due à la pose récente de ces marquages mal positionnés : ce sont des bandes en plastique (genre bâche de camion en différentes couleurs) fixées sur les ailes. Leur but est de permettre une reconnaissance individuelle de chaque oiseau à une distance de plusieurs centaines de mètres.
Mise sous traitement à base d’antibiotiques pour arrêter l’infection, son état s’améliore légèrement. Après un long moment passé dans une volière adaptée pour sa rééducation, la mobilité de son aile s’est un peu corrigée.
En septembre 2018, l’oiseau est transféré dans une volière de 50 mètres de long. Il commence aussi des séances d’ostéopathie.
Ne constatant aucune mue du plumage depuis son accueil qui date d’un an, une « greffe » de quatre plumes (opération appelée enture) est tentée au mois de mars 2019 afin que l’oiseau retrouve le plumage fonctionnel qui lui permettrait de faire travailler son épaule luxée et de soigner son mal. L’opération consiste à prolonger les moignons restants des rémiges primaires (sectionnés près de la base) par des rémiges rapportées et raccourcies pour respecter la longueur totale; le raccordement s’effectuant par un embout cylindrique enduit de colle et enfilé de part et d’autre dans la partie creuse du rachis.
L’opération réussit et dès son retour en volière, l’oiseau s’exerce déjà au vol. Dans cette volière spéciale de grande longueur et après quelques semaines d’exercice, la luxation de l’épaule disparaît. La reconstitution artificielle de ses plumes ne peut cependant pas permettre à l’oiseau d’avoir une portance suffisante s’il est relâché, la solution n’est que temporaire.
Et la bonne nouvelle arrive enfin! Biès effectue une mue au bon moment et qui lui permet de perdre deux de ces plumes « greffées » au profit de deux nouvelles plumes en parfait état. L’association Hegalaldia envisage enfin une remise en liberté.
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II- Le retour de Biès à la liberté (28 août 2019)
L’événement est programmé pour le mercredi 28 août 2019, sur les hauteurs d’Accous, en présence de gardes du Parc National, d’élus locaux, de journalistes et du public prévenu par les médias et réseaux sociaux. La suite en images :
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L’arrivée de Biès dans sa cage de transport sur le lieu de la remise en liberté, au-dessus d’Accous. Accompagnée par ses soigneurs d’Hegalaldia et de gardes du Parc National.
La sortie de Biès de sa cage de transport.
Un dernier salut à son public, venu assister à sa remise en liberté.
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L’envol. On aperçoit bien sur ce cliché l’enture effectuée sur la deuxième rémige primaire sur son aile droite.
Biès s’éloigne, …
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… puis, revient, entamant plusieurs allers/retours en contrebas du lieu de son relâcher. Un moment chargé d’émotion!
Un milan royal se joint à elle un instant, …
…, puis elle disparaît du regard en contrebas dans la vallée.
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Un petit moment plus tard, elle réapparaît et tournoie au-dessus du public venu assister à son envol, pour le plaisir de tous. On peut remarquer qu’elle a perdu pendant ses soins la couleur rouille de son plumage ventral. Celle-ci reviendra un peu plus tard après quelques bains dans les sources d’eau ferrugineuse.
Est-elle revenue pour remercier toutes celles et ceux qui l’ont soigné pendant presque dix-huit longs mois? On ne peut s’empêcher de le penser!
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Un vautour fauve se joint à elle, et …
… ils entament tous les deux un ballet ascensionnel.
Quel plaisir de voir ce bel oiseau retrouver la liberté!
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Après avoir fait ses adieux,
…, Biès s’éloigne définitivement,
… et disparaît dans ce décor!
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Article rédigé à partir de mes photos personnelles et de la bibliographie suivante :
_ Journal Sud-Ouest du 28 août 2019 : https://www.sudouest.fr/2019/08/28/video-pyrenees-le-gypaete-barbu-soigne-par-hegalaldia-a-pris-son-envol-6493067-4955.php
_ Site de l’Association Hegalaldia : https://www.hegalaldia.org/
_ Bilans de santé de Biès communiqués au public par l’association Hegalaldia.
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