Un soir d’automne devant le cirque de Lescun.
Un vautour fauve, l’une des nombreuses espèces de rapaces visibles en vallée d’Aspe.
Qui a vu une fois le cirque de Lescun dans la vallée d’Aspe aura envie d’y revenir. C’est un site incontournable pour s’imprégner de la beauté de nos Pyrénées, quelle que soit la saison! Nous sommes le 12 mai et le but initial de cette sortie est de tenter de découvrir le Tichodrome échelette ou des murailles (Tichodroma muraria), appelé aussi l’oiseau papillon.
On le trouve à flanc des falaises et des parois escarpées en montagne et en particulier dans nos Pyrénées. Il passe l’hiver en plaine sur de vieux édifices. S’intéresser au tichodrome l’hiver revient un peu à s’intéresser à notre patrimoine culturel. Fin mars, il remonte en altitude où il se reproduit.
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I- Le résumé de cette sortie ornithologique
Elle se déroule sur les hauteurs du cirque de Lescun. La présence importante de névés pour cette période de l’année ne permet pas de prospecter partout mais j’ai quand même passé une bonne journée, avec un soleil toujours présent. La prospection représente un dénivelé cumulé de 715m pour un dénivelé positif de 460m et une distance de 9,6 km.
Une partie du décor de la sortie, avec le Countendé qui montre le bout du nez à gauche.
Il reste encore beaucoup de névés, un terrain de jeux pour les isards qui n’hésitent à se vautrer à la recherche de fraîcheur.
J’ai pu observer de nombreuses plantes et fleurs, dont la liste est assez longue. Il y en a une que j’aime bien, c’est l’érythrone dent-de-chien (Erythronium dens-canis), appelée plus simplement Dent-de-chien. Elle est en pleine floraison sur les pelouses supérieures. Sur les parois escarpées la Saxifrage des Pyrénées (Saxifraga longifolia) est bien présente, pas encore fleurie!
J’ai vu aussi de nombreux isards se promenant sur les névés, ainsi que quelques marmottes.
Parmi les oiseaux, j’ai bien apprécié l’observation d’un Aigle royal (Aquila chrysaetos) juvénile et celle d’un couple de monticoles de roche (Monticola saxatilis). En plus des espèces courantes vues et/ou entendues en montant dans la forêt de hêtres du Bois du Braca, j’ai pu voir et et entendre, entre autres, le Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros) et le Traquet motteux (Oenanthe oenanthe).
On peut également observer de loin des couples de vautours fauves (Gyps fulvus) en train de nicher sur la paroi, ainsi que des faucons crécerelles (Falco tinnunculus). Et une bonne partie de la journée se passera en compagnie des Chocards à bec jaune (Pyrrhocorax graculus), qui sont en pleine préparation du nid.
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II- Et l’oiseau-papillon, l’ai-je vu?
Autant le dire de suite : non, je ne l’ai pas vu mais c’est un l’oiseau rare qui se mérite et qui est imprévisible. Il faut s’armer de patience. Le rencontrer ne peut être garanti, même pour les habitués! Tenter de le localiser dans ce décor grandiose de la vallée d’Aspe fait quand même passer un bon moment.
Posé à flanc de paroi, la couleur gris-cendré du Tichodrome échelette lui permet de se fondre dans son environnement où il devient quasiment invisible. Il remonte par sauts à la façon d’un grimpereau, en entrouvrant ses larges ailes d’un rouge vif par saccades. C’est à ce moment-là que l’on peut avoir la chance de le détecter, en quête de nourriture composée essentiellement d’insectes et divers invertébrés. On peut aussi le détecter par son chant.
Il est tellement petit que, face à l’immensité de la paroi, on peut avoir l’impression de « chercher une aiguille dans une botte de foin ». J’avais amené mon téléobjectif, en espérant l’immortaliser. Cela ne sera pas le cas mais je ferai sa rencontre plus tard!
L’Ossau, pendant la sortie. Un sommet visible même en vallée d’Aspe.
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III- Les observations de la sortie ornithologique
Oiseaux, fleurs, isards, voilà les observations les plus intéressantes de la journée, avec quelques détails supplémentaires à leur sujet :
3-1_ Le Monticole merle de roche
Le Monticole merle de roche (Monticola saxatilis) est communément appelé le Merle de roche. J’ai eu l’opportunité de voir évoluer un couple. Sa rencontre n’est pas courante. Leur comportement rappelle celui des traquets et des rougequeues, qui se mettent en évidence au sommet d’un rocher en hochant la queue.
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Le Monticole de roche, ici un mâle. Il était accompagné d’une femelle que j’aurais pu également photographier mais j’ai trop douté du rendu en qualité du cliché.
Le mâle, en tenue nuptiale, est superbe. Il a la tête et le cou bleu-gris avec une tache blanche sur le dos ; le poitrail et la queue sont de couleur orange. La femelle est de couleur discrète, avec la majeure partie de son corps brun moucheté ; sa queue est également orange. Ils ont la taille du merle noir.
C’est un montagnard qui fréquente les éboulis et les pelouses parsemées de rochers. Il s’y nourrit d’insectes et de baies. Migrateur complet, il repart en août-septembre vers l’Afrique Tropicale où il passe l’hiver.
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3-2_ Le Rougequeue noir
Le Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros) est un migrateur partiel initialement inféodé aux milieux rocheux en montagne, jusqu’à 3 000 m d’altitude. Il fréquente les pelouses parsemées de rochers. Son habitat s’est étendu en plaine, dans les villes et les villages et je le vois un peu partout. Les oiseaux montagnards des Pyrénées effectuent une simple migration altitudinale en hiver.
Un Rougequeue mâle.
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3-3_ Le Traquet motteux
Le Traquet motteux (Oenanthe oenanthe), habitant typique de la montagne, peut lui aussi se rencontrer à plus basse altitude. Il vit essentiellement au sol. Il a besoin d’espaces ouverts à végétation rase et éparse où il peut facilement chasser les insectes à vue. On le rencontre jusqu’à 3 000 m sur des pelouses et des éboulis. Il niche dans les cavités des rochers. C’est un migrateur complet. Il regagne en septembre et octobre ses lieux d’hivernage jusqu’en Afrique équatoriale et il revient sur ses lieux de nidification européens à la fin du mois de mars et en avril.
Un Traquet motteux mâle.
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3-4_ L’Aigle royal
L’Aigle royal (Aquila chrysaetos) est une espèce remarquable de nos Pyrénées. Son envergure va de 1m90 à 2m20 environ. Il est sédentaire en France où il vit exclusivement dans les massifs montagneux.
Son observation n’est pas courante. En 2016, on comptait 70-80 couples présents dans les Pyrénées côté versant français dont 32 couples dans le Parc national des Pyrénées (source : Parc National).
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L’aigle royal juvénile, reconnaissable à la tâche blanche plus claire au bout des ailes.
Ma dernière observation de l’Aigle royal datait d’octobre 2018 dans le cirque de Lis ou Erès Lit (Hautes-Pyrénées), dans le Parc national.
Un Aigle royal adulte (octobre 2018 – Hautes-Pyrénées). Absence de la tâche blanche plus claire au bout des ailes.
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3-5_ Le Chocard à bec jaune
Le Chocard à bec jaune (Pyrrhocorax graculus) est souvent appelé à tord Choucas! Il existe bien le Choucas des tours (Coloeus monedula), appelé aussi corbeau choucas ou Corneille des clochers, mais c’est un oiseau différent qui a le bec et les pattes noires ; son habitat ne dépasse pas généralement 1 000m d’altitude!
C’est le moment de la construction des nids.
Les Chocards sont très affairés à la récupération de matériaux.
Notre chocard est un oiseau typiquement montagnard, un planeur des cimes hors pair que l’on rencontre jusqu’à 4 000 m. Il a le bec jaune et ses pattes sont rouges. Il est très proche du Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), qui vit dans le même environnement montagnard et avec lequel on peut aussi le confondre! Ce dernier a aussi les pattes rouges, mais … le bec rouge, plus long et légèrement recourbé!
Les voilà en train de récupérer les poils d’une peau d’isard, mort cet l’hiver. En arrière-plan, on devine un lit de Dents-de-chiens en pleine floraison.
Le chocard vit en couple pour la vie et reste également fidèle à son site de reproduction. Il construit son nid dans les anfractuosités des falaises. Très sociable, on le rencontre en colonies qui peuvent être très importantes. Il fréquente les pâtures de haute montagne, avec falaises et ravins. Son vol est fascinant à observer, riche d’acrobaties en tous genres. L’hiver, il redescend en moyenne altitude près de l’activité humaine, stations, chalets, etc.
Un groupe de Chocards à bec jaune. Bec court et fin, queue assez longue.
Crave à bec rouge (Sierra de Gredos). Bec plus long et légèrement recourbé. Queue courte.
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3-6_ Le Vautour fauve
Le Vautour fauve (Gyps fulvus) est emblématique de nos Pyrénées. Je lui consacre à part un article complet pour le faire mieux connaître et apprécier.
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Les vautours fauves sont en train de nicher sur la paroi, au moins trois couples.
L’un des vautours fauves quitte le nid. Il y aura peu de rapaces aujourd’hui ; les thermiques n’étaient pas favorables pour leur ballet aérien habituel.
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IV- Les observations botaniques
L’érythrone dent-de-chien (Erythronium dens-canis) ou tout simplement Dent-de-chien. Elle doit son nom à la forme de son bulbe qui rappelle une canine. Elle pousse en moyenne altitude dans les Pyrénées, les contreforts des Alpes et dans le sud du massif Central et peut parfois former de véritables parterres fleuris.
Une Dent-de-chien avec ses six pétales rétractées.
Je la cite avec une petite anecdote : j’en avais vu des représentations tellement magnifiées sur certains sites de photographies que lorsque j’ai rencontré ma première, j’ai hésité pour lui mettre un nom dessus. Je ne faisais pas du tout le lien!
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La Saxifrage des Pyrénées (Saxifraga longifolia) est une plante grasse singulière et endémique des Pyrénées. Elle pousse sur les falaises calcaires. Elle fleurit de juin à août, sous la forme d’ une grande hampe (jusqu’à 80 cm) pouvant contenir plus d’une centaine de fleurs blanches puis elle meurt.
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Sur les parois calcaires, de belles saxifrages des Pyrénées en attente de floraison.
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V- Les observations d’isards, dans leur ordre d’apparition
Je consacre de nombreuses publications aux isards sur mon blog, vous avez le choix pour en apprendre davantage à son sujet.
A la sortie de la forêt, la rencontre avec notre premier isard, un bouc en train de muer vers son pelage estival. Il s’éloigne paisiblement sur le névé.
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Sur ce gros névé, une harde d’isards se promène en « dessinant » des motifs. Ils sont très loin. Ils ont tous des cornes qui dépassent bien des oreilles, sauf un. Ce sont donc en grande majorité des adultes : une harde de boucs avec un éterlou (mâle sur sa 2ème année).
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Un individu isolé, à l’écart d’une harde de chèvres avec leurs chevreaux.
Il s’est éloigné à découvert dans les éboulis où il a hésité un bon moment, ne sachant pas trop quelle attitude adopter devant ma présence. Quelques pas et puis quelques minutes d’observation et ainsi de suite pendant un long moment. Il va finir par se coucher dans les éboulis.
Je n’avais pas encore vu le reste de la harde et j’ai cru initialement à son allure générale que c’était un bouc. J’ai ensuite pensé à une femelle qui se serait mise à l’écart de la harde pour mettre bas et qui cherchait à m’éloigner de son chevreau. Les turbulences de chaleur dans les éboulis perturbaient la netteté des clichés ; il m’est difficile de mieux l’identifier. Si c’est bien un mâle, je n’arrive pas à apercevoir son pinceau pénien.
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Les autres isards de la harde sont sur les clichés ci-dessous : des chèvres avec leurs jeunes nés au printemps dernier. Toutes les observations sont faites sans perturber ces beaux animaux.
Une chèvre avec deux chevreaux. Le reste de la harde est un peu au-dessus et se dirige vers un névé. Les femelles ici n’ont pas encore mis bas. Quand cela arrivera, très prochainement, le lien très fusionnel que l’on observe encore avec les jeunes de l’an passé va se briser!
La chèvre se retourne avant de s’éloigner définitivement.
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Deux chèvres et trois chevreaux (nés au printemps dernier) sur le névé. Décompte fait avec la longueur des cornes par rapport à la longueur des oreilles.
La troisième mère se rafraîchit sur le névé, près du reste de la harde.
Mes observations se terminent sur cette photo, avant la descente dans le sous-bois jusqu’au parking.
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