L’Elanion blanc adulte.
L’Elanion blanc
(Nom scientifique : Elanus caeruleus)
Un Elanion blanc juvénile.
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L’Elanion blanc est un petit rapace que je rencontre de plus en plus souvent dans le Béarn. Son arrivée en France est relativement récente et on le reconnaît aisément. Il est farouche et difficile à approcher.
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I- Description de l’Elanion blanc
C’est un bel oiseau photogénique. Il est gris et blanc avec le haut des ailes noir et les yeux rouge foncé.
Une similitude de méthode de chasse avec celle du Faucon crécerelle.
La tête est blanche, avec un petit masque noir autour de l’œil. Je lui trouve un air sévère. Les deux sexes sont semblables.
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Deux jeunes Elanions blancs.
Le jeune se distingue par les plumes du dos des ailes et des couvertures bordées de blanc, par des marques brunâtres sur la calotte et la poitrine.
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Originaire d’Afrique, l’Elanion blanc était présent depuis longtemps déjà dans la péninsule ibérique. Il a franchi nos Pyrénées au début des années 1980. Depuis le premier cas de reproduction fructueux dans les Landes en 1990, il s’est implanté dans les plaines de l’Adour et le bassin de la Garonne et il continue son expansion. Il n’est pas réellement migrateur mais il peut s’adonner à un certain nomadisme, parfois très loin des sites de reproduction traditionnels.
14 février 2015 – Mon deuxième Elanion blanc, dans la plaine du Lées à Arricau-Bordes.
J’ai vu mon premier Elanion blanc au début de l’année 2014, au bord de l’Adour dans la région de Maubourguet (65), à la limite entre les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques. Je n’avais pas le matériel nécessaire pour en faire un bon cliché mais ce fut une belle rencontre. Le second, c’était près de mon domicile, dans la plaine du Lées à Arricau-Bordes. Depuis, je le rencontre régulièrement dans le Vic-Bilh et un couple s’est installé à quelques mètres de la maison.
Un couple d’Elanions blancs à la période des amours, face à la chaîne des Pyrénées.
On distingue l’Ossau sur la droite et, en vol, un coucou.
Un couple au bord du Lées à Lalonquère – Toujours sur le même territoire en 2019.
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Lalonquère – Observation puis attaque!
ll est souvent posé sur des poteaux téléphoniques ou électriques (ou sur leurs lignes), à la cime des arbres et les hautes branches d’arbres morts, où il chasse à l’affût, très souvent au crépuscule. Les petites proies sont dévorées en vol, et les plus grandes sont emportées sur une branche.
Le survol d’une proie au sol, par un adulte!
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Les phases de l’attaque, par un jeune : survol puis plongée sur la proie, les ailes en V.
Prospection du territoire, à la recherche de proies.
Il prospecte aussi son territoire en décrivant des cercles dans le vent. Quand il a repéré une proie, il effectue un vol stationnaire pendant quelques secondes puis plonge rapidement, les ailes en V, pour la capturer. Ce vol en « Saint-Esprit » pour repérer sa proie, peut parfois le faire confondre pour un néophyte avec le Faucon crécerelle.
Les individus se déplacent seuls ou en couples. Ils sont agressifs si un intrus s’approche de leur poste d’affût, et ils attaquent vigoureusement les autres rapaces et corvidés qui passent sur leur territoire.
Plutôt silencieux, il pousse parfois des cris aigus ou des chuintements assez facilement reconnaissables.
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II- L’habitat de l’Elanion blanc
L’Elanion blanc fréquente les grands espaces ouverts, friches, champs cultivés et prairies.
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A ce jour, je ne l’ai rencontré qu’en plaine.
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III- La Reproduction de l’Elanion blanc
L’Elanion blanc niche en hauteur dans un arbre souvent isolé, habituellement un chêne dans notre région mais ce n’est pas systématique.
07 mars – l’Elanion blanc est déjà au nid, dans le lierre qui envahit une haie de pruneliers (Prunus spinosa). Impossible de savoir si c’est le mâle ou la femelle.
La ponte a lieu en février-mars. Le couple, sédentaire, refait un nouveau nid chaque année au même endroit, et souvent dans le même arbre. Ce nid est fait de brindilles apportées par le mâle, arrangées par la femelle. La femelle couve et le mâle la nourrit au nid ou à côté pendant cette période. A la naissance des poussins, le mâle apporte les proies et la femelle nourrit sa progéniture. Par la suite, les deux adultes partent en chasse, mais seule la femelle continue à nourrir les jeunes jusqu’à ce qu’ils puissent le faire eux-mêmes.
Les jeunes ont leur plumage complet à environ 3 semaines. Ils peuvent voler à l’âge de 30 à 35 jours si la nourriture est abondante. Les jeunes retournent au nid entre leurs vols, et sont nourris par les adultes hors du nid. L’élanion blanc est très prolifique, ce qui favorise son expansion.
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IV- Le régime alimentaire de l’Elanion blanc
L’Elanion blanc se nourrit de différentes proies : petits mammifères comme les campagnols, musaraignes, mais aussi de gros insectes capturés en vol, petits oiseaux, petits lézards.
Un Elanion blanc immature dépeçant une musaraigne..
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Un autre Elanion immature dévorant un campagnol. Il fait partie d’une fratrie de trois. Les 2 autres sont posés au-dessus et manifestent leur présence avec des cris, envieux!
Elanion blanc, en train de « plumer » un merle!
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V- La Population et la répartition de l’Elanion blanc
L’Elanion blanc a niché pour la première fois en France en 1990 dans les Landes. Jusqu’alors, seules des observations anecdotiques étaient rapportées. Depuis, sa population n’a fait que grandir dans notre Sud-Ouest et plus récemment en Midi-Pyrénées.
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En 2012 et 2013, entre 110 et 120 couples sont recensés en France dont 75 à 80 % en Aquitaine et 20 % à 25 % en Midi-Pyrénées. Le site « Nature en Occitanie » (voir le lien en fin d’article) propose une étude complète : « Bilan des connaissances de 1990 à 2014, de la colonisation à l’installation, de l’élanion blanc en Midi-Pyrénées ». Je n’ai pas trouvé de statistiques plus récentes.
Bien que très prolifique et en progression, l’Elanion blanc ne présentait encore en 2013 qu’une population européenne limitée, de l’ordre de 2000 individus, et reste donc fragile.
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VI- La concurrence de l’Elanion blanc avec le Faucon crécerelle
L’Elanion blanc pourrait à terme porter préjudice au Faucon crécerelle (Falco tinnunculus), bien installé chez nous : en effet, ils occupent le même territoire et ont le même régime alimentaire.
Le Faucon crécerelle (Falco tinnunculus).
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VII- Bibliographie
Article rédigé le 07 février 2019 à partir de mes photos, de constatations faites sur le terrain et de publications internet, dont :
_ http://www.oiseaux.net/oiseaux/elanion.blanc.html
_ http://www.naturemp.org/Elanion-blanc.html
Un Elanion blanc surveillant une prairie depuis un piquet de clôture.
(cette occasion de proximité est rare pour moi ; l’oiseau n’a pas été dérangé).
En France, il est intégralement protégé et classifié « En danger » sur la Liste Rouge Nationale des Oiseaux Nicheurs
Bonjour Jacques,
Je voulais vous faire part du plaisir que j’ai eu à visionner vos photos ainsi que l’intérêt que j’ai prêté à votre publication concernant l’Elanion Blanc.
Pour tout vous dire, j’habite dans la région et l’année dernière j’ai commencé à voir un très beau petit rapace blanc que je ne reconnaissais pas. J’ai cherché ce que ça pouvait être et avais encore quelques incertitudes jusqu’à ce que je tombe sur votre article qui documente avec précision vos observations très localement. En effet, j’ai observé plusieurs fois un élanion blanc route de La Hagede à Saint Jammes, un autre à 4 ou 5 reprises dans le village de Barinque et encore un troisième une seule fois Chemin de La Plaine à Astis.
En espérant que cela puisse vous intéresser,
Bien cordialement,
J.K.
Bonjour, je trouve votre article remarquable. En effet, j’ai enfin pu mettre un nom sur ce beau petit rapace que j’observe depuis quelques mois dans le sud de la dordogne. Je savais bien que c’était un rapace non commun mais aucun livre en ma possession ne m’aidait dans ma recherche car bien trop ancien. Effectivement c’est un très bel oiseau et très élégant et vos photos sont magnifiques. Merci à vous !
Bonjour, je découvre aujourd’hui votre page et de même que les gens d’avant je peux enfin mettre un nom sur le groupe de 4 oiseaux blancs qui se retrouvent tous les jours dans le pré derrière Ma maison, à Vicq-sur-Gartempe, dans la Vienne(86). Ils sont 4, souvent sur les piquets du pré, volent sur place et plongent pour se nourrir. Ils sont superbes.