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Les zones humides du plateau du Benou

L'entrée du plateau du Benou avec sa forêt de conifères

L’entrée du plateau du Benou avec sa forêt de conifères (des Mélèzes) et les Fontaines de Houndas.

Les Fontaines de Houndas

Les Fontaines de Houndas, avec au premier plan le ruisseau des Serres.

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Le plateau du Benou est l’un des lieux très intéressants pour découvrir dans les Pyrénées en moyenne montagne les milieux aquatiques (ruisseaux, zones humides) et ses espèces associées.

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I- Quelques généralités sur le plateau du Benou

Le plateau du Benou ou tout simplement le Benou est situé sur la route du col de Marie-Blanque reliant la vallée d’Ossau à la vallée d’Aspe. Il est le point de départ de nombreuses balades et randonnées.

L'entrée du plateau du Benou avec les "Fontaines de Houndas"

L’entrée du plateau du Benou avec les « Fontaines de Houndas », depuis les crêtes de Lazerque. En face, le pic du Ger, la vallée d’Ossau, puis les Cinq Monts avec son pic de Gerbe, le Lauriolle, le Mailh Massibé.

Le plateau de Roland depuis les crêtes de Lazerque.

Le plateau de Roland depuis les crêtes de Lazerque. En face, le pic de Gerbe (tout à gauche), le Lauriolle, le Mailh Massibé, le Rocher d’Aran,  l’Ourlénotte et l’Ourlène.

Le plateau est dominé au nord par le massif du Soum de Counée (1 361m) et au sud, par le massif du Pic de l’Ourlène (1 813m). Entre les deux massifs, dans la dépression qui forme le plateau, passe une faille très importante. Elle est constituée de brèches et d’écailles, de terrains variés et de roches basiques intrusives. En géologie, une écaille est comparable à un copeau géant de croûte terrestre coincé dans une faille.

Ce relief n’est pas visible aisément, à part les écailles constituées de roches plus dures émergeant du plateau comme le Turon de la Técouère, un vestige de l’érosion glaciaire.

"écaille" de croûte terrestre coincée dans la faille du plateau du Benou

En contrebas : le Turon de la Técouère (1 067m), « écaille » de croûte terrestre coincée dans la faille du plateau du Benou. Cliché pris depuis le Soum de Counée (1 361m). 

En effet à la fin du Quaternaire, le plateau était recouvert d’un glacier suspendu. L’érosion provoquée par son déplacement a remodelé le paysage : la lherzolite du Turon de la Técouère a résisté et de là vient la présence insolite sur le plateau de ce sommet modeste et très caractéristique ressemblant à une pyramide, culminant à 1 067m (1).

Haut-lieu du pastoralisme ossalois, on peut y admirer ses nombreuses granges ; à l’arrivée des beaux jours, le bétail y évolue en liberté. Avec un beau soleil dominical, beaucoup de gens viennent y pique-niquer ou simplement se promener. Les sonnailles des troupeaux retentissent et rajoutent un petit air de fête, avant la transhumance. La présence de la « Salers » et de la « Gasconne » (dont un très beau taureau) m’a particulièrement interpellé. Ce sont deux races que j’aime particulièrement.

Transhumance de juillet Benou

Transhumance de juillet – Traversée du plateau par le bétail, en direction de Laruns puis des estives d’Ayous.

Transhumance de juillet Benou

Transhumance de juillet – Traversée de la zone de résurgence de l’eau aux « Fontaines de Houndas ».

La transhumance du bétail du plateau du Benou vers l’estive d’Ayous est un grand événement de la vallée d’Ossau et elle déplace beaucoup de monde. Elle a lieu chaque année début juillet.

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II- Une prospection des zones humides du plateau du Benou

Après avoir laissé ma voiture au plateau de Roland (880m d’altitude) au parking prévu à cet effet, je remonte à pied la piste à circulation restreinte pour rejoindre le plateau de la Técouère (890m). A partir de là, on peut prospecter les berges de l’Arriou Tort ainsi que les zones humides environnantes (tourbières, marais, …) jusqu’aux sources du ruisseau au pied du Turon de la Técouère.

Le pic du Ger, depuis le plateau de Roland.

Le pic du Ger, depuis le plateau de Roland.

Je reviens ensuite sur mes pas par la piste jusqu’au plateau de Roland pour localiser et observer les dolines dites de Roland. On peut suivre l’Arriou Tort jusqu’à sa disparition dans des gouffres appelés que l’on appelle des pertes karstiques. Ces pertes se situent au contact entre les argiles glaciaires résultant de l’érosion du glacier et les calcaires mésozoïques (sédiments marins). Certains gouffres sont alimentés, d’autres sont à sec à cette période. L’eau va transiter dans le karst de ces calcaires du Mésosoïque pour réapparaître plus bas dans une zone appelée les Fontaines de Houndas, à l’entrée du plateau (en géologie, un karst est ensemble de réseaux de galeries souterraines, creusées par les eaux, dans les massifs calcaires). Ces résurgences vont donner naissance au ruisseau des Serres, affluent du gave d’Ossau.

Je me déplace ensuite à proximité à proximité de la chapelle de Houndas au bord de la D 294 où il existe un parking également, en face des « Fontaines de Houndas » à l’entrée du plateau. Je continue ma prospection en remontant le ruisseau des Serres vers les sources et les zones humides (bottes indispensables).

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III- Que peut-on observer sur le plateau du Benou

Cela dépend bien sûr de la période de l’année.

C’est la mi-juin et en plus des nombreux odonates (libellules et demoiselles dont l’Agrion de Mercure Coenagrion mercuriale, espèce rare mais bien représentée ici), on peut observer des papillons, quelques éphémères, des larves de trichoptères à fourreau (appelées communément porte-bois), des insectes divers et variés (scarabées, araignées, etc.).

La Tétragnathe étirée

La Tétragnathe étirée (Tetragnatha extensa).

La Thomise variable ou araignée crabe

La Thomise variable ou araignée crabe (Misumena vatia), ici une femelle – Elle peut être également blanche ou vert pâle. Elle adopte la couleur de son support, surtout des fleurs. Le mâle est foncé et plus petit que la femelle. 

Bouvier commun

Bouvier commun.

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Les passereaux sont bien présents, dont le Serin sini et le Bruant jaune, la Pie-grièche écorcheur, la Linotte mélodieuse, le Tarier pâtre.

Tarier pâtre mâle

Tarier pâtre mâle (Saxicola rubicola). 

Bruant jaune mâle

Bruant jaune mâle (Emberiza citrinella).

Le Bruant jaune peut facilement être confondu avec le Bruant zizi (Emberiza cirlus) qui est moins coloré que le premier chez les deux sexes. Le Bruant zizi, chez le mâle, présente une face rayée typique : menton, haut de la gorge et trait sourcilier noirâtres, sourcil jaune.

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C’est également un endroit propice à l’observation des rapaces dont les Vautours fauves, le Percnoptère d’Egypte et la Bondrée apivore.

La Bondrée apivore

La Bondrée apivore, pas du tout farouche ce jour-là (Pernis apivorus).

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Ce site est également important pour la reproduction de la Grenouille rousse (Rana temporaria) dont j’ai pu observer la présence d’un adulte ainsi que de très nombreuses grenouillettes. Aussi des têtards de Crapaud ou Alyte accoucheur (Alytes obstetricans) à un stade bien avancé, ainsi que de nombreux Vairons (Phoxinus phoxinus), un Goujon (qui ne devait pas être seul), le Triton palmé (Lissotriton helveticus), des larves diverses, etc.

Sans oublier le Lézard vivipare de Lantz (Zootoca vivipara louislantzi), dont la présence est très lié aux tourbières où il apprécie les sphaignes. Ce sont des plantes sans fleurs et sans racines qui poussent sous la forme de coussinets qui ne cessent de croître, à l’origine de la formation de la tourbe. Ce lézard est unique en son genre! On ne le trouve que dans nos Pyrénées, le Pays Basque et le massif landais. La Garonne constitue la limite de son extension vers le nord. Ailleurs, on le trouve aussi en Espagne dans les Monts Cantabriques.

Lézard vivipare de Lantz

Lézard vivipare de Lantz

Lézard vivipare de Lantz (très difficile à approcher surtout avec un objectif macro, ces deux clichés sont en fait pris dans une autre tourbière).

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Le plateau est aussi propice pour la flore. J’ai pu observer entre autres le Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata) que je ne connaissais pas, la Linaigrette, la Grassette, etc.

Campanule étalée

Une œdémère noble femelle (Oedemera nobilis), posée sur une Campanule étalée (Campanula patula).

Les orchidées sont présentes également ce jour-là, avec l’Orchis de Fuchs (Dactylorhiza fuchsii) et l’Orchis maculé ou tacheté (Dactylorhiza maculata).

Ces deux orchidées sont facilement confondues et l’identification est parfois problématique. Après l’observation de terrain, je me suis replongé dans mes ouvrages pour contrôler mes critères d’identification de ces deux espèces (sources : « à la découverte des Orchidées d’Aquitaine » et « Les Orchidées de France, Belgique et Luxembourg » – Parthénope Collection). Un bon moyen pour les différencier est l’observation du labelle, situé en bas de la fleur et constitué de trois lobes.

_ chez l’Orchis de Fuchs, le labelle est très fortement trilobé et le lobe médian est pointu et plus long que les latéraux mais de largeur équivalente. S’il y a un doute, on regarde la première feuille à la base du pied qui doit être ronde (non pointue).

Orchis de Fuchs

Orchis de Fuchs, …

Orchis de Fuchs

, de couleurs différentes.

_ chez l’Orchis maculé ou tacheté, le labelle est faiblement trilobé et le lobe médian, lui aussi pointu, est plus étroit que les latéraux et il ne les dépasse pas. A l’inverse de la précédente, la première feuille à la base du pied est pointue.

Orchis maculé ou tacheté.

Orchis maculé ou tacheté, …

Orchis maculé ou tacheté.

Orchis maculé ou tacheté.

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En résumé, le plateau du Benou est très riche en possibilités d’observations diverses.

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IV- Sources bibliographiques

Article rédigé à partir de mes observations et photos personnelles, ainsi que de recherches bibliographiques :

(1) Balades hydrologiques en Aquitaine – Formations karstiques du plateau du Benou : sigesaqi.brgm.fr/IMG/pdf/1-balade_hydrogeologique_benou_-_introduction.pdf

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