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L’été chez les Chevreuils dans le Béarn

29 juillet 2019 – Combat sur la pelouse pendant le rut. Attention au bois dépourvu d’andouiller, c’est une arme « fatale » qui favorise la suprématie de son propriétaire! 

24 juillet 2019 – Les deux faons sur la pelouse, sans leur mère qui est en en chaleurs!

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Le chevreuil est l’un de mes animaux préférés pour sa finesse et son élégance. J’ai l’opportunité de côtoyer régulièrement toute une famille, grâce à la présence d’une pelouse que je laisse en friche. Les bêtes l’ont adoptée et viennent la visiter pour brouter de jeunes pousses d’acacia et autres, pour y faire la sieste et même parfois s’y réfugier. Elles s’occupent aussi activement des fruits du verger. L’article de ce jour leur est destiné.

Contrairement à ce que je pensais dans mon article de mai dernier à leur propos, le maître des lieux de l’an dernier n’est pas resté. Un brocard au trophée atypique (un « tête bizarde ») a fait son apparition à la mi-mars sur la friche ; il ne s’est pas imposé de suite.

Le terme « bizarde » qualifie la tête d’un cervidé qui a des bois irréguliers, mal formés.

Après deux mois de coexistence apparemment pacifique avec son prédécesseur, il règne maintenant en maître absolu et chasse tous les prétendants, du moins jusqu’à la fin du rut. Le précédent occupant des lieux était pourtant une bête massive et robuste et je suis étonné qu’il ait laissé sa place. Je ne l’ai plus revu depuis fin mai.

La chevrette amène sa nouvelle progéniture chez nous pour la troisième année consécutive. Elle s’était momentanément isolée pour mettre bas après avoir délaissé sa dernière fille, née en mai ou juin 2018 et qui devenue une jolie chevrette.

Cette jeune et jolie chevrette, après avoir quitté sa mère début mai, est restée encore quelques jours chez nous avant de disparaître fin mai, en même temps que l’ancien maître des lieux avec qui je l’avais observé à plusieurs reprises. Ils ont migré (ensemble ou non, je n’en sais rien) vers un autre territoire. Ainsi va la vie des chevreuils.

Cette année, la chevrette a deux petits. Ce nombre dépend du poids de la mère comme je l’ai fait remarquer dans un article précédent. Un poids minimum de 20 kg est nécessaire pour porter un futur faon: 20 à 22 kg = 1 faon, 22 à 25 kg = 2 faons. Il arrive qu’une chevrette ait 3 faons dans un milieu particulièrement favorable. Cette année tout comme l’an dernier, je ne sais pas à quel moment exact la chevrette a mis bas. Elle disparaît pendant plusieurs semaines et réapparaît enfin chez nous avec sa progéniture déjà grande, capable de se nourrir seule. Les deux petits nouveaux resteront avec leur mère jusqu’au mois de mai prochain : devenus adultes, ils quitteront aussi leur mère qui s’isolera à nouveau pour mettre bas.

Pour rappel, le jeune chevreuil s’appelle un faon jusqu’à 6 mois (novembre), puis un chevrillard (mâle et femelle) jusqu’à 12 mois (mai suivant). Au-delà, on l’appelle Brocard (mâle) ou Chevrette (femelle).

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Voici quelques moments de vie, immortalisés en photos :

09 juin 2019 : le brocard à tête bizarde est excité ; il marque son territoire contre les intrus. Le rut approche, d’ici un peu plus d’un mois.

Le maître des lieux de l’an dernier a quitté son territoire. Le nouveau locataire marque les arbres en frottant ses bois (on appelle cela un « frottis »), puis il dépose une sécrétion forte qui provient de glandes situées à la base des bois. Il signale ainsi sa présence à ses rivaux et délimite son territoire.

Parfois, de l’herbe reste accrochée à ses bois. Ses oreilles retroussées trahissent son excitation, il ne faut pas venir le déranger.

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10 juin 2019 : le brocard à tête bizarde vient manger des prunes au verger.

Il a toutes ses chances devant un adversaire : un bois sans andouiller et l’autre avec deux andouillers partant de la base.

Les prunes sont encore vertes, mais qu’importe! Il les adore! Il a son beau poil roux d’été. Les pommiers et les pruniers croulent sous le poids des fruits! Pendant tout le mois de juin et une bonne partie de juillet, il sera seul à fréquenter le verger.

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24 juillet 2019 : le rut a commencé depuis une dizaine de jours. C’est la première apparition des deux faons de l’année, sans leur mère. Ils ne sont cependant pas abandonnés. Ils restent pas très loin de leur mère qui ne se montrera pas ce jour-là.

Je me douterai par la suite que la période des chaleurs est déjà terminée pour leur mère.

Les deux faons, ensemble. Celui qui est en retrait, à l’orée du bois, me paraît plus grand.

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29 juillet 2019 : le combat de deux brocards sur notre pelouse.

Le rut a commencé depuis déjà 2 semaines ; çà chauffe aux quatre coins de la pelouse! Le chevreuil de gauche, au trophée modeste, m’est familier. Il avait fait quelques apparitions courant mai, mais il n’était pas resté. Notre brocard à tête bizarde s’est déjà battu à plusieurs reprises ; son pelage est marqué par des « estafilades » mais il tient bon!

« Aïe, ma tête ». Le jeune brocard n’a aucune chance devant la force et le trophée du maître des lieux. Poursuivi inlassablement dans les champs voisins et après quelques rebuffades inutiles, il abandonnera les lieux (après avoir insisté quand même pendant deux jours).

Un faisan Obscur! Les graminées et les cachettes dans les hautes herbes attirent du monde!

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30 juillet 2019 : le brocard à tête bizarde ne fait que passer ; il fait un tour de garde sous la pluie. Son concurrent est toujours dans le secteur.

Tour de garde sous la pluie. Quelques estafilades apparaissent sur le dos. Une petite plaie sur la partie droite de son poitrail, invisible sur ce cliché, va rapidement guérir.  

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30 juillet 2019 : le brocard à tête bizarde fait une longue visite au verger. Il est un peu plus serein sur ces clichés, mais la période du rut n’est pas encore terminée.

Quelques clichés du brocard que j’aime bien, pris sous une belle lumière tardive et au travers de la végétation. On y voit bien la particularité de ses deux bois.

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30 juillet 2019 : Surprise! La chevrette réapparaît enfin! Elle vient faire un tour au verger avec ses deux faons. Ses chaleurs sont bien terminées ; elle a été probablement fécondée depuis plusieurs jours, peut-être même au début du rut. Elle est à nouveau libre pour sa progéniture. Je ne l’avais pas revue depuis un moment.

Le brocard n’a plus à solliciter la chevrette, mais ses hormones vont le travailler pour quelques jours encore.

 Coucou!

Ils sont intéressés par les prunes! 

Le faon à l’arrière-plan est manifestement un peu plus grand.

…, par les pommes aussi.

Pommes, prunes, feuilles, tout intéresse le plus petit des faons.

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31 juillet 2019 : La chevrette vient faire un tour au verger avec sa progéniture. Elle reprend sa vie normale.

La visite ne dure jamais bien longtemps!

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07 août 2019 : La chevrette fait une apparition tardive au verger avec ses deux faons.

Les faons restent discrets.

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11 août 2019 : visite du brocard à tête bizarde et de la chevrette seule, sous la pluie.

Le mâle, encore un peu excité.

Le rut tire à sa fin! L’excitation retombe chez notre brocard et la pelouse retrouve sa quiétude. Il va bientôt abandonner son comportement territorial. Quelques instants après ce cliché, il frotte quand même encore les glandes de son front au feuillage d’un chêne des marais (ce que l’on appelle un frottis) puis effectue un grattis, c’est-à-dire qu’il va encore marquer son territoire en grattant le sol qu’il imprègne de l’odeur de ses glandes pédieuses (glandes des pieds). Le tout est appelé un régalis. Il va ensuite se coucher tranquillement dans l’herbe pour se reposer sur sa « couchette » pendant plus d’une heure, les sens toujours aux aguets. C’est « Le repos du guerrier ».

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La chevrette sort du bois, seule. Les faons ont commencé à prendre un peu d’indépendance ; ils ne restent plus systématiquement près de leur mère. Toutefois, elle ne s’éloigne pas sans eux.

La chevrette a réinvesti les lieux. Elle a sans doute été « couverte » par le brocard à tête bizarde : c’est un moment particulier où les faons sont capables de se nourrir et sont laissés seuls. Maintenant, les deux faons vont rester avec leur mère à plein temps jusqu’au printemps suivant ; ils ne sont pas tirés d’affaire et ne le seront en fait jamais.

Comments ( 2 )

  • Blacher says:

    Bonjour Jacques
    Superbes photos !
    Sont-ils chassés ? j’ai déjà lu des polémiques à cause de chasseurs en groupe (chasse à courre en particulier) qui n’hésitent pas à entrer jusque dans les propriétés privées pour poursuivre leur gibier.

  • Jacques says:

    Ils sont en effet susceptibles d’être chassés, mais pas chez moi ou dans les environnements immédiats. Dans ma région, les chasseurs ont un comportement responsable et aimable que j’ai régulièrement l’occasion de constater quand je parcours les bois et les chemins pour faire de la photo animalière. Je n’ai aucun problème pour échanger avec eux. La question de la chasse en elle-même est bien sûr un autre débat. Hé hé, je ne veux surtout pas l’aborder sur ce blog et dans la vie de tous les jours, je ne le fais que quand il y a un dialogue possible, que ce soit avec les chasseurs ou avec les anti-chasse.

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